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Antonio Lobo Antunes – livres de chroniques volume I, II, III

Publié le 20 décembre 2008 par Castor
C’est impressionnant comme le fado peut immédiatement plonger l’auditeur dans un état de profonde mélancolie. Il en est de même pour ces courtes nouvelles et chroniques des trois recueils d’Antonio Lobo Antunes.
L’évocation du passé est la matière première principale de ces ouvrages : une journée de carnaval, les fêtes foraines, l’évocation de son grand-père sourd, des voisins, de ses tantes bigotes, la peur de vieillir, le temps qui passe, la solitude des autres, la sienne.
On devine que certaines de ces chroniques font appel aux souvenirs d’enfance de l’auteur, d’autres sont directement inspirées par son environnement mêlé à l’imagination de Lobo Antunes. Tout à tour, l’auteur rêve, songe, se rappelle des amis perdus, s’attendrit, se moque gentiment.
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Parues chaque semaine dans un grand quotidien de Lisbonne, ces « fables et paraboles qui ont les propriétés et les charmes des maquettes d'un édifice, en ce sens qu'elles nous permettent d'apprécier sous d'autres angles l'œuvre et le talent du grand romancier » (présentation de l'éditeur) décrivent avec ironie, humour et tendresse notre quotidien et ses petits riens.
Elles
Il est difficile d’isoler un de ces 3 volumes tant ils forment un ensemble à la fois disparate et cohérent. C’est à peine si, arrivé à la fin du 3ème volume, on commence à entrevoir les ficelles : répétitions de certaines formules, évocations récurrentes de certains souvenirs (Sandokan, …).

J’ai dévoré chacun de ces textes avec gourmandise, en dégustant avec délectation chaque phrase, en savourant chaque mot. J’ai même soûlé mon entourage en leur lisant à voix haute des passages annotés.
Non, ne bougez pas, restez encore un peu. Vous n’y échapperez pas. Ecoutez : « (…) j’ai de nouveau retrouvé l’odeur et les bruits de l’hôpital, cette lumière de gaze blanche dans laquelle les infirmières glissent comme des cygnes et qui m’exaltait du temps où j’étais interne, ce silence caoutchouteux, ces éclats métalliques, ces gens qui parlent à voix basse comme dans une église, cette solidarité de la tristesse au fond des salles d’attente, ces couloirs interminables, ce rituel terrifiant de solennité auquel j’assiste avec un sourire tremblant dont je me sers comme d’une canne, courage postiche qui dissimule mal la peur ».
Allez, restez encore un peu. Lorsqu’il se balade dans une fête foraine, il décrit : « Outre ces étudiants que personne ne fusille à mon grand étonnement, des essaims de Claudia adolescentes, les doigts chargés de bagues de pacotille, embrassent leur petit copain à queue de cheval dans une ardeur gluante de frite et de graisse de poulet. Pas un Romeo sans tatouage, ni boucle d’oreille, pas un qui ne réponde à la tendresse de sa Claudia respective par des coups de coude et des heurts voluptueux, qu’elles récompensent par un redoublement de papouilles luisantes de margarine ».
Bon, je ne vais pas citer le contenu de chacun des 3 livres de chroniques ainsi, juste vous donner un précieux conseil : lisez les !

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