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UIMM et MEDEF : Ethique en toc ?

Publié le 19 janvier 2009 par Slovar
C'est un communiqué laconique comme on en lit beaucoup. Seulement cette fois-ci, ce n'est pas un petit voyou ou quelque licenciement pour cause économique, il s'agit du MEDEF
PARIS (AFP) — Laurence Parisot était-elle au courant des retraits de fonds suspects au sein de l'UIMM ?
Pour l'avoir soutenu, Daniel Dewavrin, ancien président du patronat de la métallurgie, est assigné en diffamation lundi à Paris par la présidente du Medef ... / ... Depuis, le 25 septembre 2007, la justice enquête sur la destination de quelque 16,5 millions d'euros en liquide retirés des caisses de l'UIMM sous l'autorité de Denis Gautier-Sauvagnac (DGS), son président ... / ... Le procès débutait aujourd'hui e à 14H30. La décision devrait être mise en délibéré à plusieurs semaines.

On avoue chez Slovar qu'on aurait bien aimé assister à cette première audience. Un journaliste des Echos y était présent et nous décrit l'ambiance
Ambiance tendue à la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris, alors que Laurence Parisot doit expliquer, au cours d'une audience publique, pourquoi elle ignorait l'existence des retraits d'argent liquide de l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM), jusqu'à ce que l'affaire éclate dans la presse, le 26 septembre 2007. Daniel Dewavrin prétend que la présidente du Medef ne pouvait ignorer l'existence des retraits de liquide de l'UIMM. Il a fait citer son successeur, Denis Gautier-Sauvagnac, comme témoin. L'ancien président délégué général de la fédération de la métallurgie, qui fait là sa première apparition publique depuis octobre 2007, vient confirmer avoir eu une conversation à propos de ses pratiques financières avec Laurence Parisot, en juin 2007, plus de trois mois avant le premier article de presse sur le sujet.
Premier arrivé vers 13h30, Dominique de Calan, ex bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac a fait une entrée remarquée devant une chambre aux abords emplis de gendarmes, suivi peu après de Hugues-Arnaud Mayer, président de la commission territoriale de l'organisation patronale. Rosine Lapresle-Tavera et Stéphane Seigneurie, respectivement coach et chef de cabinet de Laurence Parisot, sont ensuite entrés dans la salle d'audience, où ils ont rejoint les bancs du public.
Et oui, il faut un coach lorsqu'on dirige le MEDEF. Rassurez-vous, celui-ci est très différent de celui qui, au pôle emploi" va vous expliquer ce qui vous arrivera si vous refusez trois emplois ...
A 14h07, la présidente du Medef est à son tour arrivée. "Je suis impatiente, j'attends ça depuis le 8 mars 2008", a-t-elle déclaré aux journalistes présents, avant d'ajouter "c'était la journée de la femme, je n'oublierai jamais". A 14h24, la partie adverse était au complet, avec Daniel Dewavrin, président de l'UIMM de 1999 à 2006, Jean Reinhardt, son avocat, ainsi qu'Arnaud Leenhardt, lui aussi ex patron de l'UIMM et appelé comme témoin par Daniel Dewavrin.
Suspension de séance à 14h45
Dans une ambiance très électrique, le premier accroc a lieu dans le premier quart d'heure de l'audience, avec une suspension de séance. Laurence Parisot souhaitait créer la surprise en faisant témoigner à la barre Hugues-Arnaud Mayer . Hors délai, cette demande veut toutefois bien être acceptée par l'avocat de Daniel Dewavrin, à condition que celui-ci produise de nouveaux éléments, contenus dans "Enquête sur le patronat", le livre du journaliste des "Echos" Guillaume Delacroix publié le 15 janvier. Dans la 17e chambre, le clan Dewavrin et le clan Parisot attendent la décision du tribunal, comme Denis Gautier-Sauvagnac et Arnaud Leenhardt, tenus à l'écart de l'enceinte avant qu'ils viennent témoigner - Source Les Echos
En clair ça sent la poudre et on est bien loin du fameux code éthique AFEP/MEDEF du 6 octobre dernier
Lundi 6 octobre, le MEDEF et l’AFEP, les deux principales associations représentatives des sociétés cotées en bourse, ont rendu publiques de nouvelles recommandations sur les rémunérations de leurs dirigeants. Très attendu, ce code de conduite (« code de gouvernement d’entreprise ») est la réponse des organisations patronales aux récents scandales déclenchés par les primes de départ (« parachutes dorés ») reçues par des grands patrons démissionnés de leurs fonctions. Sous la pression du Gouvernement et du Président de la République, qui a menacé de légiférer avant la fin de l’année si des propositions concrètes n’étaient pas formulées au plus vite, l’AFEP et le MEDEF ont fait savoir que leurs propositions allaient constituer une vraie innovation et un durcissement significatif des standards en la matière ... Source Terra Nova et Code consolidé de décembre 2008 sur le site du MEDEF
Et bien cette fois-ci, le scandale n'a pas forme de parachute mais de caisse noire. Il est d'ailleurs intéressant de relire le texte publié le 14 mars 2008 sur le Blog Patronat du 21 eme siècle
Nous sommes tous des hommes ou des femmes d’entreprise, profondément attachés aux valeurs qui fondent l'entreprise : éthique, transparence. Nous travaillons à "réconcilier les Français avec l’entreprise". Nous voulons des règles du jeu claires, parce que nous aimons la vérité, parce que nous sommes des acteurs responsables, et parce que l’économie de marché est à cette condition. La liberté ne va pas sans la responsabilité ; certains acteurs du capitalisme parfois l'oublient... Il faut le dire.
Nous n 'acceptons plus que le comportement de quelques uns vienne saper nos efforts et entacher l’image de l’entreprise, l’image des entrepreneurs, l'image de l'UIMM, l’image du Medef, l’image de chacun de nous...Nous découvrons avec stupéfaction qu'il y avait au sein de la société française un système opaque qui a perverti les relations sociales. Moderniser profondément le patronat, le rendre lisible, visible, accessible, rétablir des relations de confiance basées sur la transparence, sur l'éthique sont des enjeux qui concernent tous les chefs d'entreprise, tous les Français, c'est une vraie question de société. L'UIMM est en train de tourner le dos à ces pratiques d'un autre âge. Nous sommes solidaires et les encourageons à aller le plus loin possible dans la modernité. L'industrie est un secteur stratégique de l'économie française, elle se doit d'être représentée de façon exemplaire pour assumer pleinement son rôle moteur dans l'offre France.
Il est sain que les mandats nationaux dont le Medef porte la responsabilité vis à vis de la collectivité soient remis à plat afin qu'aucun soupçon ne demeure, surtout à la veille de réformes stratégiques pour les entreprises. Il est important de sortir de la cooptation pour introduire des méthodes claires et démocratiques dans la désignation des mandataires. Comment pourrions nous revendiquer la modernité et la transparence en laissant les choses en l'état ? Il faut encourager la candidature de chefs d'entreprise en activité compétents et engagés, quelle que soit la région d'où ils viennent et quelle que soit leur appartenance patronale. Par leur pragmatisme et leur sens du concret, ils sauront faire évoluer les dispositifs vers plus de simplicité er d'efficacité pour les entreprises. C'est ce que propose de faire le Medef.
Plus que jamais nous devons tous nous mobiliser et renforcer l'unité patronale. Sur le terrain, les UIMM locales ne se reconnaissent pas non plus dans les pratiques dénoncées. Leur expertise sociale n'est pas en cause, la qualité des services qu'elles rendent aux PME sur le terrain est unanimement reconnue. Nous sommes convaincus que la vigueur des propos de ces derniers jours était nécessaire pour que les décisions urgentes soient vraiment prises, il semble maintenant que ce soit le cas... Tant mieux , il est temps de construire l'avenir. Nous appelons toutes les Fédérations professionnelles et en particulier l'UIMM, tous les Medef territoriaux , tous les chefs d’entreprise de TPE, de PME, de moyennes et grandes entreprises, à nous rejoindre dans ce grand élan de modernité. Ensemble nous devons faire bouger les lignes et créer le patronat du 21ème siècle. Un patronat éthique, responsable, ouvert et transparent dont nous serons tous fiers. Réconcilions tous les chefs d'entreprise avec leur patronat. Réconcilions tous les Français avec l'entreprise. L’Entreprise, c’est la vie !
Il y en a d'autres que nous vous laissons découvrir, en attendant de pouvoir lire un texte de janvier 2009.
S'il est un connaisseur des caisses noires du patronat, c'est bien Gérard FILOCHE qui a beaucoup écrit sur le sujet ("Les caisses noires du patronat" Gérard Filoche) Il nous donne sa vision (publiée sur SINE Hebdo) dans D&S
Tous les prédécesseurs de Laurence Parisot à la tête du Medef se sont solidarisé avec Denis Gauthier-Sauvagnac (DGS) lorsqu’a été rendue publique l’existence de la caisse noire de 600 millions d’euros contrôlée par l’UIMM (Union des industries et métiers métallurgiques) en septembre 2007. Selon eux (Yvon Gattaz, François Ceyrac, Daniel Dewavrin…) la caisse servant à « fluidifier les relations sociales » existait depuis un siècle, faisait partie du fonctionnement bien compris et partagé par la direction du patronat. DGS faisait quérir par ses subordonnés des mallettes de 26 à 32 kg d’argent liquide dans les banques où elles fructifiaient. Il se payait lui-même 240 000 euros pour les distribuer auprès de syndicats jaunes comme la CSL, la CFT, de parlementaires prêts à voter les amendements patronaux, pour des campagnes d’extrême droite, antisyndicales, antisociales, et pour aider des patrons à résister et casser les grèves. Corruption crapuleuse ordinaire : lui, le patron de l’Unedic, il versait aussi aux permanents du patronat des salaires en liquide sans payer de cotisations sociales ! Ils avaient prétendu que cette pratique était légale pour un syndicat qui n’avait pas de compte à rendre sur ses fonds depuis la loi Waldeck-Rousseau de 1884 : ce qui ne tenait pas debout une seule minute, vu que l’UIMM et le Medef ne sont pas des syndicats.
DGS a appliqué l’omerta, refusant d’avouer où allaient ces fonds secrets. Mis en examen, il a reçu de l’UIMM une offre de 1,5 millions d’euros pour partir en retraite, fin décembre 2008, avec la garantie que tous ses frais de justice seraient couverts. Le juge enquête toujours pour « abus de confiance », « subornation de témoins », « fraude aux Urssaf »… Dans un premier temps, Laurence Parisot, cette dame qui n’a que le mot « éthique » à la bouche, a avoué que c’était « un secret de famille honteux », que « beaucoup savaient inconsciemment » et qu’elle se sentait « salie ». Puis elle s’est rétractée et a choisi dans un deuxième temps de faire porter le chapeau au seul DGS. Tous les anciens chefs de l’UIMM se sont alors indignés, arguant que cet argent était le pilier du fonctionnement du Medef, nul ne pouvait feindre de l’ignorer, tous en avaient bénéficié. Laurence Parisot, blanche colombe, nie avoir « su ». Même inconsciemment ? Daniel Dewavrin ayant rappelé qu’elle avait été avertie en bonne et due forme, retrouvant même un « SMS » d’avant l’été 2007, elle a porté plainte en diffamation contre lui et c’est ce qui va être jugé le 19 janvier. Quel régal ! Tous à l’écoute ! Pourvu qu’ils disent tout, qu’ils se prennent bien la tête !
De toute façon, si Parisot ne « savait » pas, c’est qu’elle était incompétente car les statuts du Medef lui donnaient la responsabilité de vérifier les finances des organisations affiliées comme l’UIMM… Si elle « savait » le problème n’est plus qu’elle se soit « sentie salie », mais ce qu’elle tente de faire depuis pour se laver : pas très « propre » de se décharger sur ses complices…
Parleront ou pas ? En attendant, il serait décent que le MEDEF cesse de se répandre en conseils auprès du gouvernement pour accélérer les réformes qu'il juge nécessaire pour la qualité de vie des actionnaires. Ce serait un minimum.

Libellés : justice, medef, uimm


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