Magazine Amérique latine

Origines de la population dominicaine

Publié le 15 janvier 2009 par Emilieh

Avant hier, Dans mes commentaires Chibani me posait une question sur les migrants originaires des pays d’Afrique du Nord.

En recherchant un peu, je suis arrivée sur une étude des migrants vers la République Dominicaine, qui est en fait vraiment variée :

- les espagnols : suite à la découverte de l’Ile par Christophe Colomb en décembre 1492.
Quelques années plus tard, au 18ème siècle, les colonisateurs ont amené des Espagnols des Iles Canaries. Ceux-ci ont fondé des villes, tant sur la côte Atlantique (comme Samana, Sabana de la Mar, Puerto Plata, Monte Cristi) que Caraïbes (Baní), puis dans les terres Neyba, San Juan.   
Ils ont développé des cultures telles que le café, le cacao et le tabac.


- Les esclaves noirs : amenés d’Afrique, qui ont apporté beaucoup au développement de l’ile, tant au niveau ethnique, économique et folklorique (alimentation notamment).

D’autres sont venus des Antilles Françaises à la fin du 18ème siècle, qui ont fondé des villes qui aujourd’hui sont des quartiers de Saint Domingue comme los Mina, Mandinga, Mendoza, Sabana Perdida, Villa Mella, el Guaricano, la Isabela, etc.

Puis sous Napoléon, d’autres ont été amenés pour la fondation de Samana (le Port Napoléon), alors enclave française.

Enfin, des esclaves libres (ceux qui avaient acheté leur liberté) amenés des Etats-Unis par le Président Haitien Boyer entre 1822-25, lors de la période d’occupation haïtienne et qui se sont établis à Samaná, Puerto Plata, Santo Domingo, Bayaguana, Monte Plata, entre autres.

Ils ont apporté de nouvelles habitudes alimentaires, comme le riz et le poisson sauce coco, (ou encore une recette là), la langue anglaise, l’éducation primaire, le protestantisme et aussi la sorcellerie et des danses. En se liant avec les noirs français, ils ont crée la première langue créole de l’ile, «le samané » qui est un mélange de mots français, espagnols, anglais et africains, que l’on peut parait-il encore trouver dans des zones rurales à l’est de Samana.


- Les cubains et portoricains : à partir de 1878. Les cubains ont fuit la guerre civile. Ils se sont établis d’abord à Puerto Plata puis à Saint Domingue. Ils étaient en général commerçants et ont apporté un savoir faire dans le travail du sucre et l’industrie du rhum, dont le fameux Brugal.


- Les noirs antillais (appelés les cocolos) : amenés à partir de 1880 pour le travail de la canne à sucre depuis les Petites Antilles. Les premiers sont venus de L’ile de Turcs. C’est d’ailleurs de leur origine qu’est venu leur surnom « les cocolos », prononçant mal le nom de leur Ile qui en espagnol se dit Tortola.  
Ils se sont installés à San Pedro de Macoris (il en reste encore beaucoup, notamment installés à Juan Dolio) et sont un des groupes ayant apporté de nombreuses choses à la culture dominicaine : croissance de la population, développement de l’industrie de la canne à sucre, églises protestantes, ses chants et cantiques, des plats que l’on mange toujours comme les domplins (sorte de quenelles), yaniqueque (pâte que l’on transforme en une fine galette et que l’on fait frire), conconetes (gâteaux à la noix de coco), le principe de l’assistance mutuelle, l’architecture de style victorien, les danses des guloyas (il va falloir que je prenne des photos au moment du carnaval !), le guavaberry (liqueur de fruits de myrte) (délicieux et parfait pour la digestion après un repas un peu lourd !), la franc maçonnerie et le baseball…


- Les haïtiens : pour le travail de la canne à sucre dans les années 1880. Cette immigration continue, que ce soit pour des périodes courtes ou définitives.

Par eux s’est aussi développée la croissance de la population, les rites vaudoux (dont le gaga qui se pratique énormément à San Pedro de Macoris en période de Pâques), la sorcellerie, les sorts, etc…

- Les arabes et turcs
 : principalement venus du Liban fuyant l’invasion turque contre les catholiques.
Le premier groupe est arrivé par la frontière haitienne en 1880 et se sont établis à Elias Piña, San Juan de la Maguana. Puis une autre vague est arrivée au début du 20ème siècle par San Pedro de Macoris et Puerto Plata.Ils ont amené le commerce de produits fantaisistes, la vente à crédit, de nouveaux produits alimentaires comme le yaourt, puis les aubergines farcies et les quipes.

Si vous rencontrez des personnes nommées Abinader, Wessin, Isa, Conde, Majluta, ce sont des dominicains ayant des origines arabes !


- Les juifs : venus depuis Curaçao. Ils se sont établis à Saint Domingue ou ils ont développé des commerces d’import export. Eux, ont apporté un savoir scientifique et culturel à l’ile.


- Les chinois: le premier groupe est arrivé au début du 20ème siècle à San Pedro de Macoris, ou ils ont tenu des pâtisseries, laveries et cultivé des légumes. Puis en 1949 est arrivée une seconde vague quand Mao Tse-Tung a pris le pouvoir. Ils ont ouvert des horlogeries, les services automobiles, supermarchés et motels.

Puis dans les années 70, quand les Etats-Unis ont arrêté les relations commerciales avec la Chine, beaucoup se sont nationalisés dominicains afin de pouvoir continuer à négocier avec ce pays.
Ils ont développé l’industrie hôtelière de San Pedro de Macoris, vendu comme Juan Dolio par les Tour Operateurs (Punta de Garza), les condominiums et les zones franches (dont San Pedro a longtemps vécu avant que la Chine n’exporte des produits bien moins chers).

De nos jours, les chinois travaillent, entre autre, dans la restauration rapide (Pica Pollo : spécialité de poulet frit) et la beauté : ongles en résine.
A vrai dire, ils ont un sacré tour de main, en 10 minutes vous ressortez de chez eux avec de nouvelles mains… impressionnant !


- Les japonais
 : Amenés par le dictateur Trujillo à partir de 1931 suite à un accord avec le gouvernement japonais pour travailler dans l’agriculture (riz et légumes) et augmenter la population de l’ile. Ils se sont installés à Constanza, Jarabacoa, Bonao et le long de la frontière.

Aujourd’hui, le pays exporte de nombreux légumes orientaux (concombres, aubergines, haricots longs comme mon bras !, etc…) vers les pays européens (France et Grande Bretagne).


- Les italiens : sont venus eux aussi pour l’industrie de la canne à sucre. Ils ont crée des industries énormes, dont la plus connue est celle des Vicini (les dominicains disent souvent que les Vicini sont les propriétaires du pays). La République Dominicaine a hérité de plus de cent patronymes d’origine italienne.


- les espagnols républicains : amenés par Trujillo en 1939 au moment de la guerre civile espagnole. Principalement installés à Saint Domingue, ils se sont répartis sur toute l’ile. Ils ont crée des écoles, l’Université de Saint Domingue, les arts (sculpture, musique, peinture). Ce sont eux qui ont favorisé la création d’un Ministère des Arts et des cultes.


- Les juifs allemands : amenés par Trujillo (n’allez pas croire que c’était un Saint, loin de là !) en 1941 depuis de nombreux pays d’Europe, dont l’Allemagne afin d’éviter la tuerie d’Hitler (c’est marrant quand on sait le nombre de personnes qu’à pu tuer ce Trujillo pour un oui ou un non). Etablis sur la côte Nord, du côté de Sosua, ils ont apporté un savoir faire dans la crémerie (fromages, yaourts), l’agro-industrie et l’architecture moderne qui a inspiré Trujillo pour la construction de bâtiments publics.


- Des agriculteurs espagnols : entre 1945 et 1957, par la volonté de Trujillo d’augmenter la population, développer l’agriculture, « dominicaniser » la frontière et « blanchir la race » (textuel). Ils sont installés dans le Cibao (cordillère centrale), dont nombre d’habitants sont effectivement blancs, parfois aux cheveux et yeux clairs.


- Les hongrois : toujours amenés par Trujillo. Ils ont été installés à Constanza, Duvergé et San Cristobal. A cause de leur mauvais comportement, bon nombre ont été déportés (tiens tiens, je me demande si mon conjoint, originaire de Duvergé, n’aurait pas du sang hongrois parfois moi… !!!)


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