Par Bernard Vassor
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....... C'est dans une rue située à la poterne de l'enceinte de Philippe Auguste, qui s"appelait au XIII° siècle,
la rue du Mont Orgueilleux, (qui conduisait au
Mons superbus), puis
rue Nicolas Arrode,que le premier écuyer de cuisine de la reine de France
Marie Lesczinska,
Nicolas Stohrer, s'y établit comme boulanger pâtissier sur l'emplacement d'un ancien parc à huîtres. Il inventa une recette, proche de celle du
kouglof polonais, un gâteau polonais. A l'origine, la pâtisserie était arrosée de vin de Malaga, puis plus tard de rhum. On avait appelé ce dessert "
l'Ali-Baba" . Stohrer était né en 1706 en Alsace. En 1730, au moment de son installation, la rue où il s'installa s"était appelée
rue Comte d'Artois. Elle changea ensuite pour devenir la
rue de la Porte au Comte, de
la Porte Comtesse d'Artois, puis simplement
Comtesse d'Artois, avant de devenir, depuis 1792, la rue Montorgueil. Cette voie, avait à l'origine une tour qui génait le passage conduisant aux halles, elle fut démolie, à la demande d'un marchand de poissons,
Nicolas Janvier. Il faut dire que cette rue très commerçante était le centre à Paris des arrivages de poissons, et surtout des ostréiculteurs réunis aux
Bureau des huitres d'Etretat,
de Cancale, le
Bureau des huîtres de Fécamp quand à lui, se trouvait
rue du Petit-Lion-Saint-Sauveur, qui était en ce temps là le prolongement de la rue Tiquetonne.
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....... L'échoppe de
Nicolas Stohrer, était juste à côté du
Bureau des chaises à porteur, qui existait encore vers 1910, en témoigne cette photographie
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Ancien Bureau Central des Chaises à Porteur Vue prise de l'ancienne rue
Tire-Boudin ou
Tire-Putain, devenue aujourd'hui
rue Marie Stuart. ....... Ce
"bureau central des chaises" était devenu une messagerie, et une remise de voitures à bras, quand
la chaise à porteur était devenue inutile. La rue a compté d'innombrables auberges, cabarets, estaminets et coupes-gorges de toutes sortes. Citons-en quelques uns :
le Rocher de Cancale ou
l'auberge Baleine puis
Pécune et Clémendot les différents successeurs,
le Rocher d'Etretat,
Les dîners du Vaudeville,
les Soupers de Momus, le
cabaret Beauvais, le
restaurant Philippe,
le Compas d'Or, une demeure habitée vers 1750 par la célèbre
présidente Gourdan, qui avait fait là
ses premières armes, avant de recruter la Du Barry dans sa
petite maison de la rue Saint-Sauveur. ....... La pâtisserie Sthorer fut décorée vers 1860 par
Paul Baudry (1828-1886), du sol au plafond. Les ornements réalisés par ce peintre académique et mondain, sont toujours visibles aujourd'hui.
La maison de Mlle Marquis, et l'enseigne du Croissant d'Or. ... Plus bas, vers
"la pointe Saint-Eustache", le célèbre cabaret du
Croissant d'Or fréquenté par le chevalier
Giacomo Casanova de Seingalt, à l'étage au-dessus,
Mlle Marquis, qui n'était pas dit-on très jolie, mais qui rencontrait un joli succès dans la galanterie, après s'être fait renvoyer de la Comédie-Française.
.... * Le sommet de ce
Mons superbus se trouvait
rue Beauregard.