Quand j’étais en seconde, on avait une matière à choisir parmi différentes options, type « mécanique » et « couture ». Je ne savais alors pas que j’allais devenir un célibataire endurci et je regrette parfois de ne pas avoir choisi « couture ». J’avais préféré « dactylographie ». Les copains se foutaient de ma gueule en disant que c'était un truc de filles en oubliant, bêtement, que, justement, pendant leurs cours de mécanique, ils auraient assez peu l'occasion de fréquenter des gonzesses. Principe de base : quand on est jeune on est con. A 15 ans, je savais déjà que manier un clavier me serait plus utile dans ma vie future que manier une clé à molette.
Le résultat est simple : je tape très vite sur le clavier sans le regarder et avec quasiment tous les doigts (en préservant ceux qui me servent à curer ce qui est curable).
Beaucoup de types qui pianotent en permanence s’imaginent taper vite : ils se trompent. Ils doivent en permanence regarder le clavier pour retrouver leurs marques et revenir en arrière pour corriger des petites fautes de frappes. Pas moi. Il m’arrive même de taper des textes sous la dictée de mes chefs et mes collègues sont verts de jalousie (sans réfléchir à la conséquence : c’est moi qui me tape parfois les boulots de merde qui résultent de cette dextérité).
Ainsi, j’arrive à taper les phrases des billets de blogs à la vitesse où je les pense ! C’est bien pratique et ça a un avantage : quand je rédige un texte, je peux me concentrer à 100% sur ce que j’ai à dire puisque je ne suis pas préoccupé par la frappe.
C’était le premier secret.
Dès l’âge de 13 ou 14, j’étais passionné par l’informatique et je passais des heures à bricoler sur des ordinateurs (à un point que maintenant je n’aime plus trop faire de la technique). Dès 21 ans, j’en ai fait mon métier. En ayant 42 maintenant, ça fait donc 21 ans (moins les deux mois de « classes » pendant le Service Militaire) que je passe l’essentiel de mes journées de travail devant un clavier (sans compter une partie des loisirs). J’ai donc bien l’habitude d’utiliser ces petites machines.
Il y a douze ans, les hasards de la vie professionnelle ont fait que j’ai laissé tomber la technique pour me tourner vers ce qu’on appelle « la maitrise d’ouvrage ». Mon principal outil de travail est maintenant Word. Ca fait 12 ans que je rédige des textes et que j’utilise Word au quotidien.
C’est une chose de « connaître Word » voire de « maîtriser Word » mais ça ne remplace pas l’expérience…
C’était le deuxième secret.
Pendant cette carrière professionnelle, pendant 5 ou 6 ans, une partie importante de mon boulot consistait à faire des comptes rendus de réunion et des notes diverses pour des groupes de travail, des comités machin et des conseils de direction. Outre le fait que ça m’apprend à écrire au sujet de n’importe quoi avec une prédilection pour les sujets auxquels je ne comprends rien, c’est bien formateur et, surtout, ça apprend à relativiser l’importance de l’écrit.
Quand, en tant que consultant, vous faites une note pour un conseil de direction, ça va être relu par un employé normal, son chef de service et deux niveaux de direction avant que ça ne tombe sur le boulot du Directeur Général. Chaque échelon hiérarchique va exiger des modifications, y compris le DG qui devra présenter la note en Conseil de Direction. Ceci à deux effets. Le premier est que vous vous en foutez d’écrire des conneries : la note sera tellement relue que vous ne serez plus responsable des conneries (ceci explique notamment certaines bourdes dans mes billets car je ne me relis que rapidement). Le deuxième est que vous ne rédigez pas pour faire la note idéale pour le conseil de direction mais pour le niveau hiérarchique à qui incombera la lecture suivante.
Ainsi, la manière dont est écrite un texte importe assez peu dans mon job : ce qui est important c’est qu’il soit fluide (lisible rapidement) et que vous fassiez passer l’idée que vous avez envie. Il m’arrive ainsi souvent d’écrire des mails internes en mode PMA ce qui déclenche la surprise de mes collègues qui se disent « Comment il peut oser ? Le chef ne va pas être content ! »… en oubliant que le chef sera le premier à rigoler.
Pour les blogs, c’est pareil.