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Réforme des lycées : Sarkozy plie pour ne pas rompre

Publié le 16 décembre 2008 par Hmoreigne

Le navire présidentiel prend l’eau. Dans la tempête le capitaine Sarkozy a choisi de réduire la voilure. Le temps est au compromis. La réforme des lycées est ajournée et les dispositions législatives sur le travail dominical réduites à une légalisation de l’existant. Sarko plie pour ne pas rompre.

Difficile retour sur la scène intérieure pour celui qui, il y a quelques mois, par presse interposée voulait donner l’image de maître du monde. La France semble aujourd’hui resombrer dans ses vieux travers fidèle à son image de pays décrié comme ingouvernable. La poigne et le volontarisme de Nicolas Sarkozy devait par un réformisme tous azimuts remettre le pays sur les rails. A moins de deux ans pourtant de l’anniversaire de son élection la rupture annonçée est au rendez-vous mais, entre les Français et leur président. Comment faute d’adhésion populaire conduire des réformes qui ne soient à chaque fois vécues comme une occasion de défier le pouvoir en place ? C’est le défi auquel est désormais confronté Nicolas Sarkozy.

« Si tu n’avances, pas tu recules ; si tu recules, tu meurs ». Au poker menteur, Nicolas Sarkozy a dévoilé un jeu sans atout majeur et surtout plombé par la peur de la jeunesse et de la rue. Humant cette faiblesse à demi-avouée l’opposition au président, loin de se calmer, risque de s’enivrer. Pour éviter toute dérive, le pouvoir après avoir fait des concessions devra, à un moment ou un autre, borner par un acte d’autorité les limites de son retrait.

Le doute, maladie contagieuse, risque de s’étendre à l’ensemble du gouvernement. Xavier Darcos, le hussard noir du président, contre toute attente et toute promesse, se trouve lâché, désavoué de fait, même s’il s’en défend en fidéle grognard. L’épisode n’aura pas échappé à ses collègues ministres qui devraient y gagner une nouvelle frilosité.

Lundi sur Europe 1, le ministre de l’Education qui proclamait quelques jours plus tôt qu’il ne serait pas « le ministre de l’hésitation » a tenté d’exonérer Nicolas Sarkozy  de la reculade. « C’est une décision que j’ai prise moi-même, que j’ai mûrement concertée pendant le week-end, mais évidemment j’ai consulté plusieurs fois le président de la République lui-même avec qui j’ai eu plusieurs entretiens pour qu’il me donne son accord ». A l’inverse, selon Le Figaro, l’Elysée serait intervenu pour demander au ministre de calmer le jeu, jugeant nécessaire « d’approfondir le travail d’explication sur le lycée ».

Là où on réalise qu’une faille s’est ouverte sous l’Elysée, c’est quand Xavier Darcos ajoute « Nous avons trouvé qu’il était convenable de faire ainsi, tout simplement parce qu’objectivement le climat ne se prête pas à avancer sereinement sur une réforme qui est pourtant tout à fait nécessaire ». La justification, applicable à toute réforme, est recevable. Justement un peu trop. Elle constitue une porte ouverte, une bréche à ce que Nicolas Sarkozy a toujours craint plus que tout. Une chiraquisation de son mandat.


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