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Comment épargner cette année ? / par Alain Sueur

Publié le 24 janvier 2009 par Argoul

Lorsque la confiance n’est pas là, aucun placement n’est intéressant. Même l’or métal – valeur refuge traditionnelle – ne rapporte rien : non seulement son cours bouge à peine, mais il est surtout indexé sur le cours du dollar et il coûte à conserver. L’épargne, cette année, se fera non pas en positif, en regardant le rendement, mais en négatif : où perdre le moins en attendant la suite.

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Le monétaire est roi, « cash is king » comme disent les anglo-saxons. Livrets, bons du Trésor, dépôts à terme, fonds monétaires – tout est bon pour patienter, même si les taux de rémunération se divisent par deux. La sécurité n’a pas de prix : autant rater 2% de rendement que de perdre 20% sur un placement non monétaire !

Conseil monétaire : restez donc à 80% en cash pour attendre les opportunités.

Les actions ont beaucoup baissé, mais l’économie qui les soutient est bien mal en point. La récession est là dans les pays développés et la croissance des pays émergents est divisée par deux. Rien d’étonnant à ce que les marchés s’ajustent – attention donc à l’illusion des pourcentages : ce n’est pas parce qu’une valeur (en général industrielle, en général sur un marché très concurrentiel) a baissé de 80% par rapport à son plus haut qu’elle est bon marché à l’achat. Tout dépend des perspectives, les globales sur l’économie et les particulières sur la société. Ce pourquoi les entreprises pharmaceutiques, portés par le vieillissement général,  se tiennent mieux dans les marchés actuels que l’automobile, confrontée à un changement de modèle énergétique. Il faut retenir aussi que les investisseurs anticipent – pas les analystes, qui ne font que suivre les données. C’est pourquoi il faut s’attendre à des baisses de résultats, des baisses de dividendes et des baisses de fusions & acquisitions – en bref tout ce qui anime un marché en ouvrant des perspectives nouvelles. L’année 2009 sera atone et morose en actions. Elles ne se réveilleront qu’avec l’anticipation du rebond économique, que l’on traquera dans les statistiques américaines du chômage et de la consommation. Peut-être en fin d’année si les plans de soutien au système financier et immobilier, et les aides aux industries clés réussissent. La Fed a baissé ses taux comme il convient et prend en pension des titres plus risqués, ce qui crée du crédit ; le Budget est plutôt favorable avec 1/3 en faveur de la consommation modeste et 2/3 en faveur des investissements publics. Il est donc possible que l’économie américaine reparte en 2010, ce que les actions anticiperont de 6 mois.

Conseil actions : choisir plutôt américain, grandes valeurs, industries d’avenir. Certaines cycliques allemandes et françaises sont à regarder. Et attendre le creux d’été ou d’automne prochain, lorsque les cours seront peut-être aussi bas qu’en octobre dernier. Viser le long terme (5 ans au moins) – sinon, s’abstenir.

Les obligations seraient tentantes… si les taux n’étaient déjà au plus bas. Ils ne peuvent que remonter à terme, ce qui est mauvais pour le capital obligataire. S’ils remontent, c’est que l’inflation repart, ce qui est mauvais pour le rendement obligataire. L’arbitrage se fera en faveur des actions, ce qui est mauvais pour la liquidité obligataire. Les obligations convertibles en actions seraient une tentation si les emprunts étaient liquides, ce qui rarement le cas en ce moment. Les obligations classiques du secteur privé peuvent offrir de réelles opportunités si les sociétés émettrices sont solides, dans un secteur d’avenir – mais pourquoi ne pas préférer en ce cas leurs actions lorsque le moment sera venu ? La prime de risque actuellement payée ne durera pas si l’économie repart, ce qui sera mauvais pour les cours desdites obligations.

Conseil obligations : évitez – sauf si vous gardez l’emprunt jusqu’à son terme pour profiter de son coupon. En ce cas, préférez les emprunts très liquides des grands États solvables (États-Unis, Allemagne, France), attention au dollar si vous achetez américain. Un rendement légèrement inférieur pourra profiter au capital à terme si l’inflation revient avec la reprise : les OATi en France sont un placement de ce type.

Assurance-vie et OPCVM ne sont que des emballages cadeau pour les trois formes de placement d’épargne ci-dessus. Avec le risque discrétionnaire du gérant et celui de la politique commerciale : qu’en sera-t-il du rendement 2009 des assureurs ? qu’en est-il des placements « divers » des OPCVM, dont Madoff a montré qu’ils pouvaient ne pas être anodins ?

Quant à l’immobilier, il a toujours une inertie due aux délais de réalisation, soit en construction, soit en transactions sur l’ancien. Les prix suivant avec 6 à 12 mois de retard le trend économique : on n’a donc pas fini de voir l’immobilier baisser. Peut-être l’automne 2009 verra-t-il le point bas des appartements du bord de mer qui ont fleuri comme des champignons en Floride ces dernières années ? Peut-être la fin 2010 verra-t-elle les appartements dans les quartiers moyens de Paris redevenir abordable ? Le bien conçu bien placé baissera peu, seul le nombre de transactions s’effondre – sauf si la crise s’aggrave et dure longtemps, mais nous n’en sommes pas encore là.

Alain Sueur, auteur des “Outils de la stratégie boursière ” et rédac chef du Blog Boursier écrit régulièrement sur Fugues.


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