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Quotidiens romands: la casse arrive

Publié le 27 janvier 2009 par Kalvin Whiteoak

On le savait déjà compte tenu des mesures prises par Publigroupe, les recettes publicitaires pour l’année 2009 allaient rester bien en deça de celles de 2008. On entendait à gauche et à droite des bruits de couloirs, mais ces derniers se confirment. A la source même.

Car de fait, il n’y pas plus bavard qu’un journaliste. Et surtout lorsqu’il se trouve en déplacement à l’étranger en bande avec ses petits collègues, comme dans une sorte de course d’école revisitée. C’est ainsi qu’il suffisait hier de prêter une oreille attentive aux discussions des dignes représentants de la presse sportive romande dans un avion qui les ramenait de Cortina d’Ampezzo pour avoir la certitude que l’année 2009 allait être sanglante pour la presse écrite romande et singulièrement pour certains de ses titres-phares (on ne parle pas ici de qualité).

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Pour la Liberté, le Matin, les publications Edipresse et le trop fameux 20 Minutes, les estimations les plus prudentes de baisse du chiffre d’affaires de la publicité évoquent un chiffre se situant entre 25 et 35 % du chiffre d’affaires publicitaire. En gros, il faut imaginer faire tourner la baraque avec un tiers de recettes en moins et des dépenses en plus. Impossible à long terme, même avec des reins solides.

Et c’est ainsi que le brave correspondant de presse (sportive notamment) se voit attribuer de nouveaux rôles. Comme dans le milieu de la télévision par exemple, on va non seulement lui demander d’écrire, mais aussi d’illustrer lui-même.

Le Matin par exemple a décidé de n’envoyer aucun photographe professionnel aux prochains Championnats du Monde de ski de Val d’Isère dans une semaine, la faute au budget. D’autres le suivent sur cette même voie, préférant aux coûteux déplacements l’achat de clichés auprès des grandes agences de presse internationales.

24 Heures de son côté paye certains de ses journalistes de la locale ou plutôt de la bientôt défunte régionale pour faire acte de présence pur et simple à certaines manifestations d’information, étant précisé qu’il leur est clairement demandé de ne rien écrire sur l’évènement qu’ils ont couvert car les lignes qu’ils pourraient rédiger ne passeront pas.

Quand ce ne sont pas des secrétaires de rédaction aux ciseaux vengeurs qui dénaturent complètement ce que des correspondants de longue date ont rédigé pour n’en laisser subsister que trois lignes.

Les analyses de la crise sont diverses, mais se rejoignent toutes sur un point: ce ne serait pas la faute à la presse écrite mais une conséquence directe de la crise à imputer aux banques exclusivement et à leurs fantaisies. Pas vraiment d’autocritique, mais une propension à mettre la faute sur autrui ou autre chose.

S’il est navrant que ce genre de situation se produise lorsqu’on défend une certaine idée de l’information et de ce que la pluralité des titres peut apporter en terme de mantien de la liberté de la presse, force est de constater que dans cette galère seuls ceux qui feront preuve de vraie qualité survivront.

Et ce sont ceux-là aussi qui n’auront pas misé sur des stupides gratuits sans valeur ajoutée qui se retrouvent devenir des gouffres à millions mais sur une ligne de conduite éditoriale privilégiant la qualité et reléguant au second plan le people imbécile et le caniveau permanent.  Le salut passe par l’interactivité entre internet et le support papier, ainsi surtout que sur une qualité sans cesse améliorée. Mais pour cela il faut avoir non seulement l’argent mais aussi les forces vives …

Et ceci sans tomber non plus dans les travers du nouveau site internet du Temps et de son modèle économique étrange et par trop restrictif en l’état en terme d’accès non payant.

La presse romande n’a pas fini sa mue forcée. Espérons que cette mue ne s’accompagnera pas trop de licenciements et de coup de couteaux dans le dos. Car ce petit monde n’est pas tendre sous ses airs parfois angéliques.


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