Magazine Environnement

Hervé Juvin, le psychopathe du développement durable

Publié le 04 janvier 2009 par Ecosapiens

auroch2Allez on hausse un peu le ton ! Après tout, on est sur le blog, là où l’on peut dire du bien des gens qu’on aime bien… et du mal des gens qu’on aime peu.

Aujourd’hui…le président d’Eurogroup, un cabinet tellement célèbre qu’il peut prétendre sans rire être le 1er cabinet de conseil en organisation et en management. Ca tombe bien eco-SAPIENS est le deuxième ! Vous ne le saviez pas ? Rassurez-vous, il ne tient qu’à vous d’affirmer désormais être le troisième…

Aujourd’hui donc: Hervé Juvin

Qu’il y ait des tas d’”experts” qui vantent la mondialisation heureuse et le TINA (There Is No Alternative) c’est finalement assez normal. Qu’ils occupent la quasi-totalité des tribunes médiatiques, c’est déjà un peu suspect. Mais qu’on leur offre un tapis rouge vert dans les différents salons parlant de développement durable, voilà qui peut interpeller.

J’ai déjà dit qu’inviter systématiquement Jacques Attali à tous les salons qui parlent de DD relevait d’une véritable idôlatrie… ou plutôt idrôlatrie. Sous prétexte que le développement durable repose en partie sur l’économie, on invite les habitués sans effectuer de tri sélectif.

Ainsi, peut-on vraiment attendrfe quelque chose de durable dans les propos  d’Hervé Juvin ?
Quelques extraits de son dernier opus pour ceux qui découvrent le bonhomme:

“Le fleuve qui roule des flots indomptables, la source inépuisable qui gargouille sous les mousses, la forêt vierge de toute pénétration humaine, les hordes innombrables de rennes, de gnous ou d’éléphants, et la générosité surabondante de chaque printemps qui fait reverdir la végétation et gonfler les récoltes futures… Nous en sommes sortis. Jamais plus ces images de la prodigalité et de la gratuité souveraines de la nature ne seront nôtres. Le monde n’est pas seulement fini, il est petit, compté, et sera disputé. C’est notre chef-d’oeuvre. Nous devons l’assumer, et nous préparer à produire un monde qui ne sera pas sans que nous ne l’ayons voulu, pensé, choisi, financé.

C’est rigolo cette dichotomie homme/nature. On assume que l’homme ait flingué la nature et on dit “c’est pas grave”, “on va se retrousser les manches et produire le monde dont on rêve”. Ca me rappelle que parfois, ma prof de math écrivait sur ma copie, après une demi-page de démonstration inutile “pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?”. Ici, on pourrait protéger, partager, reconsidérer mais non ! On va carrément financer le monde dont on rêve. A aucun moment on ne s’interroge sur le rôle de ladite finance qui depuis soixante est à l’oeuvre et qui a effectivement produit le rêve qu’on connaît aujourd’hui…

“Le défi est de taille, et pas seulement économique.

“D’abord, il suppose une transformation accélérée de nos mentalités, pour anticiper, imaginer et concevoir. Il y a si longtemps qu’avoir chaud l’hiver et frais l’été, boire l’eau du robinet, disposer des fruits et légumes de son choix en toute saison, pouvoir se déplacer selon son envie et avoir accès à une nourriture abondante, diverse, de bonne qualité et à bas prix, nous semble aller de soi !
Faudrait pas tout mettre dans le même panier… Il y a une différence entre boire l’eau du robinet et exiger des fraises en hiver ou jouer au golf dans le désert californien… Je vous vois venir Mr Juvin. Mettre sur le même niveau de véritables progrès et des caprices égoïstes est pour le moins incongru. Et si l’on refuse ceux-ci, c’est qu’on refuse ceux-là ? On n’arrête pas le progrès ? On le choisit ! Vous allez tout de même pas faire le coup de ceux qui veulent retourner à l’âge des cavernes sous prétexte que certains n’ont pas la même conception du progrès

[...]

“Ensuite, il s’agit d’en finir avec les fantaisies régressives  si répandues depuis que les nouvelles raretés, et d’abord celles de l’énergie, sont apparues, depuis aussi que la surabondance installée dans les sociétés occidentales débouche logiquement sur la saturation, voire la déception (tout ça pour ça ?). La décroissance, le retour à la nature (mais laquelle ?) ou à la terre, la limitation des activités humaines, l’arrêt du progrès et les autres fantaisies régressives qui retardent la prise de conscience du désastre environnemental proche n’ont aucune chance d’ouvrir les voies collectives d’un quelconque « no future » acceptable.

Allez, on mélange tout: le retour à la nature, les activités humaines (le travail vous voulez dire ? quand on y réfléchit, limiter le travail paraît plutôt souhaitable… à moins qu’il ne faille s’activer pour s’activer) et l’arrêt du progrès (ah le progrès… le mot magique qui recouvre l’accès à l’eau potable comme la piste de ski à Dubaï).
Puisque vous affectionnez le terme “fantaisies régressives”, je voudrais vous rappeler que la prise de conscience n’est pas vraiment venue des financiers, économistes, politiques et experts de votre acabit. Mais vous, 50 ans après, il est plus simple de suivre la girouette et de dire que non seulement on a conscience du désastre environnemental mais surtout qu’on ne fait pas partie des fantaisistes réactionnaires.

Car, partout autour de nous, le monde est assoiffé de croissance, enchanté de consommation et d’accès au marché, car il se précipite dans un tourbillon d’activité qui ne promet en rien modération, renoncement et abstinence.

Vous avez demandé au monde entier s’il était assoiffé de croissance ? Y en a-t-il un qui sait ce qu’est la croissance ? Le savez-vous vous-même ? Je dis cela car la dernière fois, sur France Inter, je devais répondre à un expert de votre acabit, écouté au Sénat et tout, qui lui était assoiffé de croissance… sans connaître la définition !

Enchanté de consommation et d’accès au marché“. Moi aussi quand je suis né j’étais enchanté à l’idée qu’un jour moi aussi je pourrais accéder au marché ;-) Comme quoi nous n’avons effectivement pas les mêmes fantaisies, pas les mêmes enchantements.

Au point qu’il faut mesurer ce qu’il y a d’indécent dans certaines exigences européennes, vu de Pékin ou de Bombay. Au nom de quoi refuser aux trois ou quatre milliards d’hommes qui rêvent de consommation ce dont nous nous gavons depuis un demi-siècle, ce que nous leur avons promis pour rallier leurs soutiens et les enrôler dans notre cause ?

Les enrôler dans notre cause ! Vous appelez cela une cause ?
Au nom de quoi refuser au reste du monde ce dont nous nous gavons ? Tout simplement au nom de la fraternité. On ne dit pas à ses frères de prendre une voie qui ne mène nulle part sinon à l’auto-destruction.

“Enfin, nous n’avons pas le choix, nous qui nous félicitons qu’un humain sur deux sera porteur d’un téléphone cellulaire dans deux ans, nous qui nous empressons de diffuser partout les images irrésistibles de la consommation d’abondance et de la croissance sans limites, devenues notre monde, notre mode de conquête des esprits et des désirs.

A qui donc avez-vous adressé ces vives félicitations ? Et pourquoi diable n’avons-nous pas le choix ? La Pythie a parlé ?

“Car notre triomphe comporte une obligation. Quand le désir unique du même mode de vie aura balayé le monde, six ou sept milliards d’humains vont vouloir de toutes leurs forces et un jour de toutes leurs armes, vivre comme nous - adopter un mode de vie hors du monde. Hors du monde ? Sans doute, puisque les ressources de la nature telles que nous les mobilisons jusqu’à aujourd’hui ne permettent pas à plus d’un milliard d’hommes de vivre comme, par exemple, un Américain moyen.

C’est bien le problème…

Ce qui a permis aux hommes d’occuper des niches écologiques différentes, selon des modes de vie différents, et sans comparaison basée sur une échelle unique, et qui s’appelait l’éloignement, la séparation, la différence, a été balayé - nous l’avons balayé. Pêcheurs nomades tamouls ou vezos, éleveurs peuls vivant de lait, chasseurs de miel thaïs, tous aspirent désormais au portable, au 4 × 4 et à la « clim » aux mois chauds. Tous n’en auront pas ensemble et en même temps les moyens. Et nous sommes responsables de produire un monde qui leur permettra de satisfaire leurs désirs, parce que nous sommes responsables de ces désirs, ou plutôt, de l’unification du monde par un désir unique, qui peut signifier la guerre de tous contre tous, et la fin de l’espèce humaine.

Ca y est j’ai compris le raisonnement ! Vous aimez cette société de consommation délirante. Vous réalisez que ce n’est pas généralisable mais vous partez tout de même de l’idée que les gens qui ne connaissent pas notre opulence (relative !) aspirent à faire comme vous. Donc… vous dîtes ni plus ni moins que c’est encore à nous les supers fortiches de développer des supers technologies pour que tout le monde puisse vivre comme nous. Un peu le même genre d’argument que pour les déchets nucléaires. On reporte, on mise sur d’hypothétiques technologies du futur. L’homme a toujours réussi à s’en sortir n’est-ce pas ? Bon ca se défend comme vision. Possible que sur l’île de Pâques, les Pascuans ait imaginé qu’une nouvelle technologie leur permettrait de replanter des arbres même sans graines.

“Le défi n’est pas autre que ce que réchauffement climatique, pénuries alimentaires, disparition des espèces et dégradation du milieu nous répètent avec insistance à peu près chaque jour : les chances de survie de l’espèce humaine se réduisent de manière accélérée. Ce n’est pas la nature qu’il faut sauver, c’est l’homme qui est en danger, et qui devrait se mettre au premier rang des « endangered species », ces espèces menacées sur lesquelles la nature pose son regard minéral, sa radicale indifférence aux accidents des espèces.

Si l’espèce humaine est menacée, je crois qu’il y en a certains qu’on regrettera moins que d’autres :-)

“C’est le défi de l’Occident, il devra payer, il devra travailler, et il devra surtout poursuivre le défi qu’obscurément, depuis la Renaissance, il s’est donné à lui-même, nous nous sommes donné à nous-mêmes : achever le projet libéral, celui de l’homme que ne détermine plus ni la nature, ni les éléments, ni quoi que ce soit qui lui soit extérieur ; faire de l’homme le dieu créateur de son monde, du monde partagé, désirable, et aimable.

Un défi obscur en effet. J’ignorais que la Renaissance avait ce projet de faire de l’homme un Dieu.

“Il va de soi que le plus difficile n’est ni de le financer ni de le concevoir. C’est de le rêver jusqu’à le désirer assez fort pour le faire. ”

Rêver pour désirer pour faire ! Autant dire avec la sagesse populaire : quand on veut on peut… Toute cette prose pour ça ? Merci Monsieur Juvin. Régalez bien les 5èmes assises nationales du développement durable !

Eh oui, le mardi 20 Janvier, Hervé Juvin nous indiquera quel chemin pour sortir de la crise lors des assies nationales du DD à Lyon

Ne le ratez pas si vous avez la chance d’être sur Lyon ce jour là !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ecosapiens 23801 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte