J’ai vu récemment sur Facebook, cette pub pour le site de rencontre de Meetic, avec, juste en dessous, cet autre encart qui a l'air de la compléter. On dirait une aide pour calculer le prix que coûterait une rencontre avec l'une des célibataires évoquées. Ça vaut peut être le coup d’emprunter, je ne sais pas ? Tout dépend de ce qu’on compte faire avec la jeune femme : menu dégustation chez Robuchon ou dîner Pizza Pino sur les Champs, avec buffet et carpaccio à volonté ? Week-end à Ibiza ou soirée au Formule 1 de Chambray-lès-Tours ? Mais si ça se trouve, c’est un avertissement subliminal (sans frais) sur la qualité des soupirs qu'on risque d'entendre si l'affaire est conclue. Dans les deux cas, on est prévenu... La drague sur Internet, c'est simple comme bonjour, finalement : je choisis, je clique, je simule.
Malheureusement pour les annonceurs, ici, il faut tout rédiger soi-même, à la mano. On assiste donc à un festival de fautes d’orthographe. S'il était mort, Pivot s'en retournerait dans sa tombe (il a un nom prédestiné pour ça, faut dire).
Je vous montre celle-là au hasard, mais il y en a des tonnes d'autres. Avec de tels béotiens aux commandes, vos perspectives de gains sont en de bonnes mains, surtout quand il s'agira de remplir les chèques. Là, en revanche, j’ai cru que c’était encore une faute d’orthographe, et qu’on avait oublié d’accorder l’adjectif. Eh bien, pas du tout: c'est bien un pouf et non pas une... Sapristi ! J''ai été à deux doigts de commettre une erreur grossière et malpolie. Dans la série attrape-nigaud, il y a aussi les casinos en ligne. Vous savez, ceux qui vous balancent des spams à n’en plus finir, avec des fautes d’orthographe que même nous, en le faisant exprès, on n'y arriverait pas. Eh bien nos amis sont aussi sur Facebook. Et comme il faut tout faire soi-même, ce que je précise plus haut, ils ont dû s’y coller et écrire l’argument publicitaire. Rien que de savoir qu’ils ont réfléchi pendant au moins un quart d’heure pour taper les trois lignes en question, et transpirer deux litres d’eau distillée pour écrire en français (là, c’est pas franchement une réussite…), je m’estime vengé pour les kilos de spams reçus depuis des années. Mais je ne suis pas arrêté là: j’ai cliqué comme un malade dessus, histoire de leur faire payer le maximum de “coût au clic” (c’est le principe de ces pubs) pour rien. Aaaah, ça fait un bien fou ! Au bas mot, ça a dû leur coûter au moins 3,50 €. Plus les taxes. Bon, mais c'est vrai qu'il ne les payent pas. La vengeance est un plat bon marché qui se mange froid.Pour finir, je suis allé voir à l’intérieur. Ça brille, ça clignote, c'est plein de couleurs, on dirait le sapin de Noël de Bernie Madoff, juste avant que le FBI ne sonne à sa porte pour lui vendre son calendrier... En gros, on vous explique que grâce à une martingale bête comme chou, on peut gagner des mille et des cents. A se demander pourquoi ils nous la proposent, si elle marche si bien.
Bon, mais quand on consulte le message en bas du site, on tombe sur le message ci-contre. Grosso modo, ces messieurs-dames vous expliquent piteusement qu’il ne faut pas prendre les gains annoncés à la lettre : l’internet, c’est compliqué, ça change tout le temps, ma bonne dame. Et qu’en plus, on ne peut s’engager sur rien car qui nous dit que vous suivrez la méthode indiquée, bande de sales tricheurs ? C'est vrai, quoi, si vous avalez tout ce qu'on vous raconte, et si en plus vous misez comme des brêles, comment voulez-vous espérer gagner quoi que soit ? Mais il faut dire que même les annonceurs sérieux s’y entendent aussi pour essayer de nous rouler dans la farine. Comme Télé 2, ici. Alors si je fais le compte, ce portable ne me coûte rien, on me donne 100€, plus des enceintes et un album de Christophe Mahé. Le beurre, l'argent du beurre, et une sieste crapuleuse avec la crémière... J’hésite, là, honnêtement. Mais il y a une petite astérisque qui m’inquiète un peu. Ça doit être le même genre d'avertissement que celui de nos casinotiers virtuels basé aux îles Caïmans. Enfin, dans le genre vexant, la pub ciblée ne fait pas dans la dentelle. Voilà ce qu’il en coûte de laisser exploiter ses données personnelles, comme son âge, son sexe ou sa situation amoureuse. Je ne vais pas tarder à avoir des pubs pour un abonnement d’un an à Pleine Vie. Ou pour une croisière Costa, histoire de me remettre de ma fracture du col du fémur. Faudra peut-être que je gagne au casino virtuel pour me la payer. Ou que je me trouve un prêt. Vite, une simulation.