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9 - Une rencontre mystique

Par Basile
Manger... Depuis hier soir et les quelques litres de bières à peine épongés par un "grec frites sauce blanche avec oignons" plus que douteux, Steve avait le ventre vide. Cette soirée d'adieu à Eliott, son ami de toujours, était d'ailleurs une vraie réussite. Toute la bande s'était réunie au ManRay près des Champs Elysées pour fêter sa mutation à Shangaï. Steve se souvenait à peine qui l'avait ramené chez lui. Sa voiture avait dû rester garée dans le parking hors de prix jouxtant les beaux quartiers... La voiture justement ! Comment la récupérer ? Steve chercha un téléphone public pour appeler Paul. Il lui fallait vraiment de l’aide, mais surtout un moyen de fuir cette histoire de fous !
Premier problème... et de taille... il n’existe plus de cabine à pièces dans Paris ! Il était trop tôt pour utiliser sa carte bleue, alors il entra dans le premier Tabac qu’il rencontra. Muni de son sésame préhistorique, il se dirigea vers la cabine téléphonique de la rue de la tombe Issoire. Une odeur de pisse et de clope l’encouragea à composer au plus vite le numéro du portable de Paul. Steve s’étonna d’ailleurs de le connaître par cœur ! Mais après tout, ils étaient amis depuis le collège. Première sonnerie. L’air vicié de la cabine lui rappela qu’il avait toujours le ventre vide. Deuxième sonnerie. Il ouvrit la double porte de la cabine pour respirer. Troisième sonnerie. Une voiture de police passa toutes sirènes hurlantes devant lui. Steve se tourna pour cacher son visage. Encore une fois, il constata qu’à trop regarder les thrillers au cinéma, on en devient parano. La voix mécanique de Paul. Bordel ! Le répondeur ! Que faire ? Laisser un message et convenir d’un RDV ? Et si ses « ennemis » venaient à l’entendre ? Il risquait de se faire choper. Le bip habituel retentit. Il se lança :
Paul, c’est Steve. J’ai besoin de toi mon pote. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais je vis une journée de dingue. Il faut que je te vois et que je récupère les clés de ma bagnole. Retrouve-moi où nous avions l’habitude de sécher les cours au lycée. Cet après-midi à 15H. Tu sais, pendant les cours de Philo... Voilà... J’ai vraiment besoin d’aide. J’ai perdu mon portable alors ne cherche pas à me joindre dessus. Et surtout, ne dis à personne que tu m’as eu, d’accord ? A personne...
Il raccrocha, terriblement déçu de n’avoir pas pu parler à son ami. Il retentera un peu plus tard. Steve prit quelques minutes pour engloutir un jambon-beurre en consultant le plan qu’il avait trouvé sur la clé USB. La flèche indiquait l’entrée de l’église de la Place d’Alésia. Il connaissait bien le quartier pour y avoir vécu un an en collocation. Cependant, il n’avait jamais mis les pieds à l’intérieur. Que signifiait cette mascarade ? Pourquoi ce rendez-vous là-bas, ce soir ? Athée endurci, il ne connaissait pas bien le fonctionnement des lieux de culte, mais l’église sera sans doute fermée à cette heure-là. En plus, il n’avait ni le sac, ni le soutien des forces de l’ordre… Sur ce coup-là, il était vraiment seul !
Midi. Plus que 9 heures pour aller chercher le sac dans son appartement. Mais avant ça, Steve voulait se rendre au point de rendez-vous pour connaître les lieux. Il mit quelques minutes à arriver devant l’Eglise Saint-Pierre. Hormis une jeune femme rousse, très jolie, qui aidait une personne âgée à se relever d’une chute ridicule sur le trottoir, seuls quelques touristes asiatiques allaient et venaient dans les rues. Décidément, la ville est calme ce matin… Il regarda attentivement autour de lui. Des cafés, une grande brasserie, le Zeyer, qu’il connaissait bien, le cinéma, un Mac Donald, des boutiques de mode… Autant de planques et de recoins où il se sentait épié… Il contourna la porte principale de l’Eglise pour en trouver une éventuelle entrée dérobée. Rien sur le flanc droit. Il se rendit sur l’autre versant. Et aperçut un groupe de ce qu’il prit tout d'abord pour des prêtres, discuter devant une petite porte en fer rongée par la rouille. Il resta suffisamment loin de la scène et se cacha entre deux voitures pour observer si ces personnes pouvaient être concernées par le rendez-vous de ce soir. Rien ne paraissait anormal. Sauf peut être cette femme qui s’approchait du groupe d’un pas assuré… Il dut réprimer un cri de stupéfaction quand il reconnut sous la toge sombre le visage d’une personne qu’il connaissait bien. Le visage de Suelen Keller. Sa mère adoptive...

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