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Désir de Rupture n°22 : Faut-il interdire Sud Rail ?

Publié le 19 janvier 2009 par Toreador

Il est interdit d’interdire ?

Une question polémique ! Et pourtant… Je me rappelle dans les années quatre-vingt dix un débat qui hantait les plateaux du PAF, celui de l’interdiction du Front National.

Il y avait les « pro-interdiction », qui, en bons républicains, considéraient que lorsqu’une brebis élève un loup, il ne faut pas s’étonner de se faire dévorer lorsqu’il atteint l’âge adulte, et les « antis » qui, en démocrates avertis, pointaient que cela ferait basculer dans la clandestinité voire l’action violente une partie de la population.

Cette opposition Démocrates/Républicains fait partie de mes marottes. L’article de base est ici.

Au tribunal de l’Histoire, les « démocrates » ont gagné. Le FN n’a pas été interdit, comme d’autres partis d’extrême droite en Allemagne, et la démocratie a fini par asphyxier ce parti. Arrivé au seuil du pouvoir, il est devenu une alternative et a fait peur. Suffisamment peur pour que la Droite sécrète un anti-corps nommé Nicolas Sarkozy.

Sous les rails, la rage

En est-il de même pour Sud Rail, accusé la semaine dernière de bloquer délibérément la SNCF pour s’imposer face à la CGT (un énième match retour Trotsky/Staline) ? J’ai déjà exprimé par le passé mon sentiment que des gauchistes « de l’intérieur » voulaient du mal à cette entreprise. Pour l’instant, rien n’étant réglé dans l’affaire des caténaires qui reste très confuse, je ne relancerai pas le débat.

Si l’on applique la jurisprudence « Front National », la réponse à la question de mon titre est négative. Certes Sud Rail prend en otage une partie des passagers et ses grèves roulantes affaiblissent l’entreprise, mais l’on pourrait arguer qu’interdire ce syndicat ne ferait qu’attiser la colère, et la faire basculer en une action clandestine autrement plus dangereuse.

En même temps, on ne peut pas totalement faire de parallèle car on parle ici de démocratie sociale, et non de démocratie politique. La sécrétion d’un « anti-corps » au gauchisme syndical passe-t-elle par les partis traditionnels (exemple : un facteur F nommé Besancenot) ou par l’émergence d’un nouveau syndicalisme de confrontation plus ouvert au dialogue ?

De plus, le temps ne joue pas de la même manière. La SNCF perd de l’argent et Sud rail ne s’incarne pas dans un chef, ni même une génération d’hommes. A l’inverse, le FN provoquait  certes une polarisation du débat national, d’aucuns diraient un empoisonnement massif de la vie politique, mais cela ne « coûtait rien » au budget de l’Etat.

D’ailleurs, le problème a été résolu en partie parce que Le Pen a vieilli.

La question est donc : faut-il donner un signal en interdisant Sud Rail ? La France est-elle capable de gérer les extrêmes ou bien est ce que Le Pen est un contre-exemple absolu de ce qu’il ne faut pas laisser faire ?

Personnellement, après mûre réflexion, ma réponse serait non. Il faut interdire un parti ou un syndicat lorsqu’il viole la loi, et non pour ses idées.

Alors qu’en pensez vous ? « Oui », « non », ou « bof » , le débat vous appartient !

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Sujets: Désirs de Rupture | 9 Comments »


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