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La jeune panthère et l'enfant

Publié le 23 décembre 2008 par Bababe

Wone ko wonnoo do  (  Il était une fois…)

Aux enfants qui fêtent  Noel, à toi Mame Penda Ba, la petite peule de Saint-Maur et à tous les autres enfants qui comme toi, fêteront plus Noël que les  fêtes traditionnelles de leurs parents. Ce conte est bien réel même s'il commence par « Il était une fois … » Bon Noel à vous et à tous les autres.
 

En ces temps de Noël , on déverse des millions d’animaux en peluche aux enfants. Les enfants sont heureux de cette douceur synthétique à laquelle ils opposent leur vraie tendresse. Aujourd’hui, et ce n’est pas le fruit du hasard, j’aime à me souvenir de mon « contact » réel avec une jeune panthère.
Nous étions tous les deux jeunes. Moi j’avais 8 ou 9 ans,  la panthère n’a pas décliné son identité,  mais c’était une jeune aussi. Mon chemin avait croisé le sien au milieu de la brousse touffue, juste au moment où le soleil  brûlant se situe au dessus des têtes. Nous, nous  sommes  regardés, peut-être reconnus, qui sait ! Il y avait de la tendresse dans ses yeux, aucune  peur dans les miens.  L’animal a continué son chemin, et moi,  le mien.  


Un moment furtif pendant lequel j’ai éprouvé la douceur chaleureuse. Celle là même, que ressent l’enfant au contact de son animal peluche. Une tendresse calme au milieu de la brousse endormie.  La jeune panthère avait sans-doute profité du repos de sa mère pour s’échapper un moment.  Comme j’avais profité de l’inattention des adultes  avec qui j’étais pour traîner, rêvasser,  cueillir des jujubes, sentir les baddi…


Les  adultes (Niaka et Ramatel) étaient trop occupées à sermonner leur copine M. Aissé  qui  avait renversé leur calebasse de lait « itaaka wataka » prévu pour le casse croute de la journée. Elles en voulurent à ses longues jambes « aveugles » qui n’avaient pas su éviter un nœud de lianes qui entraîna sa chute.  La dispute allait si bon train qu’elles n’avaient même pas remarqué que j’étais restée  loin derrière.   J’avais plus de mal à suivre les enjambées de ces trois girafes que  mes  cousines (Labouda et Boonguel) qui restaient collés aux pagnes des grandes. Si je  préférais traîner et rêvasser, les deux choisissaient  toulours la compagnie des adultes qui leur conférait leur air responsable.


Quand je leur ai raconté que j’avais croisé « un gros chat de ma taille », les tantes écarquillèrent les yeux, se mirent à marmonner des incantations. Il ne s’agissait plus de marcher vite mais de courir pour arriver à temps au hameau de Faayol Sal, la peule rouge aux plusieurs cheptels. Celle qui avait la réputation de ni vendre, ni échanger son lait. La peule à l’accent des nomades de jeery l’offrait gracieusement.  


 Finalement elles en oublièrent leur lait renversé qui avait été le sujet de conversation toute la matinée.  

Quand elles retrouvèrent la parole, c’était pour trouver un autre itinéraire qui contournerait l’endroit  devenu pour elles « La fosse aux panthères adultes. »  

 En évitant ce lieu, ces adultes n’avaient  pourtant pas  réussi à souiller de peur cette rencontre entre une  jeune féline et un enfant. Car je pense encore tendrement à cette scène d’antan. 

Safi
 


PS : Pour la correction, merci à Marianne Frey plus habituée à écrire pour les enfants, et merci à  Thillo Ba  pour la photo de Mame Penda.  
  


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