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Survivors - La série post-apocalyptique, version 2008

Publié le 31 décembre 2008 par Heather

Certes, une note sur Survivors en ce 31 décembre, où doivent se mêler les salutations d'usage et tous mes meilleurs voeux pour la nouvelle année, n'est pas forcément la thématique la plus adaptée au contexte du jour. Mais après tout...

Survivors est aussi un signe que le syndrome télévisé actuel des remakes a également atteint les scénaristes britanniques, puisque cette nouvelle série de la BBC est un remake d'une série éponyme des années 70. La première saison, comportant six épisodes, a été diffusée au cours des mois de novembre et décembre 2008 sur BBC1. Une seconde saison a d'ores et déjà été commandée par la chaîne.

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Ca parle de quoi ?
La série est centrée sur un groupe de survivants à un virus qui vient de tuer la quasi totalité des habitants de la planète, ne laissant qu'une poignée de personnes survivantes. Il s'agit de suivre comment ces personnes vont pouvoir s'organiser pour survivre dans le confort et les technologies modernes dans lesquels ils étaient habitués à vivre. (source : www.serieslive.com )

Et alors, c'était comment ?
Je tirerai de cette saison 1 un bilan dans l'ensemble très mitigé. En effet, si on sent poindre des éléments intéressants et s'il y a un indéniable potentiel, les nombreux clichés qui pullulent dans la série, le manque d'approfondissement dans la psychologie des personnages et d'aboutissement dans des intrigues un brin répétitives, empêche la série d'exploiter pleinement son potentiel et nous laisse sur une réserve prudente, légèrement frustrés devant tant d'inhibitions.
L'indiscutable point positif de Survivors réside dans l'attrait qu'exerce son univers post-apocalyptique. Le pilote est à ce titre un modèle du genre catastrophe. Le téléspectateur est un témoin extérieur. Il voit l'Angleterre progressivement glisser dans le chaos, les institutions une à une cesser de fonctionner et la situation devenir hors de contrôle sans que les citoyens, ni le gouvernement, n'en prenne immédiatement conscience. Puis, lorsque les conséquences de la grippe deviennent connues ou apparaissent évidentes, la pandémie prend des accents de tragédie immuable, donnant droit à quelques scènes très fortes, puisque, lorsque arrive ce moment décisif, ces problématiques sont individualisées étant donné que nous commençons à connaître et à mettre un nom sur tous ces personnages qui défilent. Puis, le fameux "jour d'après" offre sans doute la sensation la plus bluffante de l'épisode. La plupart des gens sont morts et la ville s'étend, froidement vide. Restes d'une civilisation qui s'est éteint dans la nuit. De même, l'autoroute sur laquelle plus personne ne circule symbolise un de ces vestiges, transformée en terrain de jeu le temps d'un foot. L'horreur n'est pourtant pas loin. Les cadavres des victimes de la grippe n'ont pas disparu. Ils pourrissent dans les bâtiments, dans les voitures -à la fois presque absents dans cet étrange vide qui s'est installé, mais aussi ombre pesante et omniprésente, attachée à tout lieu de civilisation-, les hôpitaux se sont ainsi tout entiers transformés en morgue géante... Glaçant.

Ce point de départ est efficacement amené et se révèle donc très prenant. J'avoue que ce thème, sans être un thème de prédilection, suscite quand même un intérêt particulier en moi. Mais il fallait ensuite pour les scénaristes relever un nouveau défi : nous présenter le nouveau cadre de vie des derniers représentants de l'espèce humaine. Quelle organisation va-t-elle succéder à un Etat qui a dépéri avec sa population, à des modes de vie qui ne peuvent plus être ? Les problématiques ainsi posées sont ambitieuses et les écueils nombreux. C'est à ce stade que cela se corse, car la série ne parvient pas à franchir le nécessaire palier supérieur, une fois la situation dramatique posée. Les personnages restent globalement très manichéens et unidimensionnels. Il est très difficile de s'attacher à quiconque dans l'équipe pourtant hétéroclyte qui se rassemble rapidement. Je suis restée indifférente au sort d'une partie des personnages, tandis que l'autre partie a fini par susciter chez moi agacement ou aversion. En plus de ne pas parvenir à jouer sur un éventuel affectif, les différents protagonistes sont pour la plupart les représentants ambulants de différents stéréotypes, s'enfermant trop souvent dans des poncifs éculés ; et la mayonnaise ne prend pas toujours. Pour autant, certaines relations qui s'esquissent, certains personnages plus marquants que d'autres, parviennent à tirer leur épingle du jeu, mais l'ensemble manque cruellement de profondeur.
Par ailleurs, la série tente de trouver un souffle supplémentaire grâce à ses différents fils rouges. Outre les interrogations sur le devenir des membres de la famille des protagonistes, thématique qui frôle un peu le pathos par moment, est posé l'enjeu du système à mettre en place pour organiser la survie, avec notamment la dernière représentante du gouvernement britannique qui, en plus de remporter la palme de l'antipathie, souhaite imposer sa façon de voir les choses et propose un modèle qui semble de plus en plus dériver vers une communauté autoritaire où les droits de l'homme et autres libertés individuelles sont des concepts facultatifs et dépassés ; où l'utilitaire poussé à l'excès l'emporte sur tout soupçon d'humanisme. L'ensemble est édulcoré par un soupçon nécessaire de "théorie du complot", les scénaristes jouant avec le téléspectateur pour glisser des indices afin de nous amener à nous interroger sur l'identité de ceux qui sont derrière ce virus mortel. Car la pandémie mondiale qui s'est déclarée n'a rien de naturel et a une origine humaine. Pour rassasier notre curiosité, on nous offre rapidement quelques mystérieuses scènes cryptiques dans un tout auss mystérieux laboratoire, ce qui soulève plus de questions que cela n'apporte de réponses...

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Bilan : Mon principal souci avec la série, outre ces personnages mono-dimensionnels, est qu'elle est servie par une écriture très politiquement correcte (même si elle n'atteint pas non plus le degré de maladresse et le caractère ampoulé de la plus récente série post-apocalyptique, Jericho), finalement très proprette, qui laisse sur sa faim. Le tout est huilé, mais manque de subtilité, de profondeur... On garde une étrange impression de frustration au final, devant une série qui exploite de façon trop réservée et pas assez ambitieuse un concept pourtant intéressant. Cependant, Survivors nous propose évidemment une thématique forte qui exerce son attrait et dont elle exploite par intermittence une partie du potentiel. Il ne faudrait sans doute pas grand chose pour que la série puisse devenir un divertissement très honnête, à défaut d'être transcendant, ni d'espérer pouvoir devenir une série addictive dont j'attendrais chaque épisode avec impatience.

Survivors nous a donc donné une saison 1 de qualité très moyenne, mais dispose cependant d'une marge de progression, la série ayant la chance de disposer d'un concept de départ fort qui lui permet de masquer certaines carences dans l'écriture des scénarios et des dialogues. Mais il faudrait vraiment que la série "ose plus" et que les scénaristes se départissent de leurs évidentes inhibitions.

Pour un aperçu, visionnez la bande-annonce diffusée sur BBC1 :

A lire dans la blogosphère, au sujet de Survivors :
- Les reviews épisode par épisode sur Critictoo.
- La présentation du premier épisode sur Récits de séries.
- L'article consacré à la série sur le blog du monde des séries.


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