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Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?

Publié le 15 novembre 2008 par Christophe Foraison
Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?Cette semaine fut éprouvante physiquement:
lundi en stage à Dijon (250 km), mercredi rebelote (250km) et jeudi en stage à Châlon (270 km).

Les objets de ces formations étaient très divers: les enjeux de l'orientation, les nouvelles pratiques d'évaluation des élèves et enfin le C2i (certification Informatique et internet).

Ce sont, à mon avis, des tendances qui ne vont que s'amplifier dans les années à venir.
J'en ai repéré trois principales: (vous le savez, il faut aller à l'essentiel: 2 / 3 idées fortes, pas de catalogue d'idées ^^)


- tendance 1: une volonté d'individualiser

Dans l'orientation, on cherche à mettre en avant l'individualisation des parcours; en pédagogie, la question de la diversité des élèves est très présente; enfin, les TIC sont un outil de plus en plus utilisé dans cette perspective (dites donc, durant le stage C2i, j'étais en position de stagiaire, hé bien, comme les élèves, je faisais un peu ce que j'avais envie de faire: écouter quelquefois le formateur -histoire de ne pas décrocher ^^- consulter mes mails, surfer etc...Ne le dites surtout pas, chuuut (lol))

Evidemment, de nouvelles questions surgissent: comment concilier la nécessaire reconnaissance de l'individu avec les exigences d'une vie collective ?
Jusqu'où faut-il déplacer le curseur : on fait éclater le groupe classe en individualisant les formations ou on garde le groupe-classe pour l'essentiel avec quelques aménagements ? C'est une des questions de la réforme des lycées.

Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?   rené magritte golconde



- tendance 2: le passage à une logique de compétences

Que ce soit pour l'élève ou l'enseignant, il s'agit de donner davantage de sens aux savoirs, d'améliorer la capacité réflexive sur ses pratiques.

Le métier d'enseignant ne consiste pas seulement à dispenser des connaissances qui permettront d'obtenir des diplômes, il doit se poser la question permanente du degré d'appropriation de ce qu'il a dispensé. Pour simplifier, il ne doit pas seulement être un sélectionneur, mais un entraîneur qui met en place les conditions pour que les joueurs s'améliorent.

Il me semble qu'à l'avenir, l'enseignant doit être en tension entre une maîtrise de plus en plus pointue de ces contenus et méthodes (quels savoirs enseigner ? Comment les enseigner ? Devenir un véritable professionnel de l'enseignement) et d'autre part, il reste un éducateur: donner du sens aux activités, avoir une certaine posture éducative.

Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?   Le Chat de Philippe Geluck


Pour les enseignants, deux questions vont se poser:

- sommes-nous d'accord avec les objectifs européens (et français) qui visent à élever considérablement le niveau de formation des élèves ?
Pour ma part, j'y souscris pleinement, rejettant une approche malthusienne et élitiste de l'école. 
Le livre d'Eric Maurin montre clairement les aspects positifs de cette élévation du niveau de formation voir ce site.

Dans le Nouvel Obs de cette semaine, page 18: "Pour savoir si l'obtention d'un diplôme a constitué ou non un atout pour la génération qui ont bénéficié d'un accès beaucou plus large que par le passé à l'enseignement supérieur, à savoir celles nées entre 1964 et 1976, il faut observer le devenir de l'ensemble de ces classes d'âges et non isoler celui des seuls diplômés. On observe alors que l'allongement des études a coincidé avec une baisse très claire du chômage à l'entrée de la vie active (Eric Maurin)
La leçon à tirer de ces observations, c'est qu'il faut accélérer cette démocratisation; il y a encore beaucoup trop de sélection déguisée: redoublements, classes de niveau, jeu des options, inégalités entre établissements. Un jeune sur cinq sort de l'école sans diplôme !"


- si on souscrit à cet objectif, se pose alors une autre question: "comment ne pas distribuer de la "fausse monnaie" ?
Autrement dit, si élever le niveau de formation consiste soit à ne rien changer par rapport au système actuel (le % d'une classe d'âge qui obtient un bac général n'a que peu évolué depuis 20 ans, la massification du lycée s'explique surtout par la création de nouveaux bacs), soit à renoncer à l'essentiel de nos exigences (et donc aligner tout le monde vers le bas), alors rien ne changera, on ne fera que déplacer le problème.

Que faire ?

point 1: Il s'agit de faire acquérir des compétences aux élèves qui leur permettront de comprendre le monde, de pouvoir construire un parcours scolaire et professionnel (donc ne pas renoncer aux exigences intellectuelles)

point 2: tout en sachant que ces élèves ne sont pas comme j'aimerais qu'ils soient . Les élèves rêvés ? ils ont déjà acquis toutes les compétences de base, ils écoutent et comprennent spontanément, ils sont motivés et passionnés par ce que je dis... les discours traditionnels des enseignants consistent à dire qu'il y un écart entre ce que j'enseigne aux élèves et le retour qu'ils me renvoient )

point 3:  Pourtant, en étant enseignant, je suis convaincu que beaucoup de personnes ont des capacités et peuvent "'s'élever".

Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?   l'école buissonnière film de JP le Chanois (mon film sur l'école ^^)

Donc, j'observe, je discute, j'échange... et je m'aperçois que:

   a / beaucoup d'élèves ont des compétences que je n'avais pas soupçonnées (si j'en reste à une évaluation trop formelle)

   b / beaucoup d'élèves ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux. Comme il faut donner une réponse, alors ils en donnent une, aussi absurde soit-elle.
Cela m'interpelle: ma question est-elle bien posée ? Les ai-je préparer à ce type de raisonnement ? A quel moment ont-ils décroché ?
En seconde, par exemple, j'ai rendu un contrôle très moyen, qui était à mon sens en dessous des capacités de la majorité des élèves. Il a fallu que je réexplique ce que j'attendais d'eux (sans donner la réponse évidemment): des raisonnements qui mettent en relation le cours et les documents. Comme je n'évaluais pas leur capacité à mémoriser, je les autorise à bénéficier du cours pour aller piocher des outils, grilles d'analyse permettant d'analyser un fait nouveau (jamais vu en cours).
Résultat: la moyenne de classe est passée de 10 / 20 à 12.5 / 20 uniquement parce que j'ai éclairci mes attentes !

Voici un schéma sur la motivation dans l'apprentissage (source Guitef)

Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?


   c / beaucoup d'élèves en difficulté ont besoin d'être accompagnés durant un certain temps.


Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?


- enfin tendance 3: la responsabilisation des acteurs et des institutions.

Faire des choix, les assumer et innover. Faire des choix implique des compétences en matière de recherche de l'information, accepter la confrontation avec autrui (ceux qui ne font pas les mêmes choix) et prendre des risques (apprendre à renoncer - en économie, c'est le concept de coût d'opportunité).
On peut proposer aux élèves des situations d'apprentissage dans lesquelles ils peuvent faire des choix et les justifier.
On peut alors élaborer une synthèse collective de tous les choix possibles (ce qui permet de montrer la diversité des choix et des contraintes/ opportunités qui pèsent sur chaque alternative). Je trouve que c'est très formateur.

Je me forme...je m'informe...je suis en forme !?

Nous avons tendance à attendre que la solution vienne d'en haut, des autres (du professeur, du recteur, du ministre, des parents, de la société...).
J'aime beaucoup cette citation de Gandhi: "si tu veux changer le monde, sois le changement" ^^.
Là encore, des questions politiques se posent: jusqu'où placer le curseur ? On pense évidemment à la question de l'autonomie de l'établissement...



Alors ? So what ?
Ecoutez moi cela...Ce morceau me fait toujours le même effet depuis 25 ans...



Découvrez Miles Davis!



PS: j'ai été heureux de rencontrer en stage C2i une collègue blogueuse, Christelle Membrey, je suis un lecteur régulier de son excellent blog et très admiratif de son travail.

PS: jeudi, vendredi et samedi, je me rends au colloque sur les journées de l'économie à Lyon... C'est reparti, très excitant

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