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La couleur religieuse de l’argent

Publié le 25 décembre 2008 par Kalvin Whiteoak

menoraL’affaire Madoff est révélatrice à plus d’un titre : considérée d’abord comme une escroquerie, à tort en fait puisqu’elle reprend simplement en plus grand ce que la majorité des hedge funds fabriquent à journées faites sans que l’on considère que ces jeux de l’avion sont proscrits, elle est aussi une démonstration supplémentaire du fait que religion et argent ne font, n’ont fait et ne feront jamais bon ménage.

On se souvient de Roberto Calvi, un des banquiers du Vatican et du fameux Banco Ambrosiano, qui a relativement mal fini son chemin terrestre pendu sous le Blackfriard Bridge de Londres en 1982. Et voilà que plus d’un quart de siècle plus tard, le “messianique” Madoff a vidé les porte-monnaie et bas de laine de la communauté juive des USA et d’ailleurs.

Car la fondation Elie Wiesel n’est de loin pas la seule à se retrouver sans le sou: dans de très nombreuses organisations caritatives d’obédience juive, les caisses sont soudain vides, à l’image de celles de certains banquiers européens (et genevois …)  qui eux aussi ont cédé à la tentation de privilégier le rapport religieux et communautariste dans leur politique de placement, animés par une transcendance communément admise et recherchée plutôt que par de simples réflexes professionnels.

L’affaire vient de fabriquer son premier suicidé, un Français. Ce ne sera sans doute malheureusement pas le dernier, car les découvertes vont bon train mais prennent quand même un peu de temps. Et cette couleur religieuse se retrouve aussi dans le sein même de ceux qui étaient chargés de contrôler, comme pour les subprimes, et qui ont fait aveuglément confiance au lieu de faire leur travail correctement.

Il sera intéressant de suivre qui seront les mis en cause futurs dans cette affaire : il ne serait guère étonnant que là aussi le communautarisme surgisse.

De toute éternité, il y a une incompatibilité foncière morale entre argent et religions : aucune d’entre elles ne prône finalement  autre chose que l’ascèse dans la recherche du vrai et, cas échéant, de la rédemption d’un péché soi disant originel.

Le péché séculier ou l’obscurantisme moderne consistent justement à croire sans vérifier et à imaginer un monde où telle ou telle communauté prendra le dessus grâce à un mélange permanent, aveugle et dangereux d’intérêts financiers, politiques et religieux.


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