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C'et ma crise, c'est ma très grande crise

Publié le 22 décembre 2008 par Collectifnrv

Lorsqu'un peuple sera capable de bien choisir son leader,

il sera mûr pour comprendre qu'il n'en a plus besoin.

The big Somewhere

Robert TH. Humbley

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Avant la guerre, je veux dire la guerre contre le Roi de Prusse, le discours culpabilisant du pouvoir, c'était plutôt : "Tu es pauvre et faible parce que tu n'as pas assez adoré Dieu, parce que tu as péché. Dieu, dans son immense sagesse, a fait s'abattre sur toi et tes enfants guerres, famines, viols, pillages et épidémies. Mais rassure-toi, si tu te repens, ton Dieu ne t'oubliera pas quand tu le rejoindras dans son Royaume."

Et les pauvres continuaient de trimer sang et eau pour leurs prélats, leurs souverains ou leurs seigneurs.

Mais au moins, de temps en temps, ils se prenaient une vraie bouffée de colère et, comme ils n'avaient pas grand chose à perdre, ils foutaient allègrement tout en l'air avec une rage joyeuse et appliquée.

Aujourd'hui, les prêtres du Divin Marché ont un agenda beaucoup trop chargé pour avoir le temps de s'adresser directement à ceux qui n'ont rien. Ils prêchent par voix de presse, de radio et de télévision à des fidèles qui ont, au moins, les moyen d'acheter un journal, une radio ou une télévision – même parfois à écran plat (écrans plats qui, entre-nous soit dit, ont au moins le mérite de faire enfin coïncider le fond et la forme).

Et que nous disent-ils ?

"C'est ta crise, c'est ta très grande crise, Elle était inévitable, inéluctable et c'est toi, petit presque pauvre qui l'a provoquée en adorant le veau d'or du crédit à tout va, à tout prix, à tous taux, à tous risques ! Mais rassure-toi, fidèle disciple de la Con-Sommation (consomme et tu existeras) cette crise par toi survenue sera bénéfique. Comme la Sainte Apocalypse financière et économique va tout balayer pour qu'enfin, les justes d'entre les justes, ceux qui avaient su garder "du cash" (frère Minc-sic) rebâtissent sur les ruines de l'ancienne Sodome-city la Ghomorrapolis de demain, plus jeune, plus propre, plus hypertechnologisifiée, hyperflufinancierdifiée. En attendant, si tu veux garder ton job, tiens toi à carreau, passeque des comme toi, y en a 10 000 qui attendent devant ma porte tous les matins et, si tu ne veux pas perdre le peu que je t'ai laissé, confie-moi ton argent, confie-moi ton avenir professionnel, confie-moi l'avenir de tes enfants et de la planète et, surtout, LAISSE MOI RÉFORMER EN PAIX POUR LE BIEN DE CEUX QUI VALENT VRAIMENT QUELQUE CHOSE ! NOM D'UN PETIT BONHOMME (que je suis). C'est la CRISE, tu comprends, alors j'ai d'autres chats à nourrir plus importants que toi."

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Oui, la crise a toujours bon dos. Et toujours le même, celui des moins armés, ployés sous le poids de l'injustice érigée en régulateur de l'unique organisation viable des sociètés humaines : The Divine Market. A croire que le capitaliste se fabrique régulièrement une bonne petite crise comme un bourgeois gros bouffeur se met à la diète une fois par an pour bien se nettoyer les conduits corporels avant de recommencer à baffrer comme quatre cents de ses employés. On fout tout en l'air et après, on reconstruit comme on l'entend. Notre vie, c'est leur cité de HLM en barres. On ne s'en occupe pas et, quand ça commence à craindre un peu trop, on rase, on se spécule la parcelle au passage et on rebâtit. En général du Bouygues ou du Vinci avec emplacement réservé pour Edouard L. grand mailleur du réseau social par le maxi-commerce de méga-proximité par voie d'automobiles à pétrole.

Le monde va mal, le système financier va mal, l'éducation va mal, la recherche va mal, la démocratie va mal, vous avez énervé cui-cui et, moi-même, je ne me sens pas très bien alors même que le système de santé, c'est de moins en moins ça.

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Alors, on fait quoi ? On attend en regardant le sablier de nos vies et de nos utopies glisser doucement vers le fond grain après grain? On regarde la télé pour s'assurer qu'il y en a toujours de plus malheureux que nous ? On s'essaye encore à acheter quelques trucs pour vérifier qu'on est bien vivants ?

Ou bien on fait comme les lycéens viennent de le faire, des mouvements "spontanés", sans leader identifié avec qui le pouvoir pourrait discuter pour endormir le mouvement ?

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Imaginons un instant que tous ceux qui en ont ras le bol descendent une bonne fois dans la rue, sans motif particulier si ce n'est celui, chacun à son niveau, chacun pour ses raisons (emploi, gamin abattu par la police, sans-papier défenestré, baisse du pouvoir des chats, vulgarité du chef de l'état, suppressions de postes dans les lycées, procès d'intentions de nuire à l'Etat fait aux "ultra-gauchistes" planteurs de tomates du Limousin, privatisation de la poste, mal-logement, désir de paix, envie de rencontrer enfin du monde, SDF morts de froid, oeil pour oeil, doigt pour doigt dans le fondement du droit moral d'un journaliste… liste non-exhaustive à compléter dans les coms ) avec pour seule cohérence de ce "vastemouvementderevendication" que toutes ces révoltes ont lieu dans les coeurs au même moment, c'est a dire, à mon avis, à peu près quotidiennement et plusieurs fois par jour.

Pourquoi faudrait-il qu'il y ait un corporatisme de la révolte ? Pourquoi ne pourrait-on pas se révolter en même temps pour des raisons différentes ?

L'important n'est-il pas d'appliquer ce droit et ce devoir inaliénable du peuple : le devoir d'insurrection inscrit dans la Constitution du 24 Juin 1993, dite "constitution de l'an I":

"Article 33. - La résistance à l'oppression est la conséquence des autres Droits de l'homme.

Article 34. - Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

Article 35. - Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

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Arrêtons de croire que, parce que les flics de l'Etat y péta-paradent en roulant de la sirène et des mécaniques, la rue est à l'Etat qui voudrait bien nous la "prêter" pour aller faire nos courses et tous nos petits besoins de la vie quotidienne. LA RUE N'EST PAS A EUX, LA RUE EST À NOUS, IL EST TEMPS DE LA RENDRE A CEUX QUI Y SOUFFRENT, Y TRAVAILLENT, Y ESPÈRENT, Y DORMENT et Y CREVENT. Et, soit dit en passant, le Président de la République n'est jamais que notre employé, pas notre Président Directeur (de consciences) Général.

Le scandale politico-financier est aujourd'hui général, répondons-y par une grève tout aussi générale, bruyante, joyeuse, spontanée et incontrôlable.

Quelques exemples

-Chaque achat est un vote – faisons la grève des achats stupides, inutiles, polluants.

-Chaque vote est une compromission – faisons la grève des votes

-Les trains de la SNCF sont chers, jamais à l'heure, les tarifs sont aux limites de la légalité, les avions polluent en masse, les camps pour touristes au milieu de la misère sont une atteinte à la raison et une insulte à l'intelligence – faisons la grève des séjours/vacances débiles.

-La police outrepasse ses droits sur les citoyens et est inefficace en matière de prévention de la délinquance – faisons la grève de la présentation de papiers ou, mieux, portons plainte contre la police chaque fois qu'on est importuné par elle.

Liste non exhaustive non-plus. Toutes les idées sont les bienvenues en com.

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BOB

(Photos Yannick FORTIN)



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