Guillaume à déjà tout dit sur son blog, à mon tour de lancer pèle-mêle les faits marquants de cette expé "Puna Argentina 2008" ... liste non exhaustive loin s'en faut.
- La logistique simplisme cette expé. 5 mails échangés avec Marcelo pour les billets de bus et c'est parti. Très peu de matériel à acheter, hormis les lyophilisés... mon sac est d'ailleurs encore près à partir... son porteur aussi !
- La préparation physique sur le parcours des 25 bosses à Fontainebleau tous les dimanches pendant 3 mois, avec le sac plein de bouteilles d'eau. Ce fut plus dur pour les pattes que toutes les balades altiplanesques.
- L'astuce évidente et diablement efficace du complément alimentaire en Fer (TARDYFERON, le même qu'on prescrit aux femmes enceintes)...merci M. Paperon.
- Le complexe maladif des argentins face à l'argents : incapables de donner le prix d'un service ou du produire un devis... il faut les violer pour obtenir ce genre d'info.
- Le maudit "flap-flap" ininterrompu de la tente de Guillaume, chahutée par vent toute la nuit, qui m'empêche de m'endormir alors que ses occupants ronflent comme des bienheureux.
- Le petit déjeuner magique chez Marcelo à 5h30 du mat', à l'écouter nous raconter l'envers du décor de la pseudo expé archéologique de 1991 sur l'Incahuasi, lorsqu'il découvrit une statuette Inca en argent.
- Ma stupeur lorsqu'il m'annonce que le Llullaillaco n'est certainement pas le plus haut site archéologique du monde.
- Notre excitation à l'entendre égrainer une longue liste de voies et de sommets vierges, certains de seraient même pas répertoriés...
- Armando et Oscar, nos hôtes discret de Las Grutas. Hormis l'entretien de la route, leur unique occupation est le football à la TV... une science qu'il partageront allègrement avec Patrick.
- Comment le temps semble s'arrêter lors de ces interminables voyages en avion ou à travers la pampa. Rien n'en subsiste, pas un souvenir, même pas l'impression de longueur.
- Martin et Diego,qui nous ont accompagnés en 4x4. Insouciants et généreux.
- L'acceuil incroyablement réconfortant de Martin, 1 km avant de retrouver le camp de base du Pissis. A 200m on l'entend scander Pi-ssis Pi-ssis et lorsque je m'approche de lui, moribond essouflé, il se prosterne à mes pied en répétant "Grande, Grande", avant de m'étouffer dans une accolade sincère et fraternelle. Il était certainement plus ému que moi.
- La tête de Guillaume (faute de voir la mienne) lorsqu'à Buenos Aires on non annonce qu'il est 12h et pas 10h... alors que nous revenons tranquillement de prendre notre petit dej', persuadés que nous avons laaargement le temps de prendre un taxi vers l'aéroport à une heure de là, d'ou notre avion décolle à 14h...
- L'incorrigible gourmandise de Guillaume lorsqu'il s'agit de crème glacée argentine... la même qui s'applique à toute pièce de viande issue de la Pampa, de préférence de plus de 300g. Et je ne par le même pas du vin de Mendoza qui le rend intarissable... ni des argentines elles-même, qui suscitent chez cet homme d'indescriptibles et soudaines pulsions amoureuses.
- La complicité naturelle entre Patrick et Guillaume. Exactement ce qu'il faut pour passer de longues heures sous la tente, à évoquer sans fin le menu idéal du prochain repas, quitte à ce que l'expé se compose de 2 groupes, ce à quoi je m'attendais et qui ne me déplait pas.
- La métamorphose de Guillaume sur le Pissis. Il se lâche lorsque l'on approche de la montage, il est galvanisé, motivé comme jamais. Et lorsque le sommet est en vue... il s'envole. Il est le moteur de cette expé, c'est la sienne, du début à la fin ! C'est non seulement un plaisir de voir tous ses doutes s'effacer, c'est également une aubaine pour Patrick et moi puisque dans son élan conquérant, il se sacrifiera systématiquement et sans rechigner à l'ingrate tâche de faire fondre de la neige pour nous tous, alors que le soleil disparait et que la température dégringole à une vitesse vertigineuse. Bravo et milles mercis que je ne t'ai pas exprimés la haut Companero.
- Le coaching appliqué de Patrick par Guillaume. Patiemment il explique, l'équipe (les crampons, la voie, les Incas etc) et répond à toutes ses questions, même simplistes.
- Les séances photos "érotiques" de Guillaume au milieu de nulle part. Martin et Diego ne s'en sont toujours pas remis.
- Le côté "grand adolescent" de Patrick. Facile à vivre, amusant et très consensuel, excellent marcheur et incorrigible gourmand, mais qui se laisse vivre et se contente de suivre le mouvement sans prendre d'initiative. En fait, je regrette qu'en 15 jours il n'ai jamais mit en route le réchaud ou installé un camp... mais est-ce important ?
- Nos "grands jours" chacun notre tour. Patrick sur le Cerro Beltran : rythme mecanique et soutenu, sans fléchir jusqu'en haut. Guillaume sur le Pissis : grandiose (et dégoutant... 2eme fois qu'il me fait le coup !). Moi: le 3nd jour sur l'Incahuasi... une montée à 5700m en puissance, qui se paye le lendemain...
- Nos coups de barre, chacun son tour encore: Guillaume sur le Cerro Beltran, 5 gerbis pour 5300m, not bad. Patrick sur le Pissis, une arrivée au Camp 2 à 6350m, complètement en vrac, aphone, le nez qui coule et des cernes jusque parterre... direction la tente et bonne nuit. Moi, sur l'Incahuasi et le Pissis, à chaque fois que nous avons dormi 700m plus haut que la veille, tel le lapin Duracell sans ses piles...reste plus que le moral pour avancer.
- Ma fringale cataclysmique du jour J. Vide, pas une once d'énergie. Le coeur qui ne dépasse pas les 130 bpm, pas essoufflé, mais rien dans les jambes. Pour avancer, je me fixe des objectifs courts : le prochain rocher à 5m. Le plus long sera la descente, quasiment au déambulateur. Une leçon de ténacité cependant, et un retour d'humilité au passage.
- Fiambala del valle. Village au bout de la route, oasis posé sur le sable entre des montagnes déchiquetés. Le temps s'organise différement ici. Aucune règle ne semble s'appliquer à la vie de ce bled.
- Las termas : bain de jouvence à température idéale (35°C à 45°C). Quel bonheur de ne rien y faire. S'assoir dans l'eau chaude et sans cesse renouvelée, un livre à la main.
- La Roma : ce resto est en passe de devenir mythique. L'acceuil y est chaleureux, authentique (il y a beaucoup de choses dans ce mot !) et c'est le seul endroit qui merite l'appellation resto à Fiambala.
- La coupe de cheveux de l'intarrissable patron de La Roma vaut à elle seule le détour : superbe calvitie, recouverte par une interminable mèche gominée qui s'étire d'Est en Ouest ou du Nord au Sud selon le vent. Veronica : la serveuse ronde et enjouée de la Roma. Son rire nerveux omniprésent et son regards insistant qui dévore inlassablement les 3 gringos fraichement débarqués... Patrick, t'as une touche !
- Les paysages incroyables de la Puna. Dees perspectives qui s'étendent sur des centaines de kilomètres grâce à l'absence d'humidité. Les bleus saturés des lagunes salines sur fond de roches volcaniques ocres.
- Un ciel vierge de toute trace d'avion... quel luxe !
- Le crissement de la pierre ponce sous les bottes et le tintement métallique des bloques d'andésite.
- L'absolue concentration de chaque pas : choisir ses appuis, fermes et stables pour progresser rapidement et ne pas gaspiller son énergie.
- Ma tente, imperturbable sous les rafales de vent, mais 10 cm trop courte. Je l'ai revendue sur place sans perdre 1$...j'vais peut-être racheter la même (just kidding !)
et mille autres détails qui me reviendront certainement plus tard, et me donneront j'espère envie de repartir... vers le Tres Cruces ?