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Don de soi

Publié le 25 janvier 2009 par Malesherbes
Samedi matin 24 janvier, la page d’accueil de Yahoo affichait, entre autres nouvelles : « Sarkozy donne 600 millions à la Presse ». Le rédacteur de ce titre ronflant péchait ainsi deux fois. Il se montrait tout d’abord un adepte de la parole performative, dont je parlais dans mon dernier billet, « Magie noire». En effet, contrairement à ce qu’il affirmait, la presse n’a rien reçu. Notre Président a simplement annoncé son intention d’aider la presse et l’expérience nous a amplement démontré qu’avec lui, il ne fallait pas confondre intention, si tant est qu’elle y fut, et réalisation. Souvenez-vous du « travailler plus pour gagner plus » ou du « j’irai chercher la croissance avec les dents ». Comme l’a dit le premier au deuxième siècle de notre ère l’auteur romain Aulu-Gelle, avant d’être repris par Alfred de Musset, « il y a loin de la coupe aux lèvres ».
Ensuite, et peut-être plus grave, cet auteur maladroit de Yahoo s’exprimait comme si notre Président utilisait pour quelque bonne œuvre ses propres deniers si durement gagnés. En fait, si un jour cette aide est distribuée, notre Président n’aura rien donné.
Monsieur Sarkozy ne donne rien, il prend. Souvenez-vous encore : une virée inaugurale entre potes au Fouquet’s, une croisière en famille en Méditerranée, une augmentation de salaire pharaonique, une visite de maman chez Sa Sainteté le Pape, le constant big-bang du budget de l’Elysée, un séjour du fiston aux Jeux Olympiques de Pékin, un nouvel avion pour faire la nique à ses collègues étrangers, et j’en passe ! Je rêve du jour où un organe de presse osera orner ce genre d’information d’une citation extraite du discours prononcé le 10 avril 2007 à Tours dans lequel le candidat Sarkozy exposait sa conception du rôle de président, que l’on peut résumer d’une expression : « le don de soi ».
Quand de l’argent public est dépensé, il l’est par l’Etat. Et l’Etat, ce n’est pas Lui. L’Etat, ce fut Louis XIV et voici bientôt trois siècles qu’il est mort. L’Etat, c’est nous, le peuple. C’est précisément le régime que les Grecs ont inventé il y a quelque vingt-cinq siècles, la démocratie, le gouvernement exercé par le peuple, pas sur le peuple. Ce régime que notre Président s’emploie à miner en muselant la justice et faisant taire le Parlement. Quand on est épris comme lui d’Histoire, il serait utile de l’étudier un peu sérieusement. Voilà de quoi occuper ses innombrables heures de voyage.

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