Dernier Cosmétiquemag : Vincent Bastien raconte comment, alors chez le verrier Saint-Gobain, il a observé que lors de la crise en Asie, il avait prédit que les ventes de vernis à ongles allaient s'effondrer : "Or c'est le contraire qui s'est produit : les femmes voulaient garder la mode-plaisir. C'est de l'achat de consolation".
L'EFFET ROUGE A LEVRES
Vernis à ongles, rouge à lèvre : on appelle ça le "lipstick factor". De la grande dépression jusqu'à la la recession des années 90, les ventes de certains produits de beauté ont en effet connu de belles embellies. Cela a donné lieu à une théorie selon laquelle, par temps de crise, les consomamteurs repoussent les gros achats d'équipement (voiture, électro-ménager, meubles) et se tournent vers des achats-plaisir, des luxes accessibles, pour se remonter le moral en ces temps difficiles. Plus facile de s'acheter un Rouge Dior qu'une Jaguar ces derniers temps...?
Cet "effet rouge à lèvres" est très souvent cité ces derniers temps, pour attester que le secteur de la beauté résistera mieux que les autres à la crise actuelle. Est-ce bien sûr ? Cosmeticsdesign remet cette affirmation en question, sur la base de deux faits troublants.
- Le premier, c'est que la population des cols blancs est à la fois la clientèle habituelle de la beauté de luxe, et la première touchée par la crise.
- La seconde, et non des moindres, c'est qu'entre temps, la premiumisation du marché est passée par là : les prix des rouges à lèvres de luxe ont monté, et une offre accessible et attrayante existe maintenant à très petit prix dans la grande distribution, voire à 1 euros ! Dans ces conditions, pas sûr que le "lipstick factor" profite au luxe.
- Un troisième élément pourrait s'y ajouter : contrairement aux années 90, certains affirment que la crise actuelle s'accompagnerait d'une remise en question profonde des mentalités et des comportements, notamment de la surconsommation au profit de la frugalité. Aïe, aïe, pour le rouge à lèvres, ça commence à sentir le roussi !
Après la contre-théorie, la pratique. Budelpack Cosi, sous-traitant britannique de l'industrie cosmétique, a été la première victime "beauté" de la crise. Et il semble qu'effectivement, aux Etats-Unis, l'industrie des petits plaisirs ne soit pas à la fête, et les analystes annoncent que le "lipstick factor" ne fonctionne pas (ou plus). Même son de cloche ici, ici...