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Le Chant Des Mariées - Un film de Karin Albou

Publié le 21 décembre 2008 par Kilucru

LE CHANT DES MARIEES
Un film de Karin Albou
Avec Lizzie Brocheré,
Olympe Borval,
Najib Oudghiri,
Simon Abkarian,
Karin Albou
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Résumé
Tunis, 1942. Nour et Myriam, 16 ans, sont amies depuis l’enfance. Elles partagent la même maison d’un quartier modeste où Juifs et Musulmans vivent en harmonie.
Nour (Olympe Borval) est musulmane, Myriam (Lizzie Brocheré) est juive, (Myriam va à l'école tandis que Nour aide à la maison). Chacune rêve secrètement de la vie de l'autre : Myriam envie les fiançailles de son amie avec Khaled(Najib Oudghiri) , Nour aimerait apprendre à lire et regrette de ne pas aller à l’école comme son amie, Myriam qui rêve d’amour. Elle envie les fiançailles de Nour avec son cousin Khaled, sorte de fantasme partagé de prince charmant. Malheureusement, Khaled ne trouve pas de travail.
En 1942, lorsque l'armée allemande pénètre dans Tunis, l'amitié des jeunes filles s'érode petit à petit. Les allemands, à coup de tracts diffamatoires, tentent de monter les communautés l'une contre l'autre et soutiennent les musulmans contre « l'ennemi juif ». Poursuivant la politique de Vichy, les Nazis soumettent la communauté juive à une lourde amende. Tita(Karin Albou), la mère de Myriam n’a plus le droit de travailler, criblée de dettes, elle décide de marier sa fille à un riche médecin,Raoul (Simon Abkarian). Myriam voit d’un seul coup ses rêves d’amour s’évanouir...Khaled, contraint de travailler pour avoir le droit de se marier accepte de travailler pour la kommandantur...
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Le Chant des Mariées. Deux fillettes jouent dans la cour d’une maison de Tunisie, tour à tour elles se coiffent d’un voile blanc et chantonnent une chanson où il est question d’amour et de prince charmant.
Leur amitié est forte, consolidée au fil des ans, les années de guerre et l’occupation par l’armée allemande de ce protectorat qu’est alors la Tunisie va sérieusement mettre à mal leur affection mutuelle.
Deux vies, nouées d’abord, semblables dans l’enfance, qui dés l’heure des premiers frissons commencent déjà à s’éloigner, plus qu’une religion différente, le privilège crée l’envie, et l’incompréhension plutôt que la jalousie pourtant.
« -Pourquoi tu vas à l’école et moi j’y vais pas ? Pourquoi je porte le voile et toi tu ne le portes pas ? Pourquoi tu sors dehors sans qu’on te fasse une remarque ? »
Ces mots dans la bouche de Nour traduise toute sa frustration, mais c’est pourtant Myriam qui sur l’autel du mariage, contrainte par sa mère, forcée par la politique anti-juifs mise en place sacrifiera son rêve du bel amour.
Séparé par un océan d’incompréhension, Nour aveuglé par son amour pour Khaled, aiguillé par ce dernier s’égare dans une mauvaise interprétation du Coran ( il faudra la lumière des anciens pour éclairer d’un jour nouveau sa précédente lecture..), Myriam suit le rituel qui la prépare au mariage .
Le chemin des deux fillettes, devenues jeunes femmes se croisera il à nouveau.. Leur destin est il encore compatible?
Le choix, certainement imposé par un budget réduit de limiter l’action et les lieux, loin de desservir le film lui confère une patine toute particulière. Enchevêtrement sur plusieurs niveaux, de la cour où enfants jouaient les deux fillettes, jusqu’aux terrasses des toits, là où Nour connaitra ses premiers émois sensuels et sexuels. Ruelles où résonnent le bruit menaçant des bottes, ainsi de ce quai de gare, grisâtre, où brillent les rails noyés sous la pluie et train en partance pour le grand nulle part.
Littéralement, ce film irradie d’une sensualité toute féminine, cette impression qui s’élève du hammam en même temps que les volutes de vapeurs. La douce et tendre amitié qui unie les deux filles, dans ce monde où l’homme règne, l’épaule amie est indispensable. Une symbolique aussi se dégage lors des préparatifs à la cérémonie, l’homme te cueillera comme au premier jour de ta naissance semble-t-elle dire ! Karin Albou filme avec justesse sans pruderie mais avec tendresse, le soin apporté à l’image témoigne de sa considération pour ces jeunes filles.
La réalisatrice nous éclaire aussi sur une part d’histoire, française et tunisienne confondues, bien souvent ignorée au cinéma.
Le départ des trains, sous la pluie, se fait sous un déluge sonore interprété par Nina Hagen *, voix grondante en allemand, furieusement punky ,comme en une cathédrale, implorant peut-être ce qui ne peut être pardonné ! Nullement déplacé comme certains semblent le penser !
*Si vous connaissez le titre et l'album dont est extrait ce morceau..merci d'avance
Au final une sublime histoire d'amitié et de tendresse féminine, et Karin Albou confirme le talent révélé par son premier film ,"La petite Jérusalem !
Divergences ".. Le Chant des mariées , film des déchirements et des violences, est aussi un film intimiste. C’est une porte qui s’ouvre sur l’univers secret de deux adolescentes, mais également des mères et des femmes en général..."
Excessif.Com "..Tous ces thèmes mêlés avec retenue et finesse font de ce film un objet magnifique. Bizarrement, on a l'impression de redécouvrir la période. Aux antipodes du déjà-vu, Karin Albou cultive l'ambiguïté de personnages dont aucun n'est parfait, et brosse un joli portrait de ces femmes, enfermées dans une société aux accents féodaux..."
CommeAuCinema.Com "..Karin Albou dénonce aussi le poids du carcan religieux dans la vie de ces deux jeunes filles. Nour, peu instruite, se fait manipuler et doit adopter la façon de penser de son fiancé, d’autant plus qu’elle n’est plus vierge et qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus d’elle. Myriam est mariée de force, pour sauver sa famille de la misère. Les destins des deux héroïnes sont entre les mains de leurs familles. Elles n’ont pas leur mot à dire. On ressent, dans l’énergie que met Myriam dans sa résistance à cette vie non désirée, la même fougue que Karin Albou déploie pour défendre le droit de choix et la liberté des femmes.
Mais il s’agit aussi de deux jeunes filles qui découvrent la sensualité, dans un environnement difficile, où elles ne peuvent s’exprimer clairement et sont au contraire brimées. Un film à fleur de peau, au sens propre et figuré..."

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