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Les USA sont-ils proches du depot de bilan

Publié le 05 janvier 2009 par Graphseo
"Summers, comme la plupart de ses compatriotes, a tenu pour acquis que le modèle américain représentait le meilleur moyen d'organiser l'économie – la preuve en étant que les Etats-Unis avaient émergé comme l'unique superpuissance." C'est avec ces mots que le journaliste du magazine mensuel américain Portfolio, John Cassidy, commente le voyage au Japon effectué, en 1998, par Larry Summers, alors secrétaire au Trésor des Etats-Unis. Il y était allé pour donner des leçons d'économie au Japon, alors en pleine crise financière. Ce titre de superpuissance est aujourd'hui plus que contesté. Quel avenir peut-on imaginer pour la vacillante première économie mondiale ? Ce n'est pas une crise passagère que traversent les Etats-Unis, mais une remise en question de leur modèle. Pour John Cassidy, le fond du problème est que les trois piliers de la suprématie économique américaine – puissance de Wall Street, capacité à imposer sa politique à l'étranger et domination du dollar – se sont effrités. Trois domaines interdépendants auxquels la crise est venue porter un coup d'arrêt. Les Américains vont avoir du mal à inverser le cours des choses. Le bourbier intérieur
"Tout ce que j'observe me dit que, malgré le net déclin déjà enregistré, une chute mortelle de la valeur des logements nous attend encore, car la dépression et la déflation se profilent. La prochaine étape du grand cauchemar immobilier américain est juste devant nous", alerte l'analyste financier Martin Weiss. La crise est venue de l'immobilier et le secteur est toujours en plein marasme. En octobre, le nombre de nouvelles constructions a chuté de 6,3%, selon le département du Commerce américain. Il s'agit du niveau le plus bas de ces dix-huit derniers mois. Pourquoi construire de nouveaux logements alors qu'il en existe déjà trop ? Plus de quatre millions de biens cherchent toujours un acquéreur sur le marché national, une offre suffisante pour les dix mois à venir. Or, un marché immobilier est considéré équilibré lorsque le réservoir de produits à la vente correspond à six mois de transactions. Du côté des propriétaires, pas d'embellie non plus. Les prix des logements chutent, mais les traites demeurent toujours aussi élevées. Au moins 7 millions et demi d'Américains doivent désormais plus d'argent que ce que vaut leur maison, d'après l'organisme de recherche sur l'immobilier First American Core Logic, tandis que MoodysEconomy.com estime qu'ils pourraient bientôt être 12 millions dans cette situation. Impossible d'imaginer une amélioration sur le front de l'immobilier alors que plus de 4 millions d'Américains viennent de manquer au moins une fois l'échéance de leur remboursement. Le salut n'est pas à chercher du côté de l'industrie qui, bien au contraire, n'en finit pas d'agoniser depuis le début de la crise. Terminé l'espoir qu'un dollar faible sauverait les fabricants en favorisant les exportations. En octobre, l'activité dans le secteur industriel s'est contractée plus rapidement qu'elle ne l'avait jamais fait depuis 1982, selon l'indice de l'Institute for Supply Management. Il est peu probable que la situation s'améliore. D'autant que les géants du pays dépendent maintenant du bon vouloir du gouvernement pour leur survie, comme en témoigne la lutte des Big Three de l'industrie automobile, General Motors, Ford, Chrysler. Quant aux pays étrangers, également victimes de la crise du crédit, ils ne sont pas prêts de se ruer sur les produits made in USA, plus chers que ceux fabriqués en Chine. Ce qui ne manquera pas d'approfondir une autre plaie : le chômage. D'après l'AFP, l'économie américaine a perdu 1,2 million d'emplois depuis le début de l'année et l'état de l'industrie laisse présager de nouveaux plans de licenciements. Le taux de chômage est passé de 4,5% au début 2007 à 6,5% en octobre 2008. Son plus haut niveau depuis quatorze ans. La situation des Américains nous intéresse car elle nous enseigne une chose : la relance aura du mal à se faire par la consommation. Industrie au ralenti, ménages endettés, voire au chômage : autant d'indices qui montrent que l'amélioration économique ne viendra pas des consommateurs. La situation dont hérite Barack Obama est bien différente de celle du début de mandat de George W. Bush en 2001. A l'époque, l'économie ralentissait également. Une donnée majeure changeait cependant la donne : le crédit. Dans sa lettre d'information, Thoughts from the Frontline, John Mauldin précise qu'entre 2 et 3% de la croissance du PIB étaient alors dus aux emprunts immobiliers ou à ceux pour la consommation des ménages. Aujourd'hui, les crédits sont bloqués et les Américains sont de toute façon peu enclins à emprunter. La Fed a déjà fait passer ses taux de 5,25%, il y a un an, à 1% en octobre, sans que cela ne relance pour autant les mécanismes du crédit. La nouvelle baisse d'un demi-point de la Réserve fédérale en décembre n'a pas changé la donne. Parvenue à un seuil aussi bas, la Banque centrale américaine a grillé presque toutes ses cartouches.

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