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Mantegna le surdoué

Publié le 22 décembre 2008 par Fuligineuse

Andrea Mantegna (1431-1506) était un surdoué. Il donne l’impression de débarquer dans la peinture, en cette seconde moitié du 15e siècle, muni de tous ses talents d’artiste comme Athéna sortie toute armée de la tête de Zeus. Il n’y a qu’à avoir ses tableaux de jeunesse comme le Saint Marc ou le Saint Jérôme dans le désert (ci-dessous - tout au début de l’exposition), œuvres réalisées avant qu’il ait atteint l’âge de vingt ans et qui témoignent déjà d’une maîtrise stupéfiante.

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Le musée du Louvre consacre, pour la première fois en France, une importante rétrospective à Andrea Mantegna (1431-1506), le principal représentant des idées de la Renaissance en Italie du Nord, dont la carrière s'est déroulée entre Padoue et Mantoue durant la seconde moitié du XVème siècle. L’exposition s’attache à montrer, à travers des peintures, mais aussi des dessins, des gravures, des manuscrits et des sculptures, le parcours de cette figure d'exception, les influences qui ont compté pour lui et l'ascendant qu'à son tour il a exercé sur plusieurs générations d'artistes.

Andrea Mantegna n’était pas un artiste maudit. Dès ses débuts, il a eu du succès, des commandes, une réputation. Il a épousé la sœur de Giovanni Bellini qui était l’un des peintres les plus célèbres alors : autant dire qu’il faisait partie de la jet-set. Le marquis de Mantoue, Louis III de Gonzague, lui a fait un pont d’or pour qu’il travaille à son service. Le pape Innocent VIII lui a commandé des fresques pour le Vatican. Revenu à Mantoue, il a été le protégé de la nouvelle marquise de Mantoue, Isabelle d’Este.
Andrea Mantegna pourrait aussi être répertorié dans la liste personnelle dont je parlais l’autre jour (à propos de Nolde), des peintres qui ont une prédilection (que je partage) pour la couleur rouge. Ainsi dans le panneau intitulé La Mort de la Vierge, le personnage central – que je n’ai pas pu identifier et qui doit être un des Apôtres – porte un vêtement rouge vif.

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J’aime aussi le goût du détail réaliste qui se manifeste dans quantité de ses tableaux (comme mon collègue Valclair qui pointe les « lapins facétieux » courant sur le chemin du Mont des Oliviers). Dans le même ordre d’idées, le Saint Jérôme dans le désert précité montre au premier plan les sandales abandonnées par Jérôme à la sortie de sa grotte, ce qui prouve que les tongs étaient déjà à la mode en ce temps-là… ou encore la coloquinte et les torchons accrochés au mur dans la Nativité.


Evidemment Mantegna a peint essentiellement des sujets d’ordre religieux ou sur des thèmes de l’Antiquité, mais il a fait aussi de magnifiques portraits, très expressifs. J’ai regretté seulement l’absence d’un de ses tableaux les plus célèbres, et qui est extraordinairement impressionnant, le Christ Mort qui se trouve à Milan à la Pinacoteca di Brera (Selon la Tribune de l’Art, les responsables de ce musée affirment que l’œuvre est trop fragile pour voyager.)

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Quant à sa Prière au Jardin des Oliviers (qui existe en plusieurs versions), c’est un chef d’œuvre que l’on ne finirait pas de commenter, et à l’occasion j’irai voir ce qu’en dit Alain Jaubert dans ses Palettes (il a forcément traité ce tableau…)


Fuligineuse

Les images proviennent du site du Louvre, sauf celle du Christ Mort qui vient de l'encyclopédie Imago Mundi.


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