Magazine Journal intime

Mannequin brésilien: Morte d'une infection urinaire

Par Docrica

Parmi les posts repérés de la rédaction se trouvait la reprise de Cendryne, "Brésil: amputée des mains et des pieds , un mannequin décède..."

Mariana Bridi


Cette jeune femme, selon LCI, serait tombé malade le 30 décembre, les médecins brésiliens auraient diagnostiqué des calculs rénaux, au lieu d'une infection urinaire (sic), et deux jours plus tard, "l'infection aurait atteint les extrémités", ce qui aurait entrainer la nécessité d'une amputation des mains et des pieds. Elle est morte hier matin, samedi 24 janvier des suites d'une infection généralisé.

En dehors du coté voyeur,insolite, gore,horrible, dramatique sur fond d'erreur médicale: "une jeune mannequin de 21 ans est amputée des mains et des pieds" (Ils ont pas les photos, tant qu'à y être ? ), on peut réfléchir, et se poser quelques questions.

D'abord, le diagnostic de "calcul des reins" n'est pas incompatible avec infection urinaire.

Non seulement il est possible, qu'un calcul rénal (une lithiase rénale) se complique d'une infection rénale (une pyélonéphrite), mais c'est une complication de la lithiase rénale qu'on redoute et qu'on cherche.

Si parmi vous, certains ont déja eu des "coliques néphrétiques" (une crise douloureuse lié à la migration et /ou au blocage d'un calcul rénal), ils se souviennent certainement (c'est extrèmement douloureux... on s'en rappelle) que lors de la prise en charge, outre l'échographie, ils ont certainement eu une analyse d'urine (qui justement sert à rechercher la surinfection et aide au diagnostic).

Si la crise ne fut pas "frénétique" (jeu de mot souvent utilisé dans le milieu, tant les symptômes sont bruyants lorsque la crise arrive, la patient ne tenant pas en place. Il est d'ailleurs souvent fait un rapprochement entre intensité des douleurs de la colique néphrétique et celle de l'accouchement par voie naturelle sans anesthésie), la suite du traitement s'est probablement passée à la maison avec comme consigne : surveiller votre température, et l'émission du calcul dans les urines. (On demande parfois au patient de tamiser ces urines, de pisser à travers une passoire, pour récupérer le calcul pour analyse).

Le but de cette surveillance de température étant de ... détecter une surinfection.

C'est une conduite médicale de base. Bien évidemment, je n'ai pas eu accès au dossier médical de cette dame, mais j'ai du mal à croire que ce "minimum" diagnostic n'ai pas été fait (que ce soit au brésil ou ailleurs...).

Soit donc, il y avait infection urinaire sur cette analyse d'urine initiale, et le traitement consistait à tout simplement mettre sous antibiotiques, soit elle n'y était pas (ce qui est le cas dans un grand nombre de cas), et le traitement consistait à tenter de faire "passer le calcul" (à le faire pisser par la patiente) en calmant la douleur.

On peut imaginer une erreur médicale (ou plutôt une faute grave) : l'infection est bien présente dès le début, mais le toubib étant trop préoccupé à reluquer les seins de l'infirmière penché sur le mannequin, n'a pas pensé à regarder l'analyse. Mouhais. Pourquoi pas....

Dans le cas contraire, on tombe malheureusement dans du banal potentiellement mortel en médecine: les aléas de l'évolution d'une maladie.

Avant de mourir d'une septicémie qui ferait suite à une péritonite qui ferait suite à une appendicite, il faut un certain "temps". Parfois certes, très rapide, quelques heures. Parfois ça guérit tout seul, et on ne saura même pas qu'il y a eu une "inflammation de l'appendice", on aura eu qu'un vague "mal au ventre".

C'est vrai pour toutes (ou presque) les pathologies infectieuses, y compris l'angine, ou l'otite, infection banale, qu'on voit des milliers de fois par jour rien qu'en France.

A l'extrème, c'est caricatural, (mais bien réel ! ), une piqÜre de moustique négligée peut se surinfecter, se transformer en erysipèle (une infection sous-cutanée) puis en septicémie, puis en choc sceptique et aboutir à la mort du patient, de l'exacte même manière que cette pauvre mannequin.

Tout reposant sur le bon "timing". Vu trop tôt, la même douleur abdominale qui deviendra quelques temps plus tard une péritonite appendiculaire mortelle, ne sera diagnostiqué que "colite". Alors qu'elle aurait été vu quelques heures (jours ?) plus tard, les signes de gravité auraient été présent et auraient alarmés le soignant.

C'est particulièrement dramatique pour les pathologies à évolution très rapide, telle les méningites bactériennes de l'enfant. On peut n'avoir, au tout début, qu'une simple rhino "grippale" avec mal de tête (comme j'en vois , actuellement, en pleine épidémie, des DIZAINES par jour). Quelques minutes (ou 1-2h) après, l'état général s'altère, les vomissements apparraissent, la raideur de la nuque est au premier plan, et le temps d'envoyer le patient à l'hopital, l'infection s'est généralisé au cerveau, et le patient meurt.

Y a t il une solution à cela ? Je n'en vois pas si ce n'est le bon sens (la surveillance)  et une communication adapté de la part des médecins à leur patients.

On attend une "certaine évolution" (qui n'est pas précise car chacun "évolue sa maladie" différemment), et tout écart trop important par rapport à cette évolution "attendue", nécessite de reconsulter afin de s'assurer que de nouveaux signes (maladie qui se précise ? Complication de la maladie diagnostiqué au préalable ? Résistance à un traitement institué ?).

Au niveau de ma pratique, je m'efforce le plus souvent possible de décrire au patient ce qu'on attend de l'évolution de sa maladie en cours et lui demande de reconsulter si tel ou tel signe apparaît. Le problème majeur étant là encore, le temps, il faut du temps pour expliquer tout ceci, et pas qu'un peu... car "tout" peut evoluer en "tout"... Quand, de par le nombre de patients demandeurs dans la journée en période d'épidémie, il nous reste que moins de 15 minutes pour recevoir, diagnostiquer, instituer un traitement, expliquer, et raccompagner le patient... Ça laisse peu de temps pour rentrer dans les "détails".

Pour en savoir plus :

- Lithiase rénale (calcul du rein) sur wikipédia

- Colique néphrétique sur doctissimo

- Pyélonéphrite (infection du rein) sur wikipédia

- Septicémie (infection "généralisée" dans le sang) sur wikipédia

- Choc septique (état infectieux grave , souvent mortel) sur wikipédia


(Sources: LCI, LePost)

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