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Mort faute de place ?

Publié le 30 décembre 2008 par Jlhuss

cocquempot.1230620469.jpg C’est toujours délicat de commenter une actualité brulante pour quelqu’un qui vit depuis 35 ans au cœur de ces problèmes, mais justement … Comment ne pas le faire ?

Rappelons les faits, tels qu’ils ont été rapportés dans la presse : Un homme est victime samedi dernier, vers minuit, d’un « malaise cardiaque » à Massy, commune dans laquelle, par parenthèse, existe un excellent centre de cardiologie, avec coronarographie et réanimation performante, au sein d’un très grand établissement conventionné, le Centre Jacques Cartier; j’ai personnellement transféré de nombreux patients dans cet institut. Sans pouvoir semble-t-il, bénéficier de cette proximité, il décède après plus de 6 heures, d’une recherche longtemps infructueuse d’un lit permettant à la fois la pratique de l’examen coronarien et la prise en charge en surveillance intensive. 27 hôpitaux parisiens auraient ainsi été contactés, pour finalement aboutir vers 6 heures du matin, le dimanche à Lariboisière qui n’est pas précisément à côté de Massy. J’espère pour ma part que le centre Jacques Cartier de Massy a été contacté et était plein ; il serait en effet désolant qu’il soit absent d’un protocole de recherche de places pour la simple raison qu’il n’appartient pas à l’APHP ou qu’il est refusé la prise en charge d’un patient non programmé. L’enquête le dira.

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Ce qui m’amène à réagir, ce sont essentiellement les réactions que j’ai pu entendre ou lire, ici ou là, à ma grande stupeur et presque toujours dans le même sens : Bachelot démission …honte au gouvernement …voilà le résultat de la politique de pénurie de Sarkozy … etc. etc.

Pourquoi pas ? Si ça vous fait du bien, c’est déjà ça, mais est-ce bien raisonnable sans une plus ample réflexion ? Personne, ou c’est très rare, ne se pose la question de l’organisation de l’accueil d’un tel patient, des difficultés souvent extrêmes que rencontrent les urgentistes ou les médecins des SAMU pour placer leurs malades, non pas faute de places mais par un phénomène curieux de rétention des places. Les palabres sont souvent pénibles et difficiles, les restrictions et demandes préalables nombreuses, l’urgence n’est plus, depuis longtemps, la panacée pour de nombreux réanimateurs, là encore sans tomber dans la généralisation caricaturale.

C’est trop facile de faire sans cesse l’amalgame entre manque de moyen et accident regrettable. Il serait malhonnête de masquer l’incompétence ou la “malhonnêteté intellectuelle”  de certains personnels derrière un prétendu manque de moyens. S’il y avait 50 lits vides et 1 équipe de réanimation médicale complète dans chaque hôpital, il faudrait encore, pourtant, un  régulateur   au Samu pour mobiliser ces places et pas nécessairement plus facilement ! Il faut bien sûr, remercier les personnels médicaux pour leur professionnalisme, leur bonne volonté, leur qualification en général de mise, mais il faudrait aussi reconnaître qu’il y a malheureusement parfois une certaine insuffisance professionnelle (à tous les niveaux) et des attitudes de rétention des places anormales, héritières d’une vieille tradition moyenâgeuse du service souverain.

Une enquête va être diligentée pour connaître la réalité de l’absence ou non de lits d’accueil adaptés pour ce patient. J’en suis très heureux. Je souhaite qu’elle soit au dessus de toute imprécision ou de toute bienveillance, que ses résultats soient amplement diffusés et commentés. On pourra alors trancher entre “moyens insuffisants” ou hommes bien légers!

Patrick Pelloux dans sa prestion télévisée, toujours uniquement accusatrice des pouvoirs publics, se devrait de ne pas oublier les critiques à l’égard des castes médicales et, paramédicales, le personnel des services n’est pas sans responsabilités, qui se protègent de “l’urgence”.

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