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Paris is Hell

Publié le 21 décembre 2008 par Magda

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L’écrivain française Lolita Pille.

Lolita Pille. Cette fille jolie, pimbêche, qui écrit des trucs dans Jalouse, pose dans Jalouse, est toujours superbement habillée dans Jalouse, bref, me rendrait jalouse, si son roman Hell avait été, par-dessus le marché, un chef-d’oeuvre. 

Ce n’est pas un chef-d’oeuvre, même si Hell, ce roman dont tout le monde a entendu parler, à moins d’être Ingrid Bétancourt peut-être, et d’avoir eu d’autres chats à fouetter pendant quelques bonnes années… même si Hell, donc, se laisse bouquiner. 

On a envie de lui mettre des claques, à la miss Lolita, on a envie de lui faire valdinguer sa plume qui use et abuse de mots savants et intellos, et de lui faire ravaler son style à la BHL parfumée Coco Mademoiselle, voyez. Plus parisienne que Lolita Pille (écrivain à 19 ans, snob à mourir à 26 ans), cela n’existe que dans un dessin de Kiraz. Lolita Pille EST Paris, du moins une facette de Paris qui renie ses centres d’accueils pour immigrés clandestins de Belleville, ses soupes populaires au Père Lachaise et ses sièges anti-clochards dans le métro. Lolita Pille EST la minette à frange du 11e, le jeune à mèche du 6e, la bobo à vespa, la princesse en vison, la rue Montaigne, et un rayon Taschen à elle toute seule. Snob, horriblement snob, snobissime, à tel point que moi, adepte fanatique du snobisme littéraire, j’en ai pourtant eu le coeur soulevé. 

Hell nous parle d’une gamine très riche de Paris, qui aime, en gros : la baise, la coke, les boîtes de nuit, mais aussi, et c’est en cela qu’elle est différente, la littérature. Elle est blasée à 17 ans. C’était sans compter sur une rencontre avec son acolyte masculin, qui aime les mêmes choses qu’elles, avec une spécialité de plus : faire souffrir à mort son entourage. Tout cela aurait pu faire une intrigue intrigante, si la miss Pille avait pris la peine de nous rendre son personnage attachant, et de nous épargner les longues séries de name-dropping de marques de luxe. Le ton employé, volontairement hautain, est censé nous provoquer, pauvres lecteurs qui ne payons pas l’ISF, afin de réveiller nos consciences endormies par les fluctuations de notre pouvoir d’achat. Sauf que cela ne prend pas une seconde. La maîtrise n’est pas là : la plume au vitriol n’est pas donnée à tous les auteurs ; n’est pas Desproges qui veut. On a hâte de se débarrasser de ces personnages hautement antipathiques et inconsistants. L’impression glauque de se balader dans un carré VIP désert, à la fermeture d’une boîte de nuit, reste toutefois persistante après avoir fermé le bouquin

Si le fait d’écrire sur le néant absolu que représente ce petit monde fermé et luxueux qui hante Paris n’a pas changé Lolita Pille, alors qu’elle recherchait visiblement un exorcisme, qu’en sera-t-il pour le lecteur? Comment pourrait-il ressentir la moindre émotion véritable face à une telle enfilade de conventions littéraires? Lolita Pille sait écrire, indéniablement. Dommage que sa plume soit antipathique. Il y a quelques mois, dans Jalouse, je lisais un petit texte qu’elle avait écrit pour le magazine, qui me prouva que son talent allait décroissant, bouffé par l’obsession modeuse de circuler en circuit fermé, et de sembler incompréhensiblement moderne et libérée, aux yeux du commun des mortels.

  

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