Magazine Politique

Banderille n°279 : Carte de Veules

Publié le 21 janvier 2009 par Toreador

As-tu fait ta B.A (Bonne année )

Chaque année, il existe une coutume particulièrement contraignante, quelque peu hypocrite, et terriblement délicate, celle de l’envoi des cartes de vœux professionnelles. Elle suppose en effet originalité du style, personnalisation, bon goût, sens du timing, stratégie d’envoi, mémoire des « gens qui comptent », grandeur d’âme,  et j’en passe.

Chaque année, je me perfectionne dans cette tâche, que j’ai longtemps considérée comme dénuée d’un quelconque intérêt, jusqu’à ce que j’en découvre le sens social caché, celui de pouvoir sans honte rappeler des liens distendus par nos froides sociétés contemporaines. Avec mon meilleur ami, nous en profitons également pour nous rappeler chaque année que nous sommes heureux d’être ainsi liés par une aussi belle amitié*.

Depuis, je m’exécute avec un peu plus de plaisir. Je me suis même surpris à collectionner les plus belles.

Save the Cards !

Et cette année patatras. Alors que j’ai diligemment envoyé, comme d’habitude, ma petite quarantaine de voeux protocolaires et commerciaux, voilà que je reçois en réponse une avalanche de coupons hideux, cartes de visite merdiques, e-cards, voire de simples lettres.

On citera ainsi ce cabinet d’avocats qui, fièrement, me répond sur papier libre  » Le cabinet a le plaisir de vous annoncer que cette année, il fera don de son budget de fin d’année à « Save the Children« .

Brusquement, des sociétés qui rivalisaient d’ingéniosité en envoyant des cartes toutes les plus superbes que d’autres se prennent à essayer la robe de bure, avec la corde au cou. C’est la crise voyez-vous. Du coup, on n’ose plus flamboyer. On fait dans le petit carton discret. Tous se sont donnés le mot, même les fonctionnaires !

Evidemment, il n’aura échappé à personne que ce misérabilisme est totalement stupide. D’abord, c’est justement en année de récession qu’on ferait mieux de se souhaiter prospérité. Ensuite, parce qu’à force de sucrer les cartes de voeux, les réceptions et les petits fours, on est en train de créer une crise, bien réelle celle-ci, chez les imprimeurs et les traiteurs. Enfin, parce qu’on détruit un des derniers vestiges de la courtoisie d’antan, déjà bien entamée coté cadeaux par le tyran déontologique…

Tout ça au nom d’un snobisme du pauvre. Ah, soupire-t-on, j’aurais dû  recycler des vieux tubes carton de papier cul, les colorier, et m’en servir comme carte de voeux 2009. La robe de bure et le croûton de pain est à la mode.

Et quand les médias se seront lassés, dans un an, nous pourrons reprendre nos petites combines et nos stock-options délirants…

* Picador, si tu me lis…
Carte de voeuxla Crisesnobisme

Sujets: Banderille | 5 Comments »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toreador 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines