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Week-end Scénaristes en Séries – Les débats

Publié le 16 janvier 2009 par Blabla-Series

Dimension studieuse de l’évènement. Acte II

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Vendredi

Par ici le bon soap ! (Ou l’étude de quelques programmes français représentatifs)

Présence : les créateurs de Plus Belle la Vie, scénaristes de Lea Parker, de Cœur Océan, de Chante. Les producteurs de Sous le Soleil, de Pas de Secret Entre Nous, de Cinq Sœurs, de Dolmen. (du lourd en somme).

Plus belle la vie : la non-recette du (gros) succès

Ce soap français est le seul programme à pouvoir s’inscrire dans la quotidienneté. Devenu le modèle à imiter, envié, chaque chaîne veut trouver sa série feuilletonnante grâce à la recette miracle de PBLV. Les créateurs en sont étonnés et tentent même de tempérer le phénomène qu’ils jugent disproportionné.

A l’origine, Plus belle la vie se voulait être une modeste chronique sur un village français authentique résistant à la mondialisation de la société, une sorte d’Astérix moderne concerné par des problématiques actuelles. La série avait pour objectif scénaristique l’identification sociale, le réalisme quotidien et l’angle multi-générationnel de la société.
Oui, il est difficile de ne pas se gausser devant ces aberrations.

Vu l’échec de la formule, 6% de PDM les premières semaines et 12% de l’épisode du jour était visionné (aujourd’hui 75%), les directeurs de la chaîne ont voulu changé l’angle de la série et ont injecté la dose de polar de la série qui a fait son succès. Et c’est ainsi que les fantômes, la peste, le Diable, la mafia et les faux-suicides sont arrivés à Marseille.

Les créateurs assument cette dimension fantastique bien que fort raillée par les confrères et le milieu (créer Cinq Sœurs est plus glorieux ?). Ils essaient au maximum de concilier réalisme villageois et polar intrigant car la combinaison permet de plaire à toute la famille -sic. Les scénaristes de Plus Belle la Vie se disent ravis de leur poste. Selon eux, la série leur permet une vraie marge de manœuvre, une vision propre d’un travail souvent contraignant et dicté qui est en l’espèce personnel et libre.

En conclusion, la série est le succès-référence parce que les créateurs ont inventé un format nouveau, qui ne ressemble à … rien (d’autre) ; parce que la série est sous l’emprise d'un véritable phénomène de société, envié et copié par les chaînes, médiatisé en masse, présenté comme la série française qui réussit, cela ne peut qu’engendrer un intérêt toujours grandissant de la part du public.

Cinq Sœurs et Pas de Secret entre nous ou la difficulté de se faire une place au chaud dans le PAF

 

Ces deux séries correspondent aux tentatives de F2 et M6 de créer leur propre quotidienne face au succès dévorant de PBLV.

Pas de Secret entre Nous est basé sur un pilot « A nous Paris ! » une Auberge Espagnole version télé qui mise sur une galerie importante de personnages et donc d’histoires. M6 a de suite été séduit par le concept de la série et à tort, commandé 260 épisodes. Pas de Secret entre Nous a donc été conçu dans l’urgence, à travers une démarche expérimentale, il fallait programmer une diffusion concurrente à celle de France 3 et établir un programme avant le projet de TF1. Mais la série a été un échec, les raisons sont récurrentes aux échecs des programmes français. Storylines complexes malgré un pitch clair qui compliquent la fidélisation du public.
Au commencement d’une série, le spectateur regarde un épisode au cours de la première semaine. S’il est intéressé, le spectateur regardera un second épisode la semaine suivante en espérant retrouver les histoires et les protagonistes de l’épisode visionné.

Mais Pas de Secret entre nous disposait de personnages et d(histoires nombreux, l’échec était inéluctable, la fidélisation n’a pas pris. De plus, l’horaire choisi est celui du créneau maudit, le fameux 20h, au cours duquel les JT des grandes chaînes se tirent dans les pattes. Ledit créneau ne dispose pas d’un public de fiction.

Pas de Secret entre Nous a donc fait figure de série test à l’échec retentissant pour M6 qui par sa déraison et son opportunisme a du accuser le coup.

Cinq Sœurs était le projet quotidien de France 2, l’arrêt de la série a été volontaire et suit le schéma de Pas de Secret. France 2 a comme M6 senti le besoin d’être réactif rapidement, désirant contrer ou profiter du succès du soap en fin de journée. Ici, les recettes de production ont mal été assimilées, de nombreux épisodes ont été prévus d’avance (contrairement aux règles de Plus Belle la Vie), ce qui a réduit la liberté éditoriale en cas de succès ou de blocage.

Seconde Chance et Paris 16e, l’espoir encore de mise ?

 

Paris 16e est le projet diffusé courant 2009 sur M6. Séduit par le pitch, M6 a déjà commandé 80 épisodes mais la chaîne ne semble pas avoir appris de ses erreurs. Paris 16e est avant tout un travail à l’aveugle, aucune visibilité n’est faite sur les épisodes diffusés. Le projet n’a pas de plage-horaire établie, les showrunners ignorent tout du véritable public visé par la série (les jeunes, les ménagères, la famille), le but imposé par la chaîne est une série-soap à personnages forts.

Seconde Chance est le feuilleton actuel et quotidien de TF1. A l’origine, TF1 avait un projet de telenovela, un Destin de Lisa à la française dans le monde de la publicité, autour d’une héroïne ordinaire mais attachante et son prince charmant. Cette exigence vient des dirigeants de la chaîne (Takis Candilis). Les réalisateurs se sont pliées aux exigences de la chaîne et consacrent sur 18 séquences d’un épisode, une dizaine exclusivement centrée sur l’héroïne. La recette est identique à celle des grands soaps dans la lignée d’Ugly Betty et permet à la chaîne un demi-succès et une fidélisation certaine de la part des ménagères et des filles de 20 à 29 ans.

Globlement, un meeting réussi qui ouvre les yeux sur le quotidien des scénaristes français souvent contraint par les exigences des chaînes. Avec en bonus, un vrai dialogue entre les créateurs/scénaristes et les journalistes de la salle malgré une confusion récurrente entre le soap français et américain, qui selon eux reste uniquement le programme daytime des networks aux codes poussiéreux.

(A suivre)


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