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2009, « année de l'Europe en Europe »

Publié le 04 janvier 2009 par Roman Bernard
2009, « année de l'Europe en Europe »2008 aura davantage familiarisé les Français avec les institutions européennes, grâce à une présidence française du Conseil européen dont le LHC Xerbias a raison de dire qu'elle a été un réel succès.
Elle l'a été essentiellement pour des causes conjoncturelles, avec la coordination réussie par Nicolas Sarkozy des réponses européennes aux deux crises russo-géorgienne et financière, intervenues au tournant de l'été. Pour le reste, la France a, comme chaque État-membre prenant la présidence tournante, assuré une forme de magistère de l'Union européenne, qui lui a permis de pousser des dossiers dont je suis bien placé pour savoir que certains étaient dans les cartons bien avant le 1er juillet de l'année dernière. Cette nuance étant apportée au bilan triomphaliste fait par le chef de l'État lors de ses traditionnels vœux, où il a encore parlé abusivement de « présidence de l'Union européenne », il faut reconnaître à ce dernier d'avoir su la mener à bien.
Si 2008 a été, en quelque sorte, « l'année de l'Europe en France », 2009 sera « l'année de l'Europe en Europe », avec les élections parlementaires de juin prochain.
Indifférence des anciens médias, utilité des blogs
Il est fort probable, cependant, que les médias français, la présidence française étant terminée, renouent avec leur relative indifférence à l'égard des politiques européennes dont on sait pourtant l'importance, surtout depuis l'élargissement de la procédure de codécision permis par les traités d'Amsterdam en 1999 et de Nice en 2003, laquelle procédure donne des pouvoirs très importants au Parlement européen de Strasbourg.
Aussi réponds-je présent à l'appel lancé par un blogueur influent pour débattre de la campagne parlementaire européenne sur les blogs. Moins téméraire que Jacques Attali, qui avait justement prédit que la campagne présidentielle française de 2007 se jouerait sur le thème de l'identité nationale, je me contenterai ici d'espérer que les questions relatives à la culture européenne prendront le pas sur celles liées à l'économie. La crise financière, toutefois, me laisse peu de chances d'avoir raison.
Parlons culture
Cette nécessité de traiter le thème de l'identité culturelle de l'Europe va apparaître manifeste avec la rituelle agitation de la question turque par les souverainistes, même si, à l'évidence, les élections à venir n'ont aucune forme de rapport avec elle.
On peut supposer que, comme à leur habitude, ils affirmeront leur refus de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne pour deux types d'arguments tout aussi spécieux l'un que l'autre. Ces arguments seront d'ordre géographique, avec l'invocation des fameuses frontières que ne sont pas le détroit du Bosphore et celui des Dardanelles, ou religieuses, alors que, si ce dernier facteur a son importance, il n'est que partiel, celui qui doit conduire au rejet de la candidature turque étant culturel, civilisationnel. Il sera donc utile, dès que les Dupont-Aignan, Villiers et Le Pen préempteront le débat électoral pour y imposer la question turque, de débattre des véritables raisons pour lesquelles la Turquie ne peut pas intégrer l'Union européenne, et, au-delà, de définir plus précisément la culture européenne.
Il est en effet urgent que l'identité européenne cesse d'être appréhendée selon de purs critères géographiques et socio-économiques, en un mot technocratiques, et le soit davantage sur le plan de la civilisation, c'est-à-dire à la fois de l'histoire et de la culture. Ainsi, la définition que je donnais de l'Europe et de son identité dans une intéressante discussion avec le même Xerbias deviendra plus claire : l'Europe est la partie du continent eurasiatique où prédomine la civilisation occidentale. Elle n'est donc, à cet égard, qu'un sous-ensemble de l'Occident. Je me saisirai de toutes les occasions possibles pour réitérer cette conception. Je sais bien que l'on me reprochera de « radoter ». Que ma position, aussi étrangère à celles des nationalistes et des européistes que des américanolâtres, semblera à certains incohérente. Mais, à ma connaissance, je suis le seul blogueur de langue française à la tenir. Et il se pourrait, si toutefois la campagne venait à porter sur les questions de civilisation, que cette position soit la plus pertinente.
Roman Bernard
2009, « année de l'Europe en Europe »
Criticus est membre du Réseau LHC.

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