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Où j’en suis ?

Publié le 30 décembre 2008 par Philippe Thomas

On me demande parfois où j’en suis avec le PS. C’est très simple. Je sèche les réunions depuis longtemps. Mais je rencontre certains camarades régulièrement. Je me tiens informé, je lis la presse. En revanche, j’évite de lire tous les textes touffus autant qu’indigestes qui continuent à me parvenir du PS par mail ou courrier. Faut vraiment être pro pour se fader tous les pensums que savent produire les diverses instances du parti et même de braves militants de base… Et la vie est brève.

Un peu par jeu, je me suis mis à jour de ma cotisation juste avant la votation sur les motions et les élections du Premier secrétaire, du premier fédéral et du sec’ sec’. Pour l’instance principale qui fut si aprement disputée, j’ai accompli un vote de rejet d’une certaine manière de faire de la politique. Ce ne fut ni un vote d’enthousiasme sur un programme ni un suffrage passionnel pour ou contre quelqu’un. Mais le vote est en fait le seul pouvoir concret du “super-citoyen” qu’est l’adhérent d’un parti. Pas la peine d’aller aux réunions (sauf pour les pro) ! Je me demande d’ailleurs s’il n’y pas des tas d’invisibles malins qui seraient multicartes, histoire d’opérer un “pré choix” parmi les prétendants de droite comme de gauche…

Tout à l’heure, j’ai croisé sur la place de la Brèche des militants socialistes qui distribuaient des tracts contre Sarkozy et le travail le dimanche. Entre Noël et le Premier de l’an, il fallait vraiment avoir la foi et un bon bonnet sur le crâne pour ça. Pipe au bec, Pierre-Yves le sec’ sec’ avait même mis ses gants pour le travail. Ils y croyaient manifestement, mes camarades. Ils rencontraient un accueil contrasté : en gros, les vieux leur faisaient bon accueil mais les jeunots s’en foutaient ostensiblement. Je ne sais pourquoi, je me suis souvenu alors d’une brave et jolie militante socialiste rencontrée jadis lors d’une manif pour la laïcité ou contre une énième réforme de l’éducation nationale. Elle m’avait expliqué qu’en fait, le seul pouvoir réel du militant était son bulletin de vote pour les élections internes. A cette époque, j’étais étudiant, vaguement libertaire et en tout cas pas prêt à m’encarter. Je n’en revenais pas, je croyais qu’il y avait autre chose. J’avais voulu qu’elle m’explique. “C’est peu, mais c’est déjà ça!”, répliquait-elle.

Il n’y avait donc que cela ? Elle me regardait d’un drôle d’air : qu’est-ce que je m’imaginais donc ? Evidemment, elle n’écartait pas l’hypothèse de devenir un jour conseillère municipale de son patelin de banlieue. Mais bon, elle savait aussi qu’en la matière la concurrence serait rude. Elle me prit par la main, on reprenait les refrains de la manif comme deux gosses. On riait de tout et de rien. Elle non plus n’allait pas à la plupart des réunions. Elle essayait juste de se sentir en accord avec ses convictions profondes et un idéal certes lointain mais quand même. En fait, le parti n’envahissait pas sa vie, ne lui donnait ni supplément de sens ni avantage particulier. C’était comme un abonnement à un journal de jardinage ou de cuisine : on feuillette beaucoup, on pratique peu.

J’avais jugé alors dilettante et bourgeois son style  de militantisme. On est encore sévère à vingt ans et quelque… Mais l’instant d’après, dans le petit hôtel qui accueillit nos ébats vers Bastille, je me disais qu’après tout cette militante avait une vision très émancipée des choses et une peau très douce. Avec le recul, je comprends mieux sa vision du militantisme et même j’y souscris volontiers. Je n’ai jamais revu cette militante éclairée qui dut courir pour attraper son train de banlieue et retrouver mari et enfants… Mais c’est elle qui avait raison. En tout cas, ce fut une chouette manif’.

Je referme le tiroir aux souvenirs… (Bon Dieu, qu’est-ce qui m’a pris… ?) Je reprendrai le cours de ce blog régulièrement mais à rythme doux et dès que j’aurai à nouveau un ordinateur à la maison.

En attendant, bon réveillon à tous et à l’année prochaine !


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