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La diplomatie culturelle française en déshérence

Publié le 20 décembre 2008 par Infoguerre

Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS et auteur, en 2007, de Demain la francophonie, revient sur la notion d’influence culturelle en publiant un texte au titre accrocheur : « la France brade son réseau culturel à l’étranger ».  

« A l’heure de la mondialisation, la France doit mener une grande politique offensive. Non plus en termes de puissance, mais d’influence, et cette dernière réside dans sa capacité à agir sur la culture, l’art, la science et la communication. Or c’est au moment où la mondialisation nous rend indirectement hommage et nous permet d avoir un retour sur investissement - c’est-à-dire de valoriser ce que notre réseau culturel à l’étranger a réalisé depuis un siècle - qu’on réduit fortement la voilure! ».

Tout en étant critique, D. Wolton est force de proposition en souhaitant « valoriser toutes ces femmes et tous ces hommes - plus de 2.000 personnes - qui assurent la présence française à l’étranger et qui possèdent une expérience extraordinaire, totalement négligée ». De même, « la France finance près de 80 % de la francophonie en restant entravée par une culpabilité coloniale qui ne correspond plus à rien. Nous devons mieux assumer notre rôle et passer à ce que j’appelle la « franco-sphère ». Le français doit être non seulement une langue culturelle et politique, mais aussi la langue pour les affaires, les sciences ou les industries de la connaissance. Bref, une langue de la modernité ». 

Des propos qui font malheureusement échos à ceux d’Alexis Bautzmann, fondateur du groupe de presse Areion, lors du séminaire de recherche du 3 décembre 2008 organisé par l’Ecole de guerre économique et intitulé : Les intérêts de la France peuvent-ils s’émanciper de la tutelle américaine ? (de la 99ème à la 103ème minute).  

Alexis Bautzmann revenait sur un audit que lui avait confié, il y a quelques années, le Ministère des affaires étrangères concernant notre diplomatie culturelle en Asie du Sud-Est. Selon lui, alors que les Espagnols, les Anglais, les Australiens et les Allemands font de la promotion pour attirer les foules à leurs spectacles, les instances diplomatiques françaises dans la région partent du principe que « nécessairement la culture française est la meilleure ». Or, bien que légitime pour notre pays, la diplomatie culturelle française connaît une efficacité « lamentable » car il est difficile pour nous de sortir d’une rhétorique gaullienne tintée d’autosuffisance. Pour A. Bautzmann, la réalité est impitoyable : « on n’existe pas ». « En Asie du Sud-Est, la France est progressivement éliminé en termes d’influence » alors que « l’Australie est une puissance qui compte ». Des propos qui font réfléchir et doivent pousser à agir, même si l’auteur se doute que le rapport « a du finir sous une armoire normande ».

AR


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