Beyoncé Knowles: le sommet en talons hauts !
Mardi, la diva de la pop r'n'b attaque la scène du Centre Bell. Sa dernière présence à Montréal remonte à il y a exactement deux ans. Mais c'était en compagnie de ses compagnes de Destiny's Child, Michelle Williams et Kelly Rowland. Cette fois, la douce de Jay-Z se pointera seule sur scène... entourée d'une vingtaine de musiciennes et de danseurs.
Au beau milieu d'une pétillante soirée de cérémonie des Grammy, en 2001, Bono frise l'attaque cardiaque. Le chanteur de U2 assiste à l'éclatante entrée sur scène de Beyoncé Knowles, Michelle Williams et Kelly Rowland. Les Destiny's Child entament l'hymne Survivor, vêtues de robes soigneusement lacérées et juchées sur des talons démesurés. L'escalier, à leurs pieds, donne le vertige. Mais ne faisant ni une ni deux, elles le dévalent à une vitesse vertigineuse. La chorégraphie fait son effet, la performance est endiablée et applaudie à tout rompre par vous savez qui.
C'était il y a presque sept ans. Autre temps, mais même escalier... Mardi, lorsque Beyoncé descendra les marches s'offrant à elle sur la scène du Centre Bell, pendant l'interprétation de Ring the Alarm, on aura une pensée pour la chanteuse. Pas à cause de son tour de force à la soirée des Grammy, mais de celui, plus récent, au AMWAY Arena d'Orlando.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec Youtube.com, un site que la chanteuse redoute, la belle a fait une chute spectaculaire il y a deux semaines, tête première, après qu'elle eut posé un pied sur sa robe. Mais plutôt que de ramper vers les coulisses, les larmes aux yeux, Beyoncé a rebondi sur ses petons, poursuivi son tour de chant et rangé son orgueil au vestiaire. Parce que the show must go on, on imagine.
Peut-être aussi parce que celle qui offre toujours un sans-faute au public, sur les plans vestimentaire et capillaire, voulait sauver la face. On rappelle que le lendemain de la désormais célèbre chute, une vidéo de l'incident a été retirée du site de Youtube, à la demande de la maison de disques de Beyoncé (Sony). «Mon image me préoccupe. Tout comme ma façon de me comporter avec les gens, avouait la chanteuse de 25 ans à un journaliste du magazine Elle, il y a quelques mois. J'ai une équipe avec qui je travaille depuis que j'ai 15 ans. Je suis perfectionniste. Et même avant d'être une star de la pop, une célébrité ou appelez ça comme vous voulez, j'étais comme ça.» On ne la prendra pas les yeux globuleux, au volant d'une décapotable emboutie dans un arbre comme d'autres congénères!
Cela dit, comment ne pas faire de faux pas (au sens propre du terme) lorsqu'on passe sa vie artistique en talons aiguilles? En entrevue avec l'Associated Press récemment, Beyoncé avouait que vivre en talons haut était une seconde nature. «Mais danser et chanter en même temps, par contre... Je dois m'assurer d'être en forme et hydratée.»
Beyoncé et les filles
On ne doute pas de l'énergie déployée sur scène par la belle à chacune des représentations de la tournée Beyoncé Experience (38 dates en Amérique du Nord au compteur). À l'image de ses vidéoclips ultraléchés, la chanteuse a mis le paquet sur scène côté main-d'oeuvre: une vingtaine de musiciennes (oui, que des femmes!), de choristes et de danseurs opèrent autour d'elle. «J'aime être entourée de femmes, mentionne Beyoncé Knowles. Ça a toujours été le cas, sur scène et dans ma famille. Au départ, en engageant autant de filles pour cette tournée, je me suis dit: ça ne fonctionnera jamais! Mais nous formons finalement un groupe uni.»
Côté musique, la chanteuse et sa suite proposent les hymnes des deux albums solo aux millions de copies envolées (B'Day et Dangerously in Love), en plus de quelques succès de Destiny's Child. Inutile d'ajouter qu'à l'image des concerts de Madonna, Janet Jackson et Justin Timberlake, il y a peu ou pas de place à l'improvisation pour Beyoncé sur scène. Mademoiselle offre une expérience pour les yeux et les oreilles figée dans un précieux moule. Elle irait même, chaque soir de spectacle, jusqu'à verser une larme lors de l'interprétation d'une ballade...
Pour être bon joueur, on accusera les thèmes douloureux immortalisés sur B'Day. Contrairement aux refrains explosifs et débordant d'amour de Dangerously in Love, ceux de B'Day relatent des ruptures, trahisons et échecs amoureux, toutes coécrites par Beyoncé. Étonnant de la part d'une fille qui dit filer le parfait bonheur avec le rappeur Jay-Z depuis quelques années. «Même si je suis très heureuse et que je n'ai vécu aucun drame dans la vie, je ne voulais pas d'un autre album rempli de chansons d'amour, a-t-elle dit lors du lancement de son deuxième CD (en 2006 et écoulé à ce jour à quatre millions d'exemplaires). Je l'ai fait, la dernière fois. Ça devient lassant.»
Beyoncé la PME
Et puis, on peut bien se permettre de jouer les écorchées sur scène lorsqu'on vit sur un nuage. Depuis ses tout débuts, à 8 ans, la star, qui s'en remet à papa en matière de gérance, n'a que de bons coups ou presque à inscrire à son C.V. L'album B'Day a été sacré album r'n'b contemporain de l'année, à la cérémonie des Grammy de février dernier. L'artiste vient de décrocher sept nominations au gala MTV Video Awards. Contrairement à Kelly Rowland et Michelle Williams, Beyoncé Knowles ne souffre pas de la séparation de Destiny's Child, survenue il y a deux ans. La chanteuse originaire de Houston a prêté ses traits à des campagnes publicitaires pour L'Oréal, Pepsi, Giorgio Armani et Tommy Hilfiger. Deréon, la ligne de vêtements lancée l'an dernier avec sa mère et sa soeur cadette Solange, a le vent dans les voiles. Qui plus est, tout baigne dans l'huile lorsqu'elle joue les héroïnes «blackexploitées» dans Austin Powers in Goldmember et les émules de Diana Ross dans Dreamgirls. Et ce, même si jouer la terrifie. «Je me sens comme un poisson dans l'eau quand je chante, quand je suis sur scène, dit Beyoncé. Mais jouer me rends nerveuse, car j'apprends encore.»
Pour le reste, on ne voit qu'un chemin pavé de marbre pour la chanteuse qui a déjà dit qu'elle voulait tout arrêter à 30 ans pour fonder une famille. Il lui resterait donc cinq ans de plaisir, de succès et de tours de chant mémorables, les pieds confortablement posés sur une petite fortune (elle a vendu plus de 50 millions d'albums en carrière) et des souliers à talons qui lui apportent plus de chance que de malheur.