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Nach Bagdad !

Publié le 20 mars 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Washington

5 ans, 5 ans, 5 ans...

Mais replaçons-nous dans le contexte de l'époque et rappelons-nous ce qu'on disait et lisait à l'époque en France. Il y avait les quelques malades qui vitupéraient contre Chirac et Villepin, à dire vrai la quasi-totalité de l'intelligensia, de Kouchner à Goupil en passant par July, Glucksman etc... Et puis parmi ceux qui étaient contre l'invasion de l'Irak, ceux qui pensaient que les Etats-Unis la réussiraient, et qu'ensuite l'occupation ne pouvant que réussir également, une nouvelle ère s'ouvrait dans l'histoire, le début d'un siècle américain.

Et là, je parle de tout le monde, vous compris chères lectrices et chers lecteurs, qui étiez contre l'invasion, pour qu'on laisse les Ricains se démerder tous seuls, mais qui étiez intimement convaincus qu'il faudrait ensuite ramer pour raccrocher, d'une manière ou d'une autre, notre wagon au train du XXIème siècle qui risquait de nous passer sous le nez.

Il y eut alors quelques énergumènes pour écrire immédiatement que le jour où ils entreraient dans Bagdad, les Etats-Unis poseraient le pied sur la première marche de leur déclin. Parmi eux, un certain Jean-Philippe Immarigeon qui signa il y a exactement cinq ans (la date apparaît en haut de chaque page du fichier pdf du BAT, 24 mars 2003), soit 15 jours avant l'entrée des Américains dans Bagdad, un article publié dans la revue Défense Nationale alors que ces mêmes Américains n'étaient pas encore dans les faubourgs de la ville, et intitulé L'intuition du déclin, dont la substance sera bien entendu reprise dans American parano, et où on pouvait lire ceci :

« Quelle que soit l’issue de la crise irakienne, le président George W. Bush a conduit son pays dans un piège : d’une part, parce que la rhétorique guerrière des doctrinaires qui l’entourent dresse le monde contre les États-Unis ; d’autre part, parce que l’Amérique, qui se voulait bienveillante, est considérée désormais comme une nuisance. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’elle mettra un terme à l’ère des empires, dont elle pourrait bien être le dernier avatar moderne.
[…]
Quelle erreur a pu faire le président Bush pour mettre ainsi les États-Unis dans la nasse ? On peut trouver de multiples explications à ce qui est, d’ores et déjà, un gigantesque fiasco diplomatique et une
perte d’influence dont les États-Unis auront à pâtir. Cet échec est-il dû à la gestion calamiteuse de la crise du 11 septembre 2001, ou bien les attentats ont-ils finalement révélés la perte d’intelligence (aux sens français et anglais) d’une puissance en fin de cycle qui cherche à retarder l’inéluctable en précipitant la mise en oeuvre d’un plan de domination militaire préparé de longue date ?
[…]
Reposons-nous la question de Montesquieu et Gibbon : qu’est-ce qui fait qu’un empire meurt ?… Nul ne le sait. Parfois une guerre de trop, à laquelle l’empire ne pouvait toutefois se soustraire, sauf à renoncer à son rôle impérial : passer en force et se heurter à des résistances de plus en plus vives, ou reculer après avoir tant gesticulé, et précipiter la fuite de vassaux ridiculisés par celui qu’ils croyaient leur protecteur, tel est le dilemme. Il arrive un moment où toutes les sorties de crise s’avèrent catastrophiques et se traduisent par une perte irréparable d’auctoritas, d’autant que l’Amérique n’est pas à l’abri d’une défaillance de ses armes : or, dans la situation où elle s’est placée, cela sera immédiatement « surinterprété » comme le signe d’une perte de contrôle.
[…]
N’en déplaise à nombre d’intellectuels en mal d’idées et de discours, le XXIe siècle politique va sans doute se faire attendre, comme ses prédécesseurs, avec une quinzaine d’années de retard sur le calendrier grégorien. En l’attendant, il n’y a pas d’autre choix pour les Européens que de fonder leur politique à venir sur une intuition, celle du déclin de la vieille Amérique. »

Jean-Philippe Immarigeon, « L’intuition du déclin », in Défense Nationale, avril 2003

Non (tamtam tamtam tamtam), rien de rien (tamtam tamtam tamtam), non je ne regrette rien...

Vidéo et texte complets du discours de George "Edith" Bush du 19 mars 2008 sur le site de la Maison Blanche.


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