Je viens de voir le dernier film des frères Coen, “Burn after Reading”. Honnêtement, pas le meilleur de leur production. Bien fait, bien filmé, correct sans plus, un peu brouillon dans le scénario et le rôle dévolu aux personnages. Les acteurs sont à contre-emploi, avec un Brad Pitt en moniteur de salle de sport dégingandé et George Clooney en séducteur trompé, barbu et parano, inventeur dans sa cave d’un désopilant fauteuil relaxant à sex toy intégré. Il faut le voir aller à Home Depot, le Leroy Merlin local, pour acheter des tuyaux et des barres de fer comme le premier clampin bricoleur du dimanche venu… Black & Decker? What else!
Tout ce petit monde de demi-sel, de faux espions grenouillant dans un théâtre d’ombres qu’ils ont construit eux-mêmes, fait vaciller sans le savoir un autre monde tout aussi cafardeux d’autorités publiques et d’organismes gouvernementaux. Lesquels sont prêts à intervenir avec leurs gros sabots dès qu’ils reniflent l’odeur du début de l’esquisse d’un complot. Ne serait-ce que pour justifier leurs confortables émoluments et le monopole de la force légitime qui caractérise la puissance publique. Je trouve tout ça assez bien vu.

Je craignais naguère le fichage et la mise en base de nos données personnelles, intimes, voire confidentielles. Je ne suis pas devenu naïf et je reste toujours prudent dans le réglage de la diffusion des informations qui me concernent. Mais je me dis aussi que le traitement de ces montagnes de données comporte sa part erratique, sa marge de manœuvre grotesque, sa licence poétique. Et de toutes façons, ils en feraient quoi, de mon numéro de portable, de mon mail, de mes penchants politiques, de mes goûts et des couleurs que j’aime…

