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Régulation

Publié le 31 décembre 2008 par Malesherbes
Débarrassée de ses tenues en rose layette, Madame Roselyne Bachelot est apparue l’autre soir au Journal télévisé, après la mort du petit Ilyès. Quelques jours plus tard, elle venait à nouveau tenter de justifier le gouvernement après la mort d’un homme qui n’avait pu bénéficier à temps des soins que réclamait son état. Elle était persuadée d’accomplir ainsi sa mission.
C’est une grave erreur. La tâche d’un ministre, ce n’est pas de venir à la télé, vêtue de noir, la mine contrite et l’œil humide, présenter ses condoléances à des parents plongés dans le deuil. Lors de la seconde apparition de notre ministre de la santé, elle a également failli à ses devoirs en tentant de dégager sa responsabilité avec des arguments aussi minables que celui-ci : on ne manquait pas de lits de réanimation, c’était un problème de régulation. Et alors ? Que l’on meure de la peste ou du choléra, quelle importance une fois que l’on est mort ? Gouverner, c’est prendre les décisions visant à réduire autant que possible le nombre de ces situations tragiques, ce n’est pas jouer les pleureuses et venir se lamenter : "c’est pas ma faute !"
Nombreux sont les domaines d’activité qui doivent résoudre des problèmes de file d’attente : combien faut-il ouvrir de voies de passage sur un péage d’autoroute, de caisses dans un supermarché, de lignes téléphoniques pour écouler les appels ? Considérons un problème voisin de celui des hôpitaux, la direction d’une chaîne d’hôtels. Si, en un endroit donné, cette chaîne construit un établissement capable d’accueillir le nombre maximum de clients susceptibles de se présenter en haute saison, elle le condamne à n’avoir qu’un taux d’occupation ridiculement faible. Si, inversement, elle le dimensionne pour recevoir le nombre de clients arrivant en moyenne chaque jour, elle le voue alors à devoir relativement souvent refuser des clients. La solution retenue consiste à déterminer un optimum situé entre ces deux valeurs extrêmes et, en cas de saturation, à orienter les voyageurs vers un autre hôtel de la même chaîne ou vers un confrère avec lequel on aura passé un accord.
Lorsque, pour des raisons financières, un établissement hospitalier est conduit à fermer des lits, il se trouvera complet beaucoup plus souvent que jusqu’ici. Il convient donc que le système de régulation soit modifié pour pouvoir prendre en compte une telle situation et diriger les patients vers d’autres établissements. Ceci impose une gestion beaucoup plus fine que celle employée jusqu’ici. Tout d’abord, la disponibilité des lits doit être tenue à jour en temps réel et non pas de temps en temps dans la journée. Ensuite, recenser les lits ne suffit pas. Il faut également s’assurer, avec la même exactitude, de la disponibilité du personnel d’urgence capable de soigner les patients admis. Ce qui s’est vraisemblablement passé dans nos hôpitaux, c’est que l’on a supprimé des lits sans faire évoluer les techniques de régulation. L’origine des accidents est donc bien la suppression des lits.
Je ne pense pas que notre chère Roselyne soit stupide. Il faut donc conclure qu’elle ment avec impudence.

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