J’avoue qu’à l’époque – le 18 août 2008 – lorsque mon amie et voisine (C. de Progulka) m’a envoyé un courriel où elle ironisait sur les journalistes de France-Inter - notamment l’utilisation du terme de «croissance négative»… - laquelle expression n’avait pas encore traversé mes oreilles, à moins que ce fût sans j’y eusse pris garde ? je n’en avais pas moins goûté toute l’absurdité sur le plan sémantique :
un «taux» de croissance peut être bien évidemment négatif, il suffit pour le constater d’en établir la courbe statistique, même si je suis rien moins que matheuse, c’est encore à ma portée de la lire comme de l’établir.
Mais si les mots ont encore un sens, comment peut-on parler d’une CROISSANCE NEGATIVE ? Les deux termes sont absolument antinomiques… Déjà en soi, le terme de «croissance zéro» - naguère utilisé par les écolos et certains économistes – n’était pas moins absurde sur le plan sémantique et donc logique : imaginez par exemple un poireau qui ne pousserait pas…
Je ne sais s’il vous est déjà arrivé de planter un poireau. C’est ridiculement petit. Vous creusez un trou dans la terre, avec votre doigt ou un instrument pointu et évasé… S’il refuse de pousser pour une raison ou une autre, parleriez-vous de «croissance négative» ?
Bien certainement non ! Vous diriez comme n’importe quel jardinier ou paysan : «Merde ! Cette année, j’ai toute une rangée de poireaux qui n’a rien donné !»…Si l’économie a l’ambition (sinon la prétention !) de se constituer en tant que science – nonobstant l’hyper sophistication de nombreux «modèles» mathéma-tiques ; de la même eau que ceux qu’utilisent les spécialistes de la finance ! c’est dire leur valeur théorique et pratique… j’aurais très certainement l’occasion d’y revenir - je ne pense pas que l’on puisse la ranger parmi les sciences «dures» telles qu’avec les maths appliquées à la chimie et à la physique et les différents domaines qui en découlent.
Or donc, s’agissant d’une «science humaine» utilisant des données chiffrées et des instruments statistiques tout comme la démographie ou la sociologie, elle implique que les concepts et chaque mot significatif qui visent à les construire et les démontrer aient un sens le plus précis possible. C’est du moins la leçon de rigueur scientifique et intellectuelle que j’ai tirée notamment chez Bourdieu et Passeron - «Le métier de sociologue» - il y a une trentaine d’années.
Les journalistes qui traitent des questions économiques, qu’ils fussent spécialistes ou généralistes, devraient - pour une bonne in/formation du public - s’entourer des mêmes précautions de langage… et ne pas donner tête baissée dans des formules aussi creuses qu’absurdes : entendre illogiques – souvent reprises des mêmes abus de langages commis par les politicards qui jargonnent tout autant.
A mon humble avis de non-spécialiste, il n’y a qu’une manière correcte d’énoncer le problème : en parlant de «taux de croissance négatif».