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La colonne du diable : 2

Publié le 31 décembre 2008 par Porky

La lumière se fit dans l’esprit du brave homme : cet inconnu si empressé à l’aider, c’était le diable, ni plus ni moins. Et il venait de lui promettre l’âme de son fils. Il alla chez son voisin et lui confia son tourment : ce dernier lui conseilla de faire baptiser le nouveau-né sous le nom de Pierre. Ainsi, il serait sous la protection du grand Saint Pierre lui-même et le diable ne pourrait rien contre lui. Le père suivit ce conseil mais, au fond de lui-même, il n’était vraiment pas certain d’avoir sauvé son enfant.

En attendant, Messire le Cornu tenait ses promesses : tout réussissait à notre héros, il s’enrichissait. La vie devenait plus douce, plus simple et sa femme se réjouissait de cette chance. Une nuit, il vit en rêve Saint Pierre qui lui promit de toujours protéger son fils. Cela rassura un peu le malheureux père mais le souvenir de son imprudence continuait de le hanter. Il décida en conséquence que le jeune garçon, lorsqu’il serait grand, entrerait en religion. Le diable n’oserait quand même pas s’attaquer à un prêtre ! Il attendait avec impatience le moment où le jeune homme célèbrerait sa première messe dans l’église de Vyšehrad car il était persuadé d’avoir joué son ennemi et de lui avoir ôté toute possibilité de réclamer quoi que ce soit.

Or, le matin où le jeune prêtre nouvellement consacré allait dire sa première messe à Vysehrad, on toqua à la porte de la demeure. C’était Monsieur le Diable qui venait réclamer son dû. Mais Saint-Pierre veillait. Il apparut aussitôt et déclara que le diable n’aurait l’âme du jeune homme qu’à une condition : il devait se rendre à Rome, prendre une colonne de la Basilique Saint-Pierre et la ramener à Vysehrad avant la fin de la messe.

Le diable ne fit que sourire de cet obstacle. Pour lui, cela n’en était nullement un. Avec un sourire railleur, il s’envola, passa les Alpes et arriva en très peu de temps à Rome. Pendant son voyage, il avait eu le temps de réfléchir au moyen de tromper son ennemi. La Basilique Saint-Pierre était certes assez proche, mais plus proche encore était l’église de la Vierge Marie au Trastevere. En raccourcissant son chemin, il allait rouler le Saint-Pierre, et dans les grandes largeurs. Il s’arrêta donc dans cette église, en saisit une colonne et entreprit de regagner en hâte la Bohème.

(A suivre)


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