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Paroles de "Palisraéniens"

Publié le 18 janvier 2009 par Decrauze
Rester terré dès que la menace pèse. Pour nous, simples civils, ça ne va pas au-delà de cela. Soixante ans de tressaillements morbides… une vie d’homme, d’un côté comme de l’autre. Pourquoi devrait-on, en plus, s’obstruer l’esprit par la haine de l’autre, celui d’en face, notre voisin, qui lui aussi doit se protéger dès que ça gronde ou que ça siffle ?
Cette terre sublime, paradisiaque au sens originel, nous l’avons truffée, dans le temps et dans l’espace, de zones infernales : atrocités, corps en charpie, déshonneur humain de s’attaquer ainsi à l’autre… Notre faute ? Nous avons suivi, sans rechigner, les dérives des meneurs en place, des agitateurs de la discorde, de la voie idéologique, de la crispation sur son propre intérêt sans percevoir que le plus prégnant des impératifs est de satisfaire les aspirations légitimes de ceux d’en face pour assurer la pérennité de nos propres attentes, au bout du compte si proches les unes des autres… un peu de reconnaissance, est-ce illusoire ? En attendant je me cache, je n’ai que cela à faire, le temps que ça passe…
Pourquoi faut-il que ceux qui veulent tenter la voie de la paix, en allant au-delà des cadavres, des destructions et des malheurs engendrés, réalisme douloureux mais nécessaire quel que soit le moment choisi pour tourner la page mortifère, soient tôt ou tard écartés, bâillonnés voire éliminés par les boutefeux, par ceux qui s’enivrent du sang de l’autre versé quitte à produire, de facto, l’horreur dans son propre camp ? Vu de haut, vu de loin… quelle terrible absurdité ce dialogue de sourds où le bruit des armes et des explosions nous fait perdre la faculté d’écouter l’autre. Absurde à en pleurer toutes les larmes de son corps… oui mais voilà, je suis là, immergé dans cette terre violentée… et ma pauvre existence en sursis ne peut qu’espérer un miracle humain : que, de part et d’autre, la lucidité l’emporte ou qu’un dirigeant, venu d’ailleurs, parvienne à convaincre qu’il faut changer, que le revirement doit s’imposer…
Moi aussi, dans mon trou, j’ai fait un rêve… A l’heure où un métisse va prendre les destinées de la première puissance mondiale dans la tourmente, l’époque est opportune pour un électrochoc salutaire…
Je songe à nos voisins de Méditerranée, ces Français qui, six ans seulement après la fin de l’horreur absolue de la Seconde Guerre mondiale et de l’évidente haine totale éprouvée envers les Allemands, ont, par la voix de Robert Schuman, appelé à dépasser ce gouffre des consciences hostiles en construisant ensemble. Comme un modèle… nous avons attendu dix fois plus longtemps pour faire ce pas… n’est-il pas urgent d’y songer ? Simple, si simple à invoquer, même la peur de crever au ventre, si monumental à réaliser…

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