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5 - Déjà-vu

Par Basile
L'air frais du matin lui fit sentir combien sa tête était en ébullition depuis son réveil.
Ses pas résonnaient sur le trottoir encore désert à cette heure, surtout un dimanche : il avait l'impression de se déplacer à l'intérieur d'un nuage de coton. Tout se bousculait encore et encore, les mêmes images revenant inlassablement : la peau laiteuse de cette fille, ses yeux vides au moment de sauter, ces lettres incompréhensibles et toutes ces photos... Cette photo notamment... Il ne l'avait vue qu'après le pénible interrogatoire que la brigade des flics lui avait fait subir : il avait du reprendre tout depuis le début, quasiment minute par minute. Celui qui l'avait questionné, l'inspecteur chargé de l'enquête sans doute, avait plus le physique d'un charcutier que d'un fin limier : gros, de taille moyenne, un visage rougeaud que le propriétaire avait cru utile d'orner d'une courte moustache noire tombant sur des lèvres épaisses... Un visage qu'il avait du affronter pendant 45 minutes au cours desquelles il avait tout dit, à un détail près : pas l'ombre d'une allusion au sac et à son contenu.
Pourquoi avait-il caché cela ? il n'en savait trop rien. La crainte de nouvelles complications sans doute. Le dégoût aussi que lui inspirait ce qu'il avait découvert. Bon dieu cette photo !...
Un crissement de pneus le sortit violemment de sa rêverie et le capot luisant d'une BMW décapotable rentra dans son champ de vision : "Hey mec, tu regardes jamais quand tu traverses ?!""Euh... désolé", bredouilla-t-il rapidement avant de gagner le trottoir. "Putain il faut que je me calme !" Son coeur cognait comme un sourd dans sa cage thoracique.
Il avait fini par déboucher dans la rue de la Santé, et devant lui se dressait l'imposant bâtiment qu'il connaissait bien. "L'hôpital Sainte Anne, tu parles ! C'est là que je vais finir si ça continue... chez les fêlés !" Il tourna à gauche et accéda 30 secondes plus tard à un carrefour : là-bas, à une centaine de mètres, se découpait l'entrée du parc Montsouris. Il regarda sa montre : huit heures et demi passé. En cette période estivale, il savait que le parc ouvrait tôt. Il avait l'habitude. C'était son lieu préféré, son havre de paix. Et il avait vraiment besoin de paix.
Tandis que ses pas le portaient lentement vers le parc, son esprit se remit à fonctionner : ces signes, cet alphabet... Il n'y avait rien compris et pourtant... et pourtant il avait cette impression de déjà-vu, comme si cette calligraphie lui était malgré tout familière. Une nouvelle image s'imposa à lui : "Et cette saloperie de photo! Comment avaient-ils pu?..."
La grille du parc s'offrait à son regard mais il s'arrêta net.

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