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Quand la visite du Président de la République laisse des traces

Publié le 26 janvier 2009 par Gezale
Bonjour, pour ceux qui ne sont pas encore au courant, notre cher président est venu nous rendre visite à Saint-Lô. Je faisais partie des enseignants qui ont profité de sa venue pour lui signifier notre désaccord quant à la suppression des RASED. Les intentions des manifestants étaient pour le moins pacifiques mais celles de M. Sarkozy un peu moins. Ce qui s'est passé ce lundi est tout simplement scandaleux . Je vous transmets une lettre écrite par une collègue également présente lundi et qui résume bien la situation. Libre à vous de la lire ou non. Je confirme que tout ce qui est dit dans ce courrier est vrai, j'y ai moi-même assisté et je peux vous dire que la lacrymo, ça pique! Petit détail manquant dans la lettre : les médias accusent les manifestants d'avoir cassé une vitrine. Ce sont, en fait, les CRS qui l'ont cassée en voulant frapper un jeune lycéen. Voilà, bonne lecture.
Julien
Bonjour à tous
Je tenais à vous signaler plusieurs faits alarmants dont vous devez déjà être au courant. J'ai bien reçu la lettre de l'enseignante de l'école Calmette et Guérin.....Et beaucoup d'autres personnes aussi, car elle a déjà eu des soucis suite à ses écrits. Il serait bon de s'assurer que ces suites ne la desservent pas si cela n'est pas déjà fait ! D'autre part, les enfants de la classe «choisie» pour recevoir la visite de M. Sarkozy ont eu depuis une semaine les visites du préfet, de la police, etc. On leur a demandé d'apprendre à se lever convenablement en posant la main droite sur leur bureau... Et en disant « Bonjour M. le Président ». Un membre de ma famille fait partie de cette classe... De plus, comme vous le stipulait la lettre de l'enseignante, des travaux demandés depuis des mois ont été réalisés très rapidement en une semaine...Mais uniquement sur le « chemin » très balisé de M. le Président. Ma sœur, dont l'enfant était scolarisé dans cette école, n'a pas pu se mettre derrière la barrière de l'école pour l'arrivée du président. Elle a été bloquée en bas de l'immeuble attenant à l'école et n'a pas pu faire trois pas vers l'école.
Elle a aussi voulu faire descendre une banderole, avec les habitants du quartier et parents d'élèves le long de l'immeuble et les CRS ont demandé à une voisine quelques étages plus bas de la couper !
De plus, la commissaire de police est venue saisir violemment ma sœur par le bras, pour l'empêcher de siffler ! Ce dernier avait ordonné de ne pas voir de manifestants sur son chemin ! Arrivés à 8 h 30, nous nous sommes dirigés vers le boulevard de la Marne où nous attendaient CRS, gendarmes mobiles bottés et casqués et camion anti-émeutes ! Impossibilité de passer alors que des accords avaient été conclus avec la préfecture sur le déroulement de la journée et tout a été systématiquement bafoué : 500 CRS ! A défaut de nous voir, il nous a entendus. Je tenais à signaler l'aspect très violent des forces de l'ordre, qui affichent partout au sein de leurs locaux qu'ils sont présents afin d'assurer notre sécurité avant tout. En effet, place de la Licorne, une personne âgée a été bousculée par les CRS sous les yeux de lycéens qui se sont empressés de la secourir. Les CRS sont passés en bousculant tout le monde, y compris femmes et enfants, alors qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter et aucune manifestation de violence, sauf la leur. Un enseignant qui parlait avec les lycéens afin de les calmer face à l'agressivité des CRS s'est fait matraquer en se retournant. Tout mouvement d'une personne étant considéré comme dangereux.
Je suis sidérée, choquée ! Jamais auparavant, je n'ai assisté à une telle vague d'extrémisme. C'est très important que nos jeunes, qui sont restés calmes et respectueux, aient été présents. Témoins. Vous rendez vous compte que deux d'entre eux se sont faits mettre à terre, puis embarquer au commissariat de police alors qu'ils n'avaient rien fait. Tout cela est très inquiétant et nous constatons, encore une fois, que M. le président fait ce qu'il veut. La mobilisation doit être très importante et au sein de tous les corps de métiers. Nous nous devons de protéger nos enfants de cette montée en puissance de la «dictature» sarkozienne.
Et lorsque le peuple est dans la rue, M. le Président peut mettre 500 CRS pour l'empêcher de manifester, il est là et manifeste. C'est un de nos droits qui a été bafoué hier ! Comme beaucoup d'autres actuellement ! Y compris le droit à l'éducation pour nos enfants ! Je signale, pour en terminer avec ce courrier, que des groupes ont été constitués sur le net, afin de repérer les personnes «dérangeantes» pour le gouvernement et surveiller leurs conversations et mails. Les derniers mots du président lors de son discours à Saint-Lô ont été : « N'ayez pas peur du changement, n'ayez pas peur de la crise, n'ayez pas peur de l'avenir ».
Commentaires de M. Digard dans le Ouest-France du 13 janvier : « C'était un honneur pour la ville d'accueillir le premier personnage de l'état. Mais c'est de la très haute tension. Quant aux manifestations, je reconnais que l'on puisse ne pas être d'accord et l'exprimer, mais dans le respect de la fonction incarnée par le président de la république ».
Nous sommes restés respectueux, mais notre droit à la manifestation n'a pas été respecté ! Nous voulons une égalité dans l'enseignement et les moyens nécessaires afin d'atteindre les objectifs espérés… Combien a coûté ce déplacement de M. Sarkozy ? Quant au déploiement des forces de l'ordre. Cet argent dépensé pourrait aider tant d'écoles, de collèges et lycées. Voilà ce que je tenais à écrire après être allée manifester hier ! Nous sommes beaucoup à être en état de choc. Je diffuse ce mail à tout mon carnet d'adresses, ainsi que les vôtres car tous ces faits sont des atteintes à la liberté et aux droits de l'homme !
Isabelle Legravey

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