Avec l'interruption des livraisons de gaz vers l'Ouest, c'est un coup de tonnerre qui a retenti en Europe. Avec l'arme énergétique et économique, la Russie, par l'intermédiaire de Gazprom, tient toute l'Europe Orientale entre ses mains et pose de sérieux problèmes à l'Europe occidentale. Qui l'eût cru ? En Bulgarie, on grelotte littéralement par des températures qui atteignent plus de 10 degrés en dessous de zéro. A la source de l'arrêt brutal des livraisons, un conflit politique et diplomatique entre l'Ukraine et la Russie. La seconde accuse la première de détourner du gaz. Les deux pays veulent prendre à témoin l'Europe, et n'ont rien trouvé de mieux comme solution, pour ce faire, que de bloquer l'arrivée du gaz pourtant déjà payé en temps et en heure dans le cadre de contrats décennaux. Ce sérieux avertissement relance la nécessité absolue pour l'Europe d'une part de diversifier ses approvisionnement, mais surtout de développer des énergies qui lui garantissent une véritable indépendance énergétique. Seules les énergies renouvelables semblent à même d'offrir une telle garantie.
"Monsieur le Commissaire, permettez-moi toutefois d'exprimer deux regrets. D'une part, la faiblesse du financement disponible au titre des réseaux transeuropéens de l'énergie, probablement tout juste suffisant pour financer quelques études de faisabilité. Et d'autre part, vous savez, Monsieur le Commissaire, que le Parlement n'a pas souhaité remettre en cause la légitimité des projets figurant dans les annexes du rapport. Et pourtant, il me semble que la priorité devrait être donnée aux projets qui contribuent à la sécurité d'approvisionnement du plus grand nombre d'États, favorisant ainsi cette dimension européenne. Je pense notamment aux États baltes, dont les réseaux de gaz sont largement insuffisants pour les approvisionner de manière sûre et durable, sachant que la priorité a été donnée au gazoduc Russie-Allemagne en raison des accords passés entre M. Schroeder et M. Poutine. Je vous demande d'encourager la mise en place des infrastructures nécessaires aux approvisionnements de tous les États. "
Je ne peux pas encore diffuser les résultats des travaux de la commission énergie du MoDem pour l'Europe, en raison d'une nécessaire confidentialité pour l'instant, mais je peux tout de même dire que cela va à peu près dans le sens des observations générales de l'ADLE, et tout à fait dans celui des propos d'Anne Lapérouze. Bref, pas question de cailler de froid une fois de plus faute de livraisons de gaz ad hoc.
Le 19 mai dernier, en commission Industrie, Anne Laperouze avait emporté un vote décisif en obtenant que GDF ne soit pas démantelée et son patrimoine de gazoducs dispersé. Elle observait alors : " Le marché du gaz est un marché particulier : les producteurs de gaz sont en effet pour la plupart situés dans des pays tiers. Il nous appartient donc de ne pas se précipiter dans des solutions et mécanismes qui fragiliseraient l'UE. La propriété des réseaux est une question cruciale qui mérite qu'on y réfléchisse pas de manière idéologique "
Les faits récents semblent bien lui donner raison.