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Plan de relance : “Les Français ont le sentiment que les plans du gouvernement ont eu un impact positif sur le point financier”

Publié le 18 décembre 2008 par Délis

Député UMP de la Marne et membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée Nationale, Benoist Apparu nous a donné ses impressions sur la crise économique, le plan de relance annoncé par le président de la République et nous a livré son analyse sur les perceptions de l’opinion publique dans ce contexte particulier.

Délits d’Opinion : Selon un sondage OpinionWay pour Le Figaro et LCI, 6 Français sur 10 estiment que le plan de relance annoncé par le chef de l’État va permettre d’amortir les effets de la crise économique en France. Est-ce pour vous une satisfaction ou un soulagement de voir l’opinion publique vous soutenir dans ce projet ?


Benoist Apparu : Si nous sommes en plus soutenus par l’opinion publique nous n’allons pas le regretter c’est évident, maintenant ça n’est absolument pas le but du jeu. L’enjeu principal est quand même d’avoir un outil efficace. Si en plus les Français soutiennent nos choix, nous n’allons évidemment pas nous en plaindre…

Délits d’Opinion : Les positions sur ce sondage ne sont pas tranchées (7% de « oui tout à fait », et 7% de « non pas du tout ») : à votre sens doit-on rapprocher ces positions centrales des différents sondages sur la cote de Nicolas Sarkozy qui montrent un recentrage des positions depuis quelques mois, et, d’une certaine façon, une forme d’union nationale derrière le chef de l’Etat, ou plutôt du sondage qui montre que les Français ne comprennent pas forcément tout aux questions économiques ?

Benoist Apparu : Il doit y avoir certainement un peu des deux : en période de crise, une partie des Français se rangent derrière une forme d’union nationale, mais il ne faut pas sous-estimer le biais liée à la façon dont les questions sont posées. Enfin, la succession des annonces, des chiffres et des plans annoncés - certains proposent uniquement des garanties, d’autres correspondent à des dépenses effectives rapportant parfois d’ici quelques années de l’argent à l’Etat - est très compliquée à comprendre. Mais j’ai l’impression que domine le sentiment que le gouvernement français, et plus largement l’Europe, ont mis en oeuvre des plans massifs contre la crise et que globalement, ils ont eu un impact positif sur le point financier. Nous verrons sur le plan de la relance, mais ce sont des sujets tellement compliqués qu’en fonction de la façon dont la question est posée, vous pouvez avoir des réponses totalement contradictoires.

Délits d’Opinion : Pourtant de nombreuses critiques se sont fait entendre sur l’aspect limité de ce plan (26 Milliards d’Euros, dont 11,4Mds de créances des entreprises sur le Trésor public) avec selon ces mêmes critiques, seulement 4 Milliards d’investissements effectifs : trouvez-vous ces critiques fondées ?

Benoist Apparu : Ces critiques sont complètement infondées, pour une raison très simple. L’analyse européenne, partagée par la France, est que nous nous trouvons actuellement dans un trou d’air économique. Nous étions dans une tendance mondiale forte de 5-6% de croissance. Aujourd’hui nous sommes au coeur d’une crise qui devrait durer de 18 mois à deux ans avant que l’économie mondiale ne redémarre. Cette analyse est partagée par tous les économistes.

Cet élément est fondamental : pour reprendre l’exemple des 11.5 Milliards d’avance de trésorerie. L’Etat a des dettes (Crédit Impôt de Recherche, TVA…) qu’il rembourse parfois en plusieurs années. Ces 11.5 Milliards de trésorerie, qui correspondent à  0,5% du PIB, répondent aux problèmes de trésorerie, qui touche de nombreuses entreprises et risque de les faire couler.

D’une façon plus générale, le plan français est dans la lignée, en volume, des autres plans européens, c’est-à-dire autour d’1% du PIB. Les trois conditions posées par la Commission Européenne étaient claires : un plan fort autour d’1% de PIB, sectoriel et durable. Le gouvernement français a su répondre à ces exigences avec une aide pour l’automobile et le BTP qui sont les secteurs plus touchés et une relance par l’investissement, et non la fiscalité, qui permet de combler le “trou d’air”.

Délits d’Opinion : Autre critique, la volonté de favoriser l’offre, puisque la majeure partie de cette somme est destinée aux entreprises. En tant que membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, est-ce que  vous ne trouvez pas que ce plan a laissé un peu de côté l’aspect social et notamment le  pouvoir d’achat ?

Benoist Apparu : Critique que l’on entend effectivement et qui s’exprime par les propos du groupe PS… Personnellement si le chômage ne concerne pas les Français, je ne vois pas ce qui concerne les Français. Le but de ce plan est clair : il vise à soutenir les secteurs d’activité les plus touchés et donc ceux qui vont licencier. Si effectivement pour M. Ayrault et d’autres, ce plan, qui doit permettre à certains de ne pas se retrouver au chômage, n’aide pas les Français, alors je ne sais pas ce que c’est qu’aider les Français. Le chômage et l’emploi constituent l’objectif principal de ce plan de relance.

Il y a plusieurs façons de faire de la relance. Mais ce plan n’est pas une relance par de l’offre, puisque la relance par de l’offre consiste à pousser les entreprises à produire pour que les gens achètent.

Il y a également la relance par la demande, qui peut passer notamment par la fiscalité pour que les Français achètent plus, comme par exemple la baisse de la TVA. Cette forme de relance comprend plusieurs risques et historiquement elle ne fonctionne pas. Pour reprendre l’exemple de la TVA, la structuration de l’économie consiste à avoir beaucoup d’intermédiaires entre le producteur et le vendeur final. Baisser la TVA risque de voir les intermédiaires en profiter sans que les consommateurs achètent plus, puisque les prix n’auront pas baissé. Le deuxième risque de la relance par la consommation est qu’il n’y a aucune assurance de voir les Français dépenser le surplus de revenus. Au contraire, en période de crise, les gens ont plutôt tendance à épargner. Vous pouvez donc dépenser beaucoup d’argent sans aucun impact pour l’économie. Enfin, la France est un pays qui importe beaucoup, donc une baisse de TVA pourrait directement relancer la production à l’étranger, au détriment de la consommation nationale.

Ce plan est une relance par l’investissement, qui est encore d’une nature différente. Le principe de la prime à la casse, qui est une relance par l’offre, s’assure ici que le consommateur se retrouve directement avec l’argent injecté. Mais dans le bâtiment ou dans les infrastructures, l’Etat est sûr de créer des emplois. Les secteurs de l’automobile et du bâtiment représentent près de 20% de l’emploi en France. Donc lesl mesures concernent essentiellement ces deux secteurs qui sont les premiers à nécessiter un soutien. L’objectif est de s’assurer que les emplois dans ces secteurs, qui seraient détruits par la crise ne le soient pas : si les carnets de commande baissent, c’est l’Etat qui remplace. C’est l’objectif du gouvernement et c’est la solution qui va permettre aux entreprises de ne pas avoir à licencier. Ainsi 100 000 Français risquent de se retrouver au chômage : voici une véritable action sur leur pouvoir d’achat.

Délits d’Opinion : Vous êtes intervenu le 11 décembre en séance pour défendre un amendement qui permettrait de créer une taxe visant à remplacer les sacs plastiques difficilement recyclables par des sacs plastiques biodégradables afin de “réindustrialiser un certain nombre de nos secteurs d’activité en production de plastiques d’origine végétale”. Vous étiez sur ce sujet opposé à Eric Woerth. Pensez-vous, justement, que le plan de relance prend suffisamment en compte la nécessité de réorienter l’industrie française vers l’économie verte ?

Benoist Apparu : C’est le cas effectivement. Pour reprendre l’exemple de la prime à la casse, elle s’ajoute en fait aux bonus-malus, donc il s’agit d’une mesure qui favorise les véhicules plus propres. Si vous regardez par exemple les mesures dans le bâtiment, le gouvernement a choisi de soutenir une construction « écolo ». De même les investissements dans les transports en commun correspondent à des investissements éco-responsables. La relance des travaux publics correspond à cette même logique.

Propos recueillis par Olivier et Mayeul l’Huillier.


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