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Blacks à part et White spirit

Publié le 04 février 2007 par Brunoh
Entre les noirs et les blancs : l’Êchec n’est malheureusement pas toujours un jeu.
L’excellent documentaire, diffusé mardi 30 et mercredi 31 janvier dernier sur Canal Plus, nous l’a prouvé, si besoin était.
Au début, je m’attendais au pire : une émission durant laquelle une famille de blancs décide de vivre pendant un mois dans la peau de noirs, tandis qu’une « black family » tente l’exercice inverse.
Voilà qui aurait pu être racoleur au possible.
En témoigne le début, qui insiste essentiellement sur la prouesse technique des maquilleurs – remarquable, il est vrai – qui parviennent littéralement à transformer les traits et la couleur de peau des protagonistes.
S’ensuit une série de « situations tests », tournées la plupart du temps en caméra cachée.
Le type blanc se rend successivement dans une agence immobilière pour louer un appartement, puis à un entretien d’embauche, grimé en noir ou sous sa véritable identité. Idem pour le black. Les différences de traitement n’apparaissent bien évidemment pas tout de suite de façon criante : le racisme français n’est plus celui des années 50. Beaucoup plus rampant et perfide, il consiste aujourd’hui en un travail de sape systématique, qui commence par une hypocrisie de façade et se termine par une réalité incontournable : trouver un job ou un appart, lorsqu’on n’a pas la peau blanche, relève du parcours du combattant.
Sans oublier un ensemble d’actes du quotidien, qui nous semblent banals en tant que blancs, mais qui deviennent particulièrement difficiles face aux préjugés raciaux.
Entrer en boîte de nuit, dîner au restaurant à une table que l’on a choisie, oser afficher sa différence : autant de choses qui ont davantage leur place dans une pub Benetton que dans la réalité de la société française du XXIe siècle.
United Colors of Bullshit ! Vous me direz qu’on n’avait pas vraiment besoin de semblable émission pour savoir que la France est un état inégalitaire et raciste.
Soit. Mais en vivre la démonstration criante, presque de l’intérieur, donne une toute autre dimension à la chose, en y ajoutant une dose d’empathie qui ne saurait faire de mal. Malheureusement, ce genre de programme n’est pas près de passer demain en prime time sur TF1, à la place des débats sans fin sur l’insécurité.
Eh oui, la politique sécuritaire de la France, c’est vendeur. La situation des noirs dans notre pays, beaucoup moins. Le reportage s’est achevé hier soir sur les larmes d’une femme et la rage de son mari. En effet, après une multitude de scènes tournées à Paris et en banlieue parisienne, les deux familles se sont rendues, toutes de noir, dans un village du Sud-Est de la France, pas très loin d’Orange, dans une région connue pour sa grande tolérance à l’égard de ce qu’on persiste à appeler les « minorités raciales et ethniques ». Là-bas, l’expression du rejet eut au moins le mérite de ne pas s’encombrer de détours. Ces larmes d’impuissance m’ont fait honte, en me rappelant à quel point la différence entre l’image et la réalité de notre pays tenait à peu de chose. Une simple lettre, comme le F, qui dissimule, bien maladroitement, notre honteuse situation. Sans ce F, la France apparaîtrait enfin sous son vrai jour : rance !

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