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L’appel du climatologue en chef de la NASA

Publié le 05 janvier 2009 par Pyxmalion @pyxmalion

Article publié dans Le Monde du 30 décembre 2008 :

“Pour préserver le climat de la Terre d’une dérive dangereuse et incontrôlable, il faut bannir le charbon, taxer le carbone et accélérer les recherches sur le nucléaire. C’est, en substance, la teneur de la lettre (document PDF en anglais) adressée, mardi 30 décembre, par l’influent climatologue James Hansen au président élu des Etats-Unis et à son épouse. Figure mondiale de la climatologie, directeur du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA, l’auteur écrit à “Michelle et Barack” sans s’embarrasser de convenances. Mais, pour être sûr qu’elle soit lue par ses destinataires, il a confié sa missive au physicien John Holdren, le nouveau premier conseiller scientifique de la Maison Blanche.

Certes, s’excuse M. Hansen en préambule, la lettre est un peu longue - quatre pages. Mais “l’attention personnelle que vous aurez pour ses détails pourrait faire toute la différence sur ce qui est sûrement le sujet le plus important de notre temps”, poursuit-il. Le climatologue, célèbre pour avoir alerté le premier, en 1988, de la réalité des périls du réchauffement, formule trois requêtes. Trois conditions pour combler la “profonde déconnexion entre les actions envisagées dans les cercles dirigeants et ce qui est exigé par la science pour la préservation de la planète”.

M. Hansen propose d’abord au président élu l’adoption d’un moratoire sur toute nouvelle construction de centrales électriques à charbon ne capturant pas le dioxyde de carbone (CO2) émis. Puis la mise au rencart progressive de celles en activité. Engagé dans une croisade contre le charbon, M. Hansen avait, voilà quelques mois, formulé la même demande à Angela Merkel et à Gordon Brown.

BANNISSEMENT DU CHARBON

Outre le bannissement du charbon, très émetteur de CO2, M. Hansen propose un mécanisme de taxation du carbone capable, selon lui, de ” décarboner” l’économie” américaine et d’”aiguillonner l’innovation”, tout en aidant ” les plus démunis et le climat”.

L’idée est d’une désarmante simplicité. Au lieu de recourir à la machinerie complexe du marché des émissions, il s’agit d’instaurer une taxe carbone sur tous les produits, proportionnelle à leur contribution au changement climatique. “Pas un centime” de cette taxe n’irait grossir le budget fédéral américain : son produit serait reversé à la population, tous les mois, “sur la base de parts égales, avec une demi-part par enfant et un maximum de deux enfants par foyer”, écrit James Hansen.

Au terme de ce mécanisme, “une personne réduisant plus que la moyenne son empreinte carbone gagnerait de l’argent”. Le système aurait d’autres vertus : les produits locaux n’ayant pas nécessité de longs transports seraient moins coûteux. Quant à l’immigration illégale, elle serait découragée, car “tout monde paie la taxe, mais seuls les citoyens légaux en collectent le produit”…

Enfin, estime le climatologue, bien que “l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et un réseau électrique intelligent méritent la priorité”, il est “urgent de soutenir fortement la recherche et le développement sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération”.”

Stéphane Foucart


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