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Mort d'un enfant sans-papier : Tragique accident ou début d'une série

Publié le 12 août 2007 par Valeuf

Tout commence un jour de décembre 2005 alors que j'étais responsable fédéral à l'UNL. Cette année là nous avions déjà eu un premier cas d'expulsions de lycéen qui avait été sur médiatisée, particulièrement parmis les militants de l'unl. Mais pourtant cela me paraissait si loin, si improbable. Et en ce jour de décembre 2005 un message sur mon téléphone portable me ramena brusquement à la réalité. Le responsable de la FCPE en Saône-et-loire m'expliquant qu'il avait été alerté par un prof qu'une élève de mon lycée était menacée d'expulsion. Il fallait qu'on se rencontre et qu'on voit ce qu'on peut faire.

Une date est alors fixé quelques jours plus tard pour qu'on se voit. L'invitation est lancée aussi à des syndicats de profs, des associations comme la Ligue des Droits de l'Homme ... Finalement au lieu d'être 4 ou 5 comme nous le pensions, nous nous sommes retrouvé 30 dans une petite pièce. Ce jour là le RESF-71 est né, de façon spontanée et humaine.

10 mois plus tard, j'avais vécu beaucoup de chose. J'avais été confronté à une préfecture expliquant qu'on ne pouvait accueillir toute la misère du monde. Je me suis avec quelques camarades enchaîné de façon symbolique à la préfecture, j'ai rencontré des arméniens, des congolais, des turcs ... qui avaient tous fuit leur pays à la hâte, pour échapper à la mort qui les menaçait la-bas. (Ordre de vengeance lancé sur leur famille, peine de mort, et autre ...). Loin d'une misère que l'on m'avait présenté, loin de l'image du sous-homme que l'on nous montre, loin de ces bateaux échoué sur les côtes marocaines ou espagnoles ... Des hommes et des femmes aspirant souvent qu'a une seule chose : vivre discrètement et simplement en France. Ayant tous la volonté de s'intégrer sans pour autant renier leurs origines ... Je pourrais vous raconter nombres d'histoires que j'ai vécu avec ces gens. Mais je préfère faire autres choses : répondre aux critiques des gens que CSP appelle "pourritures".

"Avec quel argent étaient loges ces sans papiers?avec quel argent se nourissaient ils ? avec quel argent se soignaient ils??? LE VOTRE LE MIEN vous savez tous ces petits retraits sur vos feuilles de paye"

Vrai et Faux : il faut voir au cas par cas. Chaque personne à une histoire et un parcours différent. Certains se débrouillent absolument tout seul grâce car il n'y a pas que des pauvres qui fuient leurs pays. D'autres atterrissent dans des centres religieux (selon leur confession) qui ne sont pas subventionné en France. Et enfin d'autres atterrissent dans des associations subventionnée par l'Etat et là alors oui sans doute qu'un peu de votre argent va les aider. Mais il faut voir que ces gens ne peuvent vraiment pas vivre grâce à l'état n'ayant le droit à aucune aide quasiment, vu qu'ils sont étrangers. C'était pour la réponse pragmatique. Pour prendre un peu de recul il faut savoir si on est pour où contre la solidarité. Si cet argent est bien utilisé. Par exemple entre la construction d'une auto-route pour que des gens gagnent toujours plus de temps (car ils n'ont jamais assez le temps) qui va provoquer des accidents et tuer des gens, et la construction de centre pour s'occuper d'humains qui ont échappé à la mort. Je pense qu'il faut donc avoir un minimum de recul avant de lancer ce genre de réflexion ...

"la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde."

Argument facile, qui voudrait dire que sous prétexte qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, on ne peut accueillir personne ? Certes 6 milliard d'individu ne peuvent vivre en France. Mais ceux qui y sont déjà ? Il faut pour autant les expulser ? Ceux qui vivent en France discrètement sans papier, sans gêner personne, avons-nous le droit de les expulser ? Je poserais donc une autre question : "Faut-il être riche pour venir en France ?" Car c'est ce que sous-tend cette remarque. Si on est pauvre on a pas le droit de venir en France. C'est pour cela qu'être sans papier lorsqu'on vient d'un pays développé et qu'on a les moyens c'est toujours plus simple que lorsqu'on est pauvre et qu'on vient d'un pays du Sud.

"Les demandes d'asile ont été régulièrement rejetées,il est donc normal de reconduire chez eux cette famille.Arrêtez de parler de râfles,de chasse à l'homme etc..la loi doit être appliquée."

Je crois qu'il suffit de rappeler l'Histoire pour faire comprendre l'horreur de cette déclaration. La loi est à l'origine des rafles de Juif, de Tziganes, d'homosexuel ... Leur crime ? Être diffèrent. Aujourd'hui nous expulsons des hommes, des femmes et des enfants dont le seul crime a été d'être né du mauvais côté de la frontière, comme certains sont né avec la mauvaise religion le siècle dernier. Au début aussi le régime naziste avait préconisé une solution d'expulsion des juifs. Devant le nombre ils ont vu que c'était impossible. Que ferons nous quand nous nous rendrons compte que le nombre de sans-papier est trop important pour tous les régulariser ?

"Si un individu sans papier doit être expulsé, la loi doit s'appliquer sinon c'est l'anarchie qui va s'imposer"

L'auteur de ce commentaire pose une question essentiel, même si son partis pris n'est pas le mien. Il s'agit de la question de la désobéissance civile. Lorsqu'on ne peut accepter une loi parce qu'on l'a trouve injuste pouvons nous accepter de l'appliquer. Ne devons nous pas lutter contre ? Peut-on assimiler à l'anarchie la désobéissance civile ? Peut-être, mais je pense qu'on arrive alors dans un autre débat que nous n'avons toujours pas tranché. Un débat que l'on ne peut expédier en une ligne et demi.

"Encore un accident à mettre sur le compte de RESF"

Aucune justification, aucune explication. Pourquoi faut-il chercher un coupable ? Il n'y a pas un seul coupable, il y a des causes, des circonstances. Pourquoi un enfant effectue une action irrationnelle simplement parce que la police vient le chercher ? N'est-ce pas la preuve d'un grand malaise, et d'une grande peur de cette expulsions. Nous devrions plus nous interroger sur les raisons de cette peur, que sur les coupables de cet accident. Et dans cette interrogation je pense que RESF est plus un vecteur d'espoir que de peur ...

Je suis triste d'entendre et de lire ces propos fréquemment. Je suis aussi inquiet car chaque jour qui passe et nous nous enfonçons de plus en plus dans la haine, et la peur de l'Etranger. Je ne sais pas ou tout cela va nous mener. Mais sans doute que les années qui vont venir ne vont pas être très heureuses pour ces "sans-papiers", pour ces militants qui pense que la vie humaine passe avant les frontières et les papiers, et pour moi qui suit bien souvent seulement spectateur dans cette violence quotidienne de l'Etat, de la police, des hauts-fonctionnaires, qui ont bien souvent oublié leur coeur avant de venir travailler...


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