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Le pays des adultes bien-pensants

Publié le 28 décembre 2008 par Magda

enfant-battu

J’aurais dû me méfier quand j’ai reçu Le Pays sans Adultes d’Ondine Khayat (éditions Anne Carrière). J’avais oublié que c’est Anne Carrière qui publie Paulo Coelho, dont, euh, je n’estime pas beaucoup la plume. J’avais oublié que c’est Anne Carrière qui fait ces horribles couvertures racoleuses à l’américaine. J’aurais du regarder les remerciements en dernière page du livre d’Ondine Khayat : merci à Bidule, Machin, Truc et à… Marc Lévy. Aïe! J’aurais dû sourciller un peu plus devant le pitch de quatrième de couverture : “un livre bouleversant, un livre d’émotion pure”. Rien que ça. C’est quoi, une émotion pure, d’ailleurs? Bref, Ondine Khayat, Anne Carrière, Le Pays sans Adultes et moi, on n’était pas faits pour s’entendre. On ne s’est pas du tout entendus, d’ailleurs. 

Histoire tire-larmes d’un petit garçon de onze ans battu par son père, rédigée à la première personne avec une plume qui se la joue puérile, Le Pays sans Adultes est une espèce de guimauve politiquement correcte et très gnangnan. Ondine Khayat tente donc d’écrire comme un enfant de onze ans parlerait. Cela nous donne une bouillie de “bons mots d’enfant” assez agaçante, du type : Un dictateur, c’est un type qui fait des dictées, mais avec plein de fautes très graves dedans (p. 320). Le tout bêtifie, comme si à onze ans, un jeune garçon n’avait jamais rien lu d’autre dans sa vie que les albums de Petit Ours Brun. Je ne sais pas si Ondine Khayat s’est déjà vraiment adressée à des enfants de cet âge-là, car je peux vous assurer qu’ils s’expriment bien mieux que dans son bouquin. 

C’est un peu comme être devant une téléfilm américain à deux heures de l’après-midi en semaine : on ne sait pas pourquoi on reste scotché devant cette bêtise rose et bien-pensante, mais on n’arrive pas à changer de chaîne. Parce que c’est facile, parce qu’on a le cerveau en mode veille, parce qu’on a commencé, donc on va finir… Et puis, évidemment, quand on choisit un sujet universellement aussi révoltant que la maltraitance des enfants, on accroche le lecteur, même si on écrit mal. On ne peut que louer le désir d’écrire sur ce sujet, et de dénoncer des choses qu’on ignore encore trop (combien d’enfants battus en France? combien de pères alcooliques, de mères à la dérive incapables de protéger leur progéniture?). Cela n’en fait pas un bon roman pour autant.

(Arbobo va encore dire que j’ai mis des gnons à un écrivain femme et que ce blog ressemble à un cat fight… mais bon sang, je ne demande qu’à lire de belles choses, moi.)

  

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