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Réformes des grades - L'Ugb dans le paradoxe : Spectre d'une année blanche sans grève

Publié le 10 janvier 2009 par Black2004

Omar Mbodj, chargé des revendications, Amadou Kah, chargé des questions juridiques et extérieures, Mamadou Woury Sall, pour les revendications, tous du Syndicat autonomes des enseignants du supérieur (Saes), section Saint-Louis, font partie de ceux qui combattent depuis des années pour exiger la réforme des grades ŕ l’Université Gaston Berger (Ugb). Ils avaient, face au dilatoire des autorités et ŕ des rendez-vous plusieurs fois manqués de la part de celles-ci, décidé de ne plus assurer des cours magistraux pour s’en limiter aux strictes obligations de la loi. Męme si, depuis ce 5 janvier, les autorités ont promis de mettre en branle un calendrier devant aboutir ŕ une réforme des grades, ils ont décidé tout juste de suspendre et non de renoncer ŕ leur mot d’ordre, en veillant au déroulement correct de l’agenda décliné par le recteur de l’Ugb.

Omar Mbodj, Amadou Kah, Mamadou Woury Sall ont tenu, au cours d’une visite ŕ la rédaction, ŕ expliquer les raisons de leur combat pour exiger une réforme des grades, adoptée par l’Ag de l’université de Saint-Louis qui, «au nom du principe de l’autonomie, peut délibérer et exécuter».  
Pour plusieurs raisons, depuis le début de l’année, l’Université de Saint-Louis est bloquée, non pas ŕ cause d’une grčve des étudiants ou des enseignants, mais du fait d’un ralentissement des cours qui ne se font qu’ŕ 70 %. Les enseignants cités plus haut rappellent l’existence de la loi 1981 qui réglemente le statut du personnel enseignant et de recherche au Sénégal. Or, au terme de cette disposition, aux articles 2, 3, 4 et autres, il est précisé chaque catégorie et l’étendue des attributions de chaque catégorie d’enseignants ŕ l’université. C’est ainsi, que dans les normes, un professeur, un professeur titulaire, ou maître de conférence, peut faire jusqu’ŕ une charge horaire de 5 heures de cours magistraux par semaine. Avec ce statut, il se trouve qu’un maître-assistant ne pouvait pas conduire des cours magistraux. Tout juste devait-il se limiter ŕ faire des Travaux pratiques ou dirigés, des enseignements d’appoint ; donc des moments d’approfondissement des cours magistraux. Seulement cette notion est imprécise ; une notion que l’on ne peut męme pas préciser et n’a jamais fait l’objet d’une précision.
Mais oů est donc le problčme ? Il se trouve dans le fait qu’ŕ l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, depuis 1990, ce sont les maîtres-assistants, les enseignants que l’on considčre de grades B qui, pour l’essentiel, animent les cours magistraux. Or, du point de vue de l’interprétation stricte de la loi 1981, normalement un maître-assistant n’a pas vocation ŕ assurer un cours magistral.  Mais la situation spécifique ŕ Gestion Berger fait que ce sont les enseignants estimés appartenir ŕ la catégorie B qui animent les cours magistraux. Sur la base des cours qu’ils dispensent, des évaluations qu’ils organisent, des diplômes sont délivrés. Et personne n’a trouvé rien ŕ redire par rapport ŕ cette «anormalité» normalisée de fait. «Nos étudiants se distinguent un peu partout, ŕ travers le Sénégal et le monde. Donc, on fait de bons résultats», déclare avec une pointe de fierté Amadou Kah.
Face ŕ une telle situation, l’exigence d’une réforme des grades a été brandie par des enseignants dits de rang B de l’Ugb, qui faisaient des cours magistraux pour suppléer le déficit ŕ ce niveau. En effet, ces derniers ont estimé que cette réforme est d’autant plus nécessaire qu’ils font des choses que la loi n’autorise pas. Il fallait, par conséquent, résoudre ce décalage entre le droit et les faits.
DE LA NECESSITE D’UNE REFORME
Professeurs chargés d’assurer les cours magistraux, enseignants dits de rang B, et responsables syndicaux, tous s’accordent qu’il est devenu nécessaire et pertinent de normaliser une «anormalité» instaurée ŕ l’Ugb, par une réforme des grades. Cela pour ętre en conformité avec l’Académie internationale, les universités de référence, qui ne connaissent pas les catégories maître-assistant, professeur, professeur-adjoint.
Si dans les milieux universitaires sénégalais, on parle de maître-assistant associé, un terme qui ne renvoie ŕ rien de précis. En France par exemple, le dispositif a été revisité depuis 1984. Et qui plus est, l’exigence et la pertinence de la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat) au plan des rapports avec l’Académie internationale, doivent nécessairement intégrer une réforme des grades. L’exigence est encore plus forte ŕ l’Ugb oů les enseignants de rang B sont pratiquement majoritaires dans la conduite des cours magistraux. En plus, selon nos interlocuteurs, il faut leur rendre justice, eux qui font des cours magistraux sans normalement en avoir le statut. C’est dire que l’alternative est la mise en œuvre d’un nouveau statut pour normaliser ce qui est jusque-lŕ une exception érigée en rčgle.
Ce ne sont pas les réflexions, ŕ travers des séminaires, des propositions faites aux autorités, qui ont manqué du côté du corps enseignant ŕ l’Ugb. En aoűt 2007 męme, une Assemblée générale de l’université a adopté la réforme des grades. C’est dans ce sens que des rencontres ont eu lieu avec les autorités pour la mise en application des délibérations de l’Ag de l’université.


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