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peer - amygdales

Publié le 24 décembre 2008 par Collectifnrv
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S'il est nécessaire d'observer des procédures de vérité, qu'en est-il du mensonge ? En fait, est-il pertinent d'opposer le mensonge à la vérité ? Ne faut-il pas mieux s'interroger sur le faux, sur sa prégnance et sa propagation ; ou de voir comment, au fond, pour asseoir un pouvoir - quel qu'il soit - il est indispensable de recruter des agents de falsification.

Un pouvoir, tout comme un savoir, se partage - bien que ce précepte soit allègrement nié par beaucoup, notamment les (im-)puissants. Comme la menace de représailles est à la mode, on se gardera cependant d'affirmer qu'ils devraient même, l'un et l'autre, se diffuser sans contrepartie. On voit l'intérêt immédiat, mais illusoire, de cette dénégation : "J'ai un pouvoir ; et celui qui voudra en bénéficier sera à ma botte". Mais, la chose la plus étrange concernant nos contemporains, c'est le résultat de cette logique, sur une grande échelle : détenir un pourtant bien maigre pouvoir permet de jouir de la servilité du plus grand nombre.

Dans les temps dits "modernes", il n'est même plus utile de définir le pouvoir dont il est question, tant celui-ci semble avoir effacé toutes ses autres formes possibles, des plus concrètes (armes) aux plus abstraites (entités supérieures). Un potentat, peu importe lequel (et lequel importe peu, après tout), va donc s'efforcer de distinguer parmi ses serviteurs, les plus doués, les plus convaincants et les plus malléables. Après une course de longue haleine au zèle, les plus "méritants" ainsi adoubés pourront à leur tour (avec ou non l'appui du seigneur) répéter le schéma à l'envi. Les esclaves "premiers" - du premier cercle - auront eux-mêmes leurs laquais, qui auront quant à eux leurs domestiques, qui auront leurs larbins, et ainsi de suite.

Mais, pour que cette structure tienne, il faut surtout que ce pouvoir soit légitimé, approuvé par le plus grand nombre ; en un mot : indiscutable. Du moins, difficilement discutable. Qu'arriverait-il donc si on commençait à contester le bien fondé de ce pouvoir ? L'édifice social s'effondrerait comme un château de cartes, après une simple flatulence. Par conséquent, il faut également trouver les moyens acceptables, au moins pour les plus crédules, de bouter tout ce qui pourrait ternir l'ordre symbolique : disqualifier toute - réelle - opposition.

Donc, il faut faire circuler la croyance - fort discutable, donc - du pouvoir en question, pour qu'elle soit suffisamment 'partagée' en nombre, en 'volume' (la formule de Josef GOEBBELS : "Répétez un mensonge assez fort et assez longtemps et les gens le croiront » est la plus éloquente à cet égard) de sorte que cette croyance fasse office de "vérité définitive". Ainsi, la tâche dévolue aux caniches sera de trouver les moyens les plus efficaces - des plus avouables aux plus malhonnêtes - pour établir cette croyance. Le mieux étant bien sûr de "combiner" tous les pouvoirs dont on dispose afin, d'une part, d'intimider les plus récalcitrants, et d'autre part, faire la démonstration, là aussi "indiscutable", de la force efficiente des pouvoirs qu'il s'agit de promouvoir.

En outre, il n'aura pas échappé aux maîtres qu'une relation minimale de confiance entre les êtres passe par l'échange de paroles (la communication) ou de biens (le commerce). L'un fait confiance à l'autre par un contrat tacite : "Ce que tu me dis se vérifie, tu es fiable." ou "Je te cède quelque chose, et, en retour, tu me cèdes autre chose." La relation de confiance naissant d'une validation réciproque. Pourtant, par un tour singulier, même lors que le pacte est ouvertement rompu, la véracité est absente, la mystification patente, la confiance, elle, demeure. A moins de douter là aussi des déclarations ou de leurs sources, il faut en conclure que la croyance est tellement persistante, que rien ne peut la dissiper. Et partant, que tout n'est donc pas si tragique, puisque la croyance... se matérialise !

Donc, le chantier immédiat des laudateurs sera de consolider, par tous les moyens, le socle de la croyance idéologique du moment ; de faire en sorte que même les personnes extérieures au discours dominant, les moins concernées pour diverses raisons (dénuement extrême, religion autre, voire incrédulité totale) finissent eux-mêmes par y adhérer, à moins qu'elles préfèrent la persécution. Il va ensuite falloir aux adeptes, de préférence en concertation, créer un bain idéologique pour les candides, quitte à produire de la confusion (même pour eux). Bien que ce soit tout à fait secondaire, il reste à savoir qui du maître ou du laquais est le plus gogo des deux....

Le bain idéologique n'aura pour seul but, on l'aura deviné, de détourner l'attention sur la question principale de la consistance réelle du pouvoir fantasmatique. Donc, non pas questionner les fondements de ce pouvoir, et encore moins le remettre en cause, mais surtout - et c'est primordial - tergiverser sur tout, et sur rien, tant que cela assure son assise (ou, au moins, tant qu'on conserve sa place). Tourner le plus systématiquement "autour du pot", comme on dit communément, au risque de donner le tournis. Encore qu'il conviendra d'attirer beaucoup plus l'attention sur les spécialistes que le "pot" ! Ainsi trouvera-t-on des fayots encore plus zélés pour débattre sans discontinuer autour de sujets de "société" (autrefois dits "d'actualité"), en proposant en définitive une sorte de "satiété du spectacle".

Pour que ce manège tourne gaiement, il faut une chance inespérée. Et, alléluia ! le Saigneur parmi l'essieu - peut-être le moins dupe de tous - a une veine de cocu : ce ne sont pas les lèche-culs qui manquent. Mieux : on les siffle, ils accourent en nombre. Dès lors, on comprend mieux pourquoi le toutou-puissant préfère la protection de son (fragile) pouvoir plutôt que sa diffusion désintéressée. La télévision nous fournit quotidiennement un exemple parmi mille autres de cette "zélitude chorale", qui nous aura servis ici de sujets... de dissertation. On ne s'épanchera pas davantage : on en reste... sans voix !

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par Albin Didon


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