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Critique // Choke (2009)

Publié le 08 janvier 2009 par Noidor
Critique // Choke (2009)

Critique // Choke (2009)Après un Fight Club intense, Chuck Palahniuk remonte dans le manège du septième art en voyant un autre de ses livres adapté au grand écran. Choke suit l'histoire de Victor Mancini, un accro au sexe qui, lorsqu'il n'est pas occupé à baiser dans tous les coins, profite de la naïveté de personnes qui l'ont un jour sauvé alors qu'il s'était volontairement fait suffoquer avec de la bouffe dans un restaurant.
Même si le réalisateur de Choke n'est pas le même que celui de Fight Club, il est très probable que beaucoup de gens aient énormément d'attentes vis-à-vis de ce film, peut-être même un peu trop. Non pas que le rendu final soit une catastrophe, loin de là, mais on se retrouve devant une comédie cynique qui est tantôt comique, tantôt cynique, jamais les deux en même temps.
Clark Gregg a beaucoup retravaillé le livre original de Palahniuk (avec l'accord de ce dernier, bien sûr) et j'ai lu pas mal de critiques de personnes déçues par la mauvaise fidélité du film au livre. Je n'ai pas lu le livre, de fait je ne pouvais pas juger sur ce point-là.
Critique // Choke (2009)

A force de vouloir la jouer finement, Gregg finit par tomber dans une sorte de manichéisme purement formel, en tressant tout spécialement pour le spectateur (quelle délicate attention) des ficelles grosses comme des troncs de baobab. Spectateur qui, grosso modo, passe son temps à se dire à lui-même: 'Ah tiens, là c'est tragique.' 'Ah et là on est passé au comique.' 'Et revoilà le tragique.' 'Tiens, le comique revient au galop.'
Et ce, à intervalles presque réguliers, montre en main.
Heureusement, plusieurs choses viennent contrebalancer cette forme d'une superficialité à tomber à la renverse; l'excellente prestation des acteurs fait toute la force du film, avec un Sam Rockwell divinement choisi et une Anjelica Huston qui, comme son personnage, n'est pas tout en retenue du tout. Et c'est tant mieux, l'aurait plus manqué que ça. Parce que Palahniuk a le chic pour bâtir des personnages hauts en couleur, du genre de ceux qui sont faits pour crever la pellicule dès la première scène.
Vient ensuite le propos du film, qui lui doit être, j'imagine, relativement fidèle au livre (Palahniuk a lui-même donné son feu vert pour le scénario de Gregg, ça peut quand même pas être autant à côté de la plaque.) L'histoire d'un homme qui se considère lui-même comme un pauvre con, incapable d'aimer, qui défoule ses frustrations en imaginant nues toutes les femmes qu'il croise. Un Hank Moody moins bien construit, en quelque sorte.
Critique // Choke (2009)

Comme ça arrive assez fréquemment dans le cinéma contemporain, toute la rhétorique de Choke peut tenir dans une seule et unique phrase, lancée innocemment en l'air quelque part dans cette heure trente d'images sur pellicule: "Lorsque quelqu'un vous sauve la vie, il vous aime éternellement." Ce petit bout de philosophie est à la fois la condamnation et la rédemption de Victor, qui en tire profit via les naïfs lui ayant sauvé lors de ses étouffements habituels dans les restaurants, alors même qu'il s'agit de la phrase qui l'a lancé dans ce mode de vie absurde et redondant.
Mais malgré ces bonnes pistes plutôt bien explorées, ce qui ressort du film est mitigé: comme l'a très bien résumé quelqu'un sur Rotten Tomatoes, "Tous les éléments sont là; il ne reste plus qu'à les coller ensemble nous-mêmes."

Sortie le 21 janvier 2009

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