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TRAVAIL... DIMANCHE... bis

Publié le 21 décembre 2008 par Laporteplume
Rencontré Jérôme à La Strasbourgeoise, face à la gare de l’Est, le trop court instant d’un voisinage de déjeuner entre deux trains. Il m’adresse un très intéressant commentaire à propos de mon billet consacré au travail du dimanche (16 décembre). En réponse, précisions :
D’abord : donner son avis est toujours être partisan. C’est donner sa conviction, prendre son parti d’une position ou d’une action consécutive à réflexion. Mais sans, pour autant, être encarté dans un parti (ou encadré dans…). Mon seul parti : celui du respect de l’autre !
Ensuite : enfant d’ouvriers (de filature) et ouvrier moi-même durant quelques années (en hôtellerie et conserverie, entre autres) afin de financer mes études de philosophie et psychologie, j’ai eu tout le loisir d’observer la « bienveillance » d’une large majorité de chefs d’entreprises et d’en recueillir les « fruits ». Ensuite, cadre de direction dans les services, puis l’industrie (Union Carbide Corporation –on se souvient de Bophal !), et l’agriculture, j’ai pu, de l’intérieur, évaluer les intentions des tenants du pouvoir économique (politique aussi souvent) et repérer avec précision leurs valeurs essentielles. Enfin, une loi, me semble-t-il, ne saurait être valablement fondée sur une exception. Or, le député auteur de ce projet, n’appuie sa proposition que sur la nécessité de donner un cadre légal aux entorses au droit du travail pratiquées sur une très importante zone commerciale de France située au cœur de sa circonscription. Certes, certaines situations d’urgence, de nécessité ou d’intérêt général, imposent le travail du dimanche (services de santé et de secours, veille énergie, transport, presse…). Mais elles sont exceptionnelles ! Vendre des chaussettes, des voitures, des téléphones portables, des téléviseurs à écran plasma ou des boîtes de sardines n’a jamais eu ce caractère, ne l’aura jamais. La crise ? La crise ! Une maladie grave de notre classe politique actuelle (toutes tendances confondues) est la réaction immédiate, spectaculaire et de portée générale à un accident particulier qui nécessiterait l’analyse approfondie. Sous prétexte qu’un automobiliste en état d’ébriété provoque une catastrophe, va-t-on interdire totalement la vente de vin dans le pays ? Sous prétexte qu’un autre automobiliste aura fait des victimes à cause d’un excès de vitesse, doit-on brider tous les véhicules (ou leurs conducteurs) ? Sous prétexte qu’une fin de vie se passe mal, sera-t-on autorisé à donner la mort d’une manière habituelle dès lors que le cadre réglementaire (lequel ?) semble respecté ? Le désir de quelques individus qui souhaitent arrondir leurs fins de mois en travaillant le dimanche est-il suffisant pour permettre (imposer !) ce choix ( ?) à toutes et à tous ? Et, sous prétexte que, dans certaines régions, à certaines époques, et pour certaines variétés, les pesticides sont nécessaires à l’agriculture, devons-nous permettre que leur usage (donc leur commerce) soit possible partout et toujours ? Légiférer à la va-vite à partir de cas particuliers et sous la pression de parties intéressées produit inévitablement à terme des effets nocifs, voire contraires à ceux recherchés. Aligner l’ensemble de la population d’un pays sur des faiblesses particulières, c’est affaiblir le pays lui-même ! Contourner les valeurs de référence d’une société par des accommodements de circonstance, c’est rejeter, souvent de manière définitive, ces valeurs fondatrices, et… créer du désordre dans les têtes (puis dans la rue !)
Il ne s’agit plus, alors, d’ « art de gouverner », mais de fuite en avant.
Bien sûr, en oubliant la notion d’intérêt général, on peut le faire !
Mais les conséquences de ces décisions seront à assumer demain et… pour longtemps !
Il nous faut en être conscients.

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